Les Mystères du Temps


Les 10 questions de base sur le Temps

English Español
avril 2024


Les 10 questions de base sur le Temps

Les conventions de nos calendriers et horloges ne sont pas toutes évidentes. Explications à haute cadence par Chad Orzel, l’auteur de A Brief History of Timekeeping (BenBella, 2022).

1. Pourquoi une année à douze mois?

A cause de la Lune. Elle revient pleine tous les 29,5 jours, ce qui donne 12,4 cycles lunaires par an. La plupart des calendriers ont ainsi douze mois, certains treize.

2. La Lune est-elle importante pour mesurer le passage du temps?

Oh oui. Elle prend de la place dans le ciel et ses phases changent suffisamment rapidement pour être détectable sur quelques jours. C’est utile notamment près de l’Equateur, où les saisons et les variations de la durée du jour sont moins marquées qu’à des latitudes plus élevées.

3. Pourquoi avons-nous sept jours par semaine?

C’est très ancien, cela remonte au moins à la civilisation babylonienne. Une hypothèse est que le chiffre sept a été choisi parce qu’il divise en quatre un cycle lunaire d’environ 28 jours.

4. Y a-t-il des semaines alternatives?

La Rome antique a utilisé un moment une semaine de huit jours. Le calendrier égyptien comprenait 12 mois de 30 jours, auxquels s’ajoutaient cinq jours supplémentaires pour finir l’année de 365 jours. Chaque mois était divisé en trois semaines de dix jours.

5. Pourquoi 24 heures par jour?

La Chine antique divisait le jour en vingt-quatre, mais de nombreuses civilisations utilisaient douze heures pour le jour et douze pour la nuit, reproduisant ainsi à une échelle plus petite les douze mois de l’année.

Le chiffre douze jouait un rôle important dans la civilisation babylonienne. Leur arithmétique était sexagésimale, c’est-à-dire en base soixante. Avec ses nombreux diviseurs (2, 3, 4, 5, 10, 12, etc.), elle est plus pratique que notre base 10 qui n’en compte que deux (2 et 5). Certains pensent que le système sexagésimal vient d’une manière de compter avec le pouce les douze phalanges des quatre autres doigts, qu’on peut multiplier par les cinq doigts de l’autre main pour obtenir soixante.

6. Ce qui expliquerait les soixante minutes de l’heure?

Oui. La minute est apparue à cette époque comme une unité d’angle en géométrie et est restée depuis lors: le cercle comprend 360 degrés subdivisés chacun en soixante minutes. C’est un angle minuscule mais qui était utile en astronomie déjà au temps de Babylone: si on mesure le mouvement des étoiles sur des mois, on obtient une précision d’une minute, même sans disposer d’instruments d’observation très précis. Or, le mouvement des étoiles était utilisé pour mesurer le passage du temps durant la nuit.

7. Et pourquoi retrouve-t-on soixante secondes par minute?

C’est à nouveau la géométrie. Les astronomes de l’Antiquité ont divisé la minute d’angle en soixante parties, et cette deuxième subdivision du degré, soit «partes minutae secundae», a donné le nom de seconde. Certains pensent qu’elle est restée comme unité de temps car elle correspond plus ou moins au rythme cardiaque, mais je vois ceci plutôt comme une coïncidence.

8. Y a-t-il un autre type d’heure?

Après la Révolution française, la Première République a introduit un temps décimal basé sur dix heures par jour et cent minutes par heure, mais il a fait long feu. Il a été proposé une seconde fois par le scientifique Henri Poincaré à la fin du 19ème siècle lorsque la métrologie internationale a été mise en place. Mais il y avait déjà bien trop de montres en usage pour qu’un tel changement soit possible.

9. Les calendriers ne sont jamais parfaits, l’année astronomique durant 365,24 jours. Lequel est le plus précis?

Cela dépend pour quoi on l’utilise. Le calendrier islamique est le bon si les phases de la Lune sont importantes, par exemple pour déterminer des fêtes religieuses. Le calendrier grégorien utilisé en Occident est précis pour les cycles liés au Soleil, comme les saisons et les solstices, mais ne vous dit rien sur la Lune. Les calendriers hébreux, indiens et chinois sont luni-solaires: ils combinent les deux cycles et indiquent la phase de la Lune à quelques jours près.

10. Une dernière pensée?

Les civilisations eurasiennes de l’Espagne à la Chine ont été en échange constant, ce qui a homogénéisé la manière de noter le passage du temps. Les civilisations plus isolées, comme les Mayas en Amérique centrale, sont donc intéressantes à étudier. Malheureusement, les traces de leur culture ont mal survécu au zèle destructeur des envahisseurs venus d’Europe, et nous n’avons que des indices incomplets de la perspective qu’ils avaient sur le temps.

A Brief History of Timekeeping: The Science of Marking Time, from Stonehenge to Atomic Clocks by Chad Orzel
A Brief History of Timekeeping: The Science of Marking Time, from Stonehenge to Atomic Clocks by Chad Orzel