time-business


L’Ecole technique de la Vallée de Joux en pleine extension

avril 2024


L'Ecole technique de la Vallée de Joux en pleine extension

L’établissement fondé en 1901 doit s’adapter à une industrie qui a connu un essor spectaculaire. À terme, trois bâtiments supplémentaires devraient être construits pour revoir l’organisation des filières existantes et potentiellement en créer de nouvelles. Rencontre avec son directeur Frédéric Schütz.

A

u cœur de la Vallée de Joux, l’École d’Horlogerie se dresse comme le gardien d’une tradition séculaire. Sous la direction de Frédéric Schütz, ses salles de cours vibrent au rythme de l’innovation.

Dans cet entretien, Frédéric Schütz nous révèle comment son institution établie au Sentier trouve l’équilibre entre le respect du passé et les exigences d’une industrie en mutation rapide, assurant ainsi un avenir à l’horlogerie en formant les talents de demain.

Europa Star: Un point d’histoire pour démarrer: comment votre école a-t-elle pris racine et s’est-elle développée dans l’industrie horlogère?

Frédéric Schütz: L’histoire de notre école débute suite à une demande spécifique de la région, signalant un besoin de créer une école d’horlogerie à l’époque où les maîtres-horlogers n’avaient plus les moyens ni le temps d’assurer cette relève: ce fabuleux patrimoine était en danger. C’est ainsi qu’est né notre établissement en 1901, évoluant au fil du temps d’une école d’horlogerie en un établissement offrant des formations diversifiées, qui répond aux besoins croissants, actuels et futurs, de l’industrie horlogère et microtechnique.

Frédéric Schütz, directeur de l'Ecole technique de la Vallée de Joux
Frédéric Schütz, directeur de l’Ecole technique de la Vallée de Joux

Justement, quelles formations proposez-vous et comment garantissez-vous leur adéquation avec les besoins du marché?

Aujourd’hui, nous accueillons des horlogers, des bijoutiers, des micromécaniciens et des dessinateurs en construction microtechnique pour la formation initiale. Ces formations sont en partie proposées en mode dual. Les jeunes ont la possibilité de compléter leur cursus de formation avec la maturité professionnelle intégrée et des formations en école supérieure (orientation microtechnique, à plein temps tout comme en emploi) complètent notre dispositif. L’école s’adapte constamment aux besoins de l’industrie, grâce à notre étroite collaboration avec les entreprises locales et régionales.

Parlons d’innovation. Comment votre école s’aligne-t-elle sur des tendances actuelles comme l’intelligence artificielle et la durabilité?

La vision actuelle de la Vallée et de notre école envers l’innovation est très dynamique. Nous suivons et mettons en œuvre les ordonnances métier qui sont révisées tous les cinq ans pour intégrer des éléments tels que l’intelligence artificielle et la durabilité dans nos formations.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret de projet qui symbolise l’engagement de votre école envers l’innovation?

L’un de nos projets emblématiques est la pendule réalisée pour le Parlement vaudois. Ce projet a non seulement réintroduit la pendulerie dans notre enseignement mais a aussi permis de relever des défis techniques significatifs dans tous les secteurs de l’école, en considérant que les élèves ont été fortement impliqués dans ces travaux. Cela illustre notre engagement envers l’innovation et le savoir-faire horloger.

Quels sont les principaux défis auxquels votre école est confrontée aujourd’hui?

Nos défis incluent la promotion de nos formations auprès des jeunes et l’adaptation constante de ces formations aux besoins de l’industrie. Pour cela, nous sommes en permanence à l’écoute des besoins des industries et nous déployons de larges efforts pour développer des offres de formation continue à destination notamment du personnel de ces entreprises.

Comment évaluez-vous la collaboration entre les entreprises horlogères de la Vallée et votre école?

La collaboration est étroite et multifacette, couvrant la formation, le développement de cursus, et même le partage de matériel. Cela démontre notre intégration profonde dans le tissu industriel et notre rôle actif dans la préparation des talents de demain.

Envisagez-vous des initiatives spécifiques pour attirer et retenir les talents dans l’industrie horlogère?

Absolument. Nous déployons une large gamme d’initiatives, depuis la présence sur les réseaux sociaux et les salons professionnels jusqu’aux interventions dans les écoles. Notre objectif est de susciter l’intérêt pour nos métiers et de montrer la diversité et la richesse des opportunités qu’ils offrent. Nous mettons également un accent particulier sur des projets concrets et engageants qui permettent aux jeunes de découvrir la passion de l’horlogerie et des métiers techniques associés.

Quels sont vos projets d’avenir pour l’école? Des expansions ou de nouvelles filières de formation sont-elles prévues?

Le projet ambitieux qui nous occupe actuellement est l’extension de notre établissement. Nous prévoyons de poser des containers provisoires dès août 2025 pour démarrer de nouvelles filières de formation. À terme, trois bâtiments supplémentaires devraient être construits pour revoir l’organisation des filières existantes et potentiellement en créer de nouvelles. Tout cela, bien sûr, en restant en adéquation avec les besoins de l’industrie.

Finalement, comment devient-on directeur d’une telle institution? Pourriez-vous nous éclairer sur votre parcours?

Mon chemin vers la direction de l’école n’était pas direct. J’ai d’abord été attiré par la Vallée de Joux et l’horlogerie grâce à un intérêt personnel pour les montres et un fond technique en mécanique. J’ai commencé par enseigner ici à temps partiel tout en travaillant à Lausanne. Lorsque le poste de directeur s’est libéré, j’ai saisi l’opportunité. Voici maintenant sept années que j’occupe ce poste: chaque jour est différent et apporte son lot de défis et de satisfactions. C’est un rôle exigeant mais profondément gratifiant.


L’ECOLE EN CHIFFRES
270 Le nombre d’apprentis et étudiants
50 Le nombre de collaborateurs
4 Le nombre de filières de formation initiale (horlogerie, bijouterie, dessinateurs en construction microtechnique, micromécanique)
85% La proportion d’élèves du canton de Vaud (dont environ 10% de la Vallée de Joux)

VOTRE NEWSLETTER HEBDOMADAIRE