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JAPON: PASSER DE LA TECHNOLOGIE AU LUXE

CARNET DE VOYAGE: ASIE

janvier 2018


JAPON: PASSER DE LA TECHNOLOGIE AU LUXE

Toutes ont constamment développé des innovations technologiques sans pareil, de l’utilisation du quartz à celle de l’énergie solaire. Toutes conservent une production très importante en volumes et très abordable en prix. Toutes, cependant, se veulent à présent davantage «premium». Chacune à sa manière. Visite chez Casio, Seiko et Citizen, les trois géants de l’industrie japonaise.

D

ans un document de 1938 issu du «Guide des acheteurs» (ancêtre de l’Europa Star actuel, voir ci-dessous), il était rappelé à quel point le Japon protégeait alors les secrets de son industrie horlogère. «Il ne nous est pas permis de faire visiter nos fabriques à une personne inconnue de nous et surtout pas à un visiteur d’un pays horloger!», fut-il rétorqué à un reporter sur place.

JAPON: PASSER DE LA TECHNOLOGIE AU LUXE
En 1938, Europa Star publiait dans son «Guide des Acheteurs», cette coupure de presse qui s’indigne du strict refus fait à un journaliste étranger désireux de visiter une fabrique horlogère japonaise.

Les choses ont bien changé et Europa Star a pu se rendre dans les usines des grands fabricants horlogers japonais cet automne, comme nous l’avions déjà fait à de nombreuses reprises! Mais il est vrai que l’horlogerie japonaise s’est développée de manière insulaire, avec ses particularismes et ses secrets bien gardés, fortement différenciés de l’industrie suisse. Tout en s’en inspirant dans la méthode, elle a mis un accent beaucoup plus fort sur la technologie. Et s’est surtout développée autour des trois géants «top-down» que sont Seiko, Citizen et Casio, sans l’écosystème foisonnant de sous-traitance «bottom-up» de la Suisse.

Aujourd’hui, chacun de ces géants horlogers – qui tous ont développé une sophistication extraordinaire dans l’innovation technologie à travers leur histoire, du GPS à l’énergie solaire en passant par la montre-ordinateur – tente une stratégie davantage «premium». Chacun à sa manière: Seiko avec l’indépendance annoncée à Baselworld de Grand  Seiko; Casio en tablant sur la G-Shock en acier à l’occasion des 35 ans de l’icône des jeunes, qui ont grandi entre-temps (lire à ce sujet notre article en page 16); Citizen enfin via des rachats stratégiques, dont celui de l’ensemble constitué par Frédérique Constant, Alpina et Ateliers deMonaco dans le cas le plus récent.

Tout en ne négligeant pas la production en masse de mouvements pour des tiers (dans les cas de Seiko et de Citizen), ainsi que celle de modèles très accessibles, nous étudions ici comment chacune entend se positionner plus fortement sur le segment «premium» ou du «luxe accessible », et ce à un niveau global. En bref, passer d’une culture de la technologie à une culture du luxe.

Pourquoi? D’un côté, ce qui est perçu comme «technologie» horlogère de masse – la multiplication des fonctionnalités – semble passer de plus en plus du côté de la Silicon Valley. De l’autre, la perception de la culture japonaise s’est profondément transformée dans le monde: le pays est aujourd’hui synonyme de savoir-vivre tout autant que de savoir-faire, détenteur d’un art et d’une culture ultra- raffinés. N’est-ce pas la définition même du luxe?