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EveryWatch: la Big Data des ventes de montres

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décembre 2023


EveryWatch: la Big Data des ventes de montres

Avec l’essor du marché secondaire, la question du prix des modèles échangés est devenue centrale. Tout juste lancée, la plateforme EveryWatch rassemble les données de plus de 400 sources différentes pour compiler les ventes de montres.

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es ventes de plus de 500’000 références de montres répertoriées sur 400 plateformes suivies depuis 1989: c’est la promesse du nouveau site EveryWatch, tout juste lancé et basé notamment sur l’intelligence artificielle.

Il permet notamment de répondre à des questions simples mais délicates à compiler: Où et quand une référence spécifique a-t-elle été vendue? A quel prix? Et à partir de là d’en extrapoler des statistiques quasiment à l’infini, comme les montres les plus vendues sur une année, l’évolution du prix moyen d’un modèle sur plusieurs années ou celui d’une montre disponible actuellement. La plateforme prend en compte les prix de transaction réels (et non ceux affichés ou les estimations).

Alors que les marques ont longtemps été réticentes - et le sont encore d’une certaines manière - à afficher les prix de leurs modèles, il est commun de tomber sur une plateforme du marché secondaire lorsqu’on cherche cette information. Une forme de transparence a été imposée au marché, d’autant plus grande avec l’essor du pre-owned. Créée par l’investisseur Nacre Capital, EveryWatch entend être au carrefour de ces tendances. Nous avons rencontré son co-fondateur Giovanni Prigigallo.

Giovanni Prigigallo, co-fondateur d'EveryWatch
Giovanni Prigigallo, co-fondateur d’EveryWatch

Europa Star: Qui est derrière le lancement d’EveryWatch?

Giovanni Prigigallo: Nous faisons partie de Nacre Capital, un fonds d’investissement américain spécialisé dans les nouvelles technologies. Son président est Howard Morgan, fondateur de First Round Capital et pionnier de l’investissement dans des sociétés comme Uber, LinkedIn ou Square. A travers des discussions aves des personnes dans son réseau, il a eu l’intuition qu’il y avait des opportunités à saisir en appliquant les nouvelles technologies au monde de l’horlogerie. En particulier, il était compliqué de retracer toutes les enchères et ventes sur le marché secondaire: il fallait naviguer d’un site à l’autre, ce qui est très chronophage pour les personnes désireuses de collectionner des montres. Dans d’autres secteurs, il existait déjà des agrégateurs méta rassemblant les prix. C’est cette équation que résout EveryWatch pour l’horlogerie.

Quel est votre propre parcours et comment êtes-vous arrivé à la tête de cette start-up?

A la base, je suis ingénieur dans le secteur biomédical mais je suis passionné depuis l’enfance par les montres. En grandissant, j’ai commencé à acheter et revendre des montres, ce qui me rapportait au final plus que ma profession! J’ai rencontré Howard Morgan à travers mon oncle. Nos discussions ont démarré sur les biotechnologies avant de dériver naturellement vers les montres. Il m’a parlé de son idée de plateforme et cela a mené à la création d’EveryWatch. J’ai été en charge de la construction de toute la plateforme, un travail de plus de deux ans. Plusieurs experts en horlogerie participent au projet, dont l’ex-directrice de Piaget Chabi Nouri, qui est présidente du conseil d’administration.

EveryWatch: la Big Data des ventes de montres

Quel est le modèle de fonctionnement d’EveryWatch?

C’est un modèle «freemium»: certaines données sont accessibles librement, d’autres payantes. Notre objectif est de nouer des partenariats avec tous les émetteurs des données que nous compilons, donc les maisons et plateformes de ventes de montres. De notre côté, nous générons du trafic et des ventes pour eux, nous leur amenons de la valeur ajoutée tout comme à nos utilisateurs.

A quels utilisateurs vous adressez-vous?

Nous nous concentrons en priorité sur les collectionneurs, mais nos données peuvent aussi être utiles aux professionnels. Par exemple si un détaillant ou un journaliste souhaite savoir quels sont les dix modèles les plus vendus actuellement, leur prix et le volume de ventes, il trouvera ces informations sur notre plateforme.

EveryWatch: la Big Data des ventes de montres

Combien de sources agrégez-vous sur EveryWatch?

Plus de 400 à l’heure actuelle, mais nous avons une liste exhaustive de plus de 20’000 sources potentielles! Aujourd’hui, nous retraçons les ventes de 150 places de marchés ou détaillants et de 250 maisons de ventes aux enchères. Plus de 1’000 marques sont répertoriées sur la plateforme, et nous agrégeons les modèles vendus à partir de 300 dollars. Nous voulons être la destination unique pour rassembler toutes les informations sur le marché horloger.

Comment pouvez-vous vous assurer que vos données soient fiables?

Il s’agit déjà d’avoir un catalogue rassemblant toutes les montres produites et leurs caractéristiques, qui puisse servir de standard. Nous utilisons un mélange d’intelligence artificielle et de traitement manuel pour valider les données, avec des procédures de contrôles intégrées. Toutes les statistiques sont basées sur les données des ventes effectives, c’est-à-dire le prix que quelqu’un a réellement payé. Et nous comptons sur les effets de «moyenne» pour corriger de potentielles exceptions: plus nous aurons de sources différentes, plus la plateforme sera fiable sur les statistiques que nous pourrons en retirer. Nous utilisons également les données relatives au volume pour comprendre la liquidité et la fréquence des transactions sur les montres, tout en les mettant en relation avec le prix. De plus, nous suivons de près toutes les sources, qui sont sélectionnées, une par une: si une société ferme ses portes, nous cesserons de l’enregistrer.

EveryWatch: la Big Data des ventes de montres

Quels enseignements pouvez-vous déjà tirer après quelques mois en «soft launch» de la plateforme?

Il est toujours fascinant de voir comment les utilisateurs se comportent, car souvent cela va à l’inverse de ce à quoi l’on s’attendait! Par exemple, ce que nous ne suspections pas forcément, c’est à quel point ils s’intéresseraient à la fonction «Ma collection», qui leur permet de suivre la valeur de leur collection, en toute sécurité et dans l’anonymat le plus complet. Par ailleurs nous allons développer une app mobile. Un gros travail nous attend, mais notre principal objectif est d’établir à présent notre crédibilité et notre marque.