e qui frappe immédiatement quand on rencontre Guillaume Perret est sa douceur extrême, sous des allures de chanteur de rock.

On peut en témoigner pour l’avoir vu à l’œuvre à de multiples reprises, avoir observé la délicatesse attentive avec laquelle il aborde celui ou celle dont il doit tirer le portrait photographique. Jamais il ne brusquera quiconque mais, en instaurant à petites touches un climat de confiance et de tendresse, il cherche à saisir quelque chose de la vérité de la personne.

Guillaume Perret

La qualité humaine de cette approche respectueuse de la personne est particulièrement visible dans la très belle série Amour qu’il a publié l’automne dernier.

Une série de portraits de gestes d’amour entre des personnes qui, pour la plupart, se retrouvent en marge des normes sociales, que ce soit par leur aspect, leurs choix particuliers, leur marginalité, leur déviance par rapport aux règles normatives.

«J’ai toujours été intéressé par l’être humain, par la rencontre de gens différents de moi», explique cet ancien instituteur de 45 ans, devenu photographe indépendant, membre fondateur de l’agence Lundi13 et consacré Swiss Photographer of the year, catégorie «portrait», en 2018 par le jury du Swiss Press Award.

«Cette série Amour, poursuit-il, je l’ai commencée non pas à la suite d’un concept préétabli mais un peu par hasard, par soif de curiosité envers l’autre. Je voulais faire quelque chose de positif, montrer la beauté de la passion amoureuse et son universalité en photographiant des êtres ou des couples qui sont négligés, repoussés, ignorés voire montrés du doigt par la société.»

Et de fait, ces photographies tendres et intimes nous montrent des couples en amour, souvent hors normes, homosexuels, trop gros ou trop maigres, tatoués de partout, marginaux ou simplement trop vieux. Bien loin d’une quelconque esthétique publicitaire et sans jamais faire de nous des voyeurs, elles nous font rentrer sur la pointe des pieds dans l’intimité amoureuse de leurs sujets.

«J’ai publié quelques premières photos et, ensuite, j’ai reçu des sollicitations. Il m’est arrivé plusieurs fois de débarquer chez des gens que je ne connaissais pas du tout, dont j’avais seulement entendu la voix au téléphone, détaille Guillaume.

Il fallait alors commencer à parler, comprendre ce qu’ils voulaient montrer d’eux-mêmes. Vaincre peurs ou angoisses, accepter pour l’autre sa propre nudité, trouver le chemin pour que le moment photographique convienne à tout le monde. C’est le contraire de photos volées.» Ces «amours extraordinaires», comme il les appelle aussi, nous donnent une très belle leçon d’Amour.