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DE QUOI LE « VINTAGE » (ET LA BARBE) SONT-ILS LE NOM?



DE QUOI LE « VINTAGE » (ET LA BARBE) SONT-ILS LE NOM?

Plus qu’une simple tendance, c’est devenu quasiment une « obligation »: à Baselworld on pouvait compter sur les doigts d’une main les marques qui ne présentaient pas de modèle « vintage »! Ou plus exactement « néo-vintage ». On exagère? A peine.

V

ous voulez un aperçu: Rolex Sea-Dweller, Rolex Cosmograph Daytona, Omega Trilogie 1957, TAG Heuer Autavia, Longines Heritage 1945, Tudor Heritage Black Bay, Hamilton Chronograph B, Pilot de Zenith, Seiko First Diver 1965, Bell & Ross Vintage Br V2-94, Blancpain Tribute to Fifty Fathoms, Laco Vintage Fliegeruhr Erbstück, Locman 1960, Michel Herbelin Inspiration 1947, Oris Diver Sixty-Five…

Et on en passe, on en passe beaucoup de ces montres-anniversaire, de ces rééditions, de ces inspirations, de ces hommages, des ces tributs rendus à un passé mythifié. Mais de quoi donc cette immense vogue « vintage » est-elle le nom? Que signifie-t-elle? Que nous dit-elle sur notre propre époque?

La question ne date pas d’aujourd’hui. Mais la plus récente vague d’engouement pour le « rétro » s’est manifestée dès le tournant du siècle déjà et, logiquement, concerne en grande partie les nouvelles générations, les fameux « millenials » et autres « hipsters ». A ce propos, on peut se permettre de dresser des comparaisons entre la vogue du vintage et celle du port de la barbe.

Dans un récent ouvrage Of Beards and Men – The Revealing History of Facial Hair (University of Chicago Press), le chercheur Christopher Oldstone Moore explique que la vogue de la barbe touche principalement des hommes urbains, déconnectés de la nature, travaillant devant des ordinateurs et qui se posent la question de leur propre masculinité naturelle. « Nous allons donc nous habiller comme si nous vivions en pleine nature occupés à couper des arbres et nous allons nous faire pousser de belles longues barbes. C’est une façon, ne serait-ce que symbolique, de se relier à la nature et à sa propre masculinité. »

Le vintage joue un rôle symbolique comparable à celui de la barbe. Face à la dématérialisation du monde qui nous entoure et à l’abstraction des tâches que nous devons y accomplir, en réaction à l’invasion d’un discours marketing, d’un story-telling ressenti de plus en plus comme une construction artificielle cachant ses véritables objectifs et sonnant faux, le vintage, et plus précisément ici, la montre vintage « raconte de vraies histoires », comme me le disait récemment un de ses adeptes. Elle procure une sensation de réalité, elle possède une épaisseur historique et le fait d’avoir traversé des couches de temps, d’avoir été, autrefois, à l’avant-garde, d’être ensuite devenue « ringarde » puis être remisée au fond d’un tiroir avant de ressusciter entre mes mains lui donne une certaine noblesse. Le temps l’a boucanée, l’a couturée, l’a maltraitée mais elle est là, avec sa mécanique obsolète qui tape toujours comme un cœur devenu vrai.

C’est pour cette raison que ce qu’on appelle le « néo-vintage », qui cherche à surfer sur la vague du véritable vintage et à en récolter les fruits, a parfois quelque chose d’un peu pathétique car à la copie on préférera toujours l’original.

Mais il faut laisser du temps au temps pour qu’une copie devienne peu à peu authentique. Et d’ici quelques générations, les futurs barbus goûteront certainement avec délectation à ces montres des premières décennies du XXIème siècle qui ressemblaient tellement à celles du milieu du XXème.