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EPHJ: les nouveaux matériaux...en avant-première

EPHJ - EPMT - SMT | 12-15 JUIN 2018

juin 2018


EPHJ: les nouveaux matériaux...en avant-première

Le salon de la sous-traitance organisé chaque année en juin à Palexpo est aussi celui où l’on a le plus de chances d’observer en primeur l’émergence de nouveaux matériaux ou de nouvelles techniques d’usinage ou de sertissage de matériaux. Entretien avec son directeur Alexandre Catton.

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eut-on découvrir en «avant-première » sur le salon EPHJ-EPMTSMT des nouveaux matériaux qui seront ensuite appliqués sur des créations horlogères?

La recherche matériaux se fait généralement de manière plutôt discrète: les sous-traitants n’en parlent pas forcément car ils la gardent en priorité pour leur réseaux, afin d’assurer une forme d’exclusivité à leurs clients. Par exemple, la startup CristalTech, active dans la croissance de cristaux de métaux précieux de grande taille (or, platine, palladium, osmium ou ruthénium), a développé des cristaux hors norme en exclusivité pour une marque bien connue.

Mais on peut effectivement voir en «avant-première» sur le salon certains nouveaux matériaux ou techniques inédites en lien avec des matériaux existants qui seront par la suite utilisés sur des montres. Ainsi, Valliance, une entreprise biennoise de bracelets de montre, avait déjà développé en 2013 la technique du sertissage sur caoutchouc qui sera finalement présentée par Roger Dubuis deux ans plus tard sur son modèle Spider Tourbillon Volant Squelette. Il faut donc bien distinguer les nouveaux matériaux à proprement parler des nouveaux procédés pour usiner ou sertir des matériaux existants.

Alexandre Catton
Alexandre Catton

Avez-vous d’autres exemples d’introductions de nouveaux matériaux ou de nouvelles manières d’usinage, présentées lors du salon?

La société japonaise Hohri Grinding, présente sur le salon avec le collectif de Nagoya, a inventé de nouveaux procédés d’usinage de l’aluminium et des polymères à renfort fibre de carbone. Ils arrivent à usiner sans perte ces deux matériaux sensibles à la chaleur. Notre salon vise aussi à renforcer les échanges internationaux de technologies.

Un autre exemple très intéressant est celui de la société allemande C. Hafner, un important fournisseur de matières précieuses brutes, qui a développé un alliage de platine, le PlatinGold, sous forme de poudre, rendant possible son utilisation pour l’impression 3D. Le groupe Argor-Heraeus, basé dans le Tessin, l’un des leaders mondiaux de l’affinage et de la transformation de métaux précieux, est également très innovant en recherche matériaux.

Les nouveaux matériaux et technologies introduits en horlogerie proviennent souvent d’autres industries, de l’aéronautique au médical. Et inversement: ainsi, vous organisez cette année avec la fondation Inartis un concours visant au transfert de technologie de l’horlogerie vers le médical...

En effet, le Challenge «Watch Medtech Innovation» a pour objectif d’accompagner l’envie de se diversifier qui peut exister chez nos exposants, via un appel à projets de repositionnement de technologies, de produits ou d’idées vers le secteur medtech. Le jury sélectionnera au maximum cinq projets qui recevront chacun un accompagnement d’une valeur de 5’000 francs afin de poser les premières bases de leur idée.

Est-ce que cette diversification n’est pas en réalité très minoritaire? On connaît la difficulté de se repositionner sur une nouvelle industrie...

Au contraire, de plus en plus de sociétés actives dans l’horlogerie profitent de leur savoir-faire pour se diversifier dans le secteur medtech. Lors de l’édition 2017, près d’un tiers des exposants déclaraient avoir une activité dans le secteur des medtech, soit une progression spectaculaire en cinq ans. Cette ouverture permet à ces entreprises de se positionner sur d’autres marchés prometteurs et de pondérer les aléas du secteur de l’horlogerie, notamment après ces dernières années délicates.

«Genève retrouve incontestablement toute sa place de capitale mondiale de l’horlogerie-joaillerie.»

Justement, ne risquent-ils pas d’arrêter cette diversification complexe maintenant que l’on observe des signes de reprise dans l’industrie horlogère?

Je crois que nos exposants sont conscients que l’industrie horlogère fonctionne par cycles et que les crises sont récurrentes. D’où la pertinence d’une stratégie de diversification: cette idée fait son chemin, en anticipation des prochaines crises.

De même, on voit émerger des pôles ou alliances de sous-traitants, comme Acrotec ou plus récemment TEC Group, qui rassemble TEC Ebauches, Prodecor, Watch Deco, Missimi-Berney et TEC Arts HD, aux savoir-faire complémentaires. Ces sociétés se diversifient, répartissent les risques, gagnent en poids dans le dialogue avec les banques et les investisseurs et peuvent remporter plus facilement des appels d’offre.

Baselworld a connu une perte spectaculaire d’exposants cette année. Les sous-traitants n’y sont plus qu’une poignée et de nouvelles initiatives ont été organisées hors de Bâle à leur intention durant le salon. Est-ce que la sous-traitance y a encore un avenir?

Baselworld constitue d’abord pour les marques horlogères le salon où rencontrer ses distributeurs, ses représentants ou ses clients mais pas ses fournisseurs. Ce constat, et la volonté de donner un espace spécifique aux fournisseurs sont à l’origine même de notre salon. Nous nous sommes clairement établis depuis 2002 comme le salon de la sous-traitance horlogère et microtechnique en Suisse et depuis quelques années comme le salon international de la haute précision. La chute du nombre d’exposants constatée à Bâle en 2018 ne concerne pas vraiment les sous-traitants qui sont partis depuis bien longtemps, la plupart ayant fait le choix du salon EPHJ. En fait, ils ne représentaient plus qu’une partie infime des exposants, se réduisant année après année.

EPHJ: les nouveaux matériaux...en avant-première

Comment vous positionnez-vous par rapport aux autres salons organisés à Genève en lien avec l’horlogerie- joaillerie?

Nous sommes clairement complémentaires. Entre le développement du SIHH, la présence d’acteurs importants en parallèle du SIHH, la création du salon GemGenève consacré aux pierres précieuses et à la joaillerie et le salon EPHJ, rendez- vous unique de l’ensemble de l’’environnement professionnel horlogerie- joaillerie, Genève retrouve incontestablement toute sa place de capitale mondiale de l’horlogeriejoaillerie.