Sous-traitance horlogère


H-Development, laboratoire horloger de marques familiales

PORTRAIT

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juin 2021


H-Development, laboratoire horloger de marques familiales

La société biennoise s’est spécialisée dans la livraison de composants mais aussi la résolution de défis techniques. Ses clients: principalement des marques indépendantes et des start-ups. Alors que l’horlogerie suisse produit toujours «moins mais mieux», sa flexibilité et sa dimension humaine sont devenues de sérieux avantages.

C’

est en 2016 que Sven Henriksen se lance dans l’entrepreneuriat, du fait des circonstances parfois inattendues que peut prendre une carrière dans l’horlogerie. «Après la fin d’un poste au service d’une entreprise de la région, j’ai monté ma propre structure en tirant parti de mon expérience ainsi que de mon réseau de contacts dans la sous-traitance entre l’Asie et la Suisse», raconte-t-il.

Rapidement, il s’associe à un ancien collègue, Yann Mazzon, qui amène de précieuses compétences techniques à cette nouvelle structure, baptisée H-Development (H pour Henriksen mais aussi Horlogerie) et établie à Bienne. «Nous avions tous deux eu affaire à des clients exigeants et avions déjà bien fonctionné en binôme, poursuit Sven Henriksen. Le private label, dans lequel nous étions tous deux actifs, est la meilleure des écoles horlogères car on touche à tout et on s’occupe d’une multitude de composants différents.»

«Le private label, dans lequel nous étions tous deux actifs, est la meilleure des écoles horlogères.»

Sven Henriksen a fondé H-Development il y a cinq ans.
Sven Henriksen a fondé H-Development il y a cinq ans.

Aujourd’hui, H-Development fournit des marques horlogères, essentiellement suisses, en composants de qualité produits en Asie et gère un laboratoire horloger pour un service de «troubleshooting», soit la résolution de problématiques techniques complexes. La société compte également un troisième pilier: elle représente la marque horlogère japonaise Minase sur les marchés internationaux.

Ingénieur sur mesure

«Un certain nombre d’entreprises horlogères, qu’il s’agisse de petites structures existantes ou de nouveaux venus, ne disposent pas des moyens suffisants pour intégrer une structure technique propre, souligne Sven Henriksen. C’est là que nous souhaitions intervenir. Et bien souvent, la première approche dans la résolution de problèmes techniques mène à une relation plus approfondie intégrant la livraison de composants.»

Aujourd’hui, H-Development est en mesure de livrer boîtiers, bracelets, cadrans et aiguilles provenant de sous-traitants basés en Chine continentale. «Nous mettons un point d’honneur à travailler avec des partenaires sur place qui sont aussi des entreprises familiales, à dimension humaine, avec lesquelles un dialogue est possible, poursuit Sven Henriksen. Ce qui nous aide pour notre philosophie de service personnalisé à la clientèle.»

La société vient d'ajouter les aiguilles à sa palette de livraisons.
La société vient d’ajouter les aiguilles à sa palette de livraisons.

Pour son approvisionnement en Chine, l’entreprise ne travaille pas avec des sociétés de trading comme c’est souvent le cas, mais directement avec les producteurs sur place. «Cela permet non seulement de connaître très précisément l’origine de chaque composant et donc d’en assurer la qualité, mais aussi de maintenir une forte confidentialité. Les trois piliers, pour être crédible dans la livraison de composants horlogers, sont la confidentialité, la qualité et le respect des délais.» Sur ce dernier point en particulier, avec une expérience de terrain de plus de 20 ans, Sven Henriksen a appris à manier les subtilités de la culture entrepreneuriale chinoise…

«Avec la pandémie, nous voyons surtout un transfert dans notre cahier des charges de la livraison de composants vers le développement technique.»

Yann Mazzon s'occupe du bureau technique de H-Development.
Yann Mazzon s’occupe du bureau technique de H-Development.

Essor du développement technique

Comment H-Development a-t-elle traversé la période délicate qui s’est ouverte l’an dernier? «Nos clients ont fortement réduit leur activité, mais nous voyons surtout un transfert dans notre cahier des charges de la livraison de composants vers le développement technique, souligne Yann Mazzon. L’un dans l’autre, cela ne s’est pas si mal passé. Nous travaillons avec des structures relativement petites donc assez flexibles. Elles n’ont pas eu à faire face, par exemple, à de grandes quantités d’inventaires bloquées.»

Pour l’ensemble de l’horlogerie suisse, la pandémie pousse à une réduction des quantités et à des séries plus exclusives. Et comme le développement technique est désormais pris en compte pour le calcul du Swiss made, cette activité gagne en puissance pour H-Development. «Cette évolution de l’industrie suisse correspond au final assez bien à notre état d’esprit», relève Sven Henriksen.

Les bureaux de la société à Bienne
Les bureaux de la société à Bienne

Parallèlement aux marques déjà établies, l’entrepreneur observe un fort dynamisme du côté des nouveaux venus et des start-ups: «Nous avons beaucoup de demandes pour la conception de produits techniques innovants. Il y a peut-être moins de volumes mais la créativité est bien présente!» Tout le monde s’adapte à cette nouvelle donne, y compris les fournisseurs en Chine: «Dans le passé, ils acceptaient une commande minimale de 1’000 pièces mais ce seuil est progressivement descendu à 500 puis 300 pièces aujourd’hui.»

De son côté, H-Development travaille également sur la livraison d’aciers de haute qualité et a récemment introduit les aiguilles à son portfolio.

«Il y a peut-être moins de volumes mais la créativité est bien présente!»