histoire de Yema débute en 1948, lorsque Henry Louis Belmont, sorti major de sa promotion à l’Ecole Nationale d’Horlogerie de Besançon, décide de créer sa propre société. Le succès prendra quelques années à se dessiner et c’est avec la sortie en 1963 de la Yema Superman qu’il éclatera au grand jour et dans le monde entier.

La montre est conçue pour les professionnels de la plongée avec une étanchéité à 300 mètres. Mais elle plaît immédiatement au grand public avec sa fameuse «butée-frein» brevetée (bloque lunette, ndlr) qui lui confère un caractère distinctif au premier coup d’oeil, tout comme ses protèges-couronne emblématiques. Elle est choisie par l’Armée de l’air française et se forge ainsi sa réputation de montre indestructible.

Surfant sur ce succès retentissant, Yema se développe fortement et introduit d’autres déclinaisons à succès. En 1966, les modèles Yachtingraf, chronographes Valjoux automatiques dédiés au monde de la voile, et Rallygraf, conçus pour la course automobile, finissent d’asseoir la marque comme l’une des grandes sportives de l’horlogerie hexagonale, voire mondiale.

Yema devient le premier exportateur français de montres en 1966, 1967 et 1968 avec plus de 500’000 unités vendues par an dans plus de 50 pays! La marque conquiert ensuite l’espace au poignet de Jean-Loup Chrétien en 1982 avec la Yema Spationaute I, puis en 1985 avec la Spationaute II équipant Patrick Baudry à bord de la navette Discovery pour le premier vol orbital franco-américain.

Morteau, siège historique de Yema

La marque prendra aussi part à la Mission North Pole menée par Jean-Louis Etienne en 1986 pour son exploration à pied du Pôle Nord. Une «promenade» extrême en solitaire de 800 kilomètres avec le modèle North Pole, créé pour l’occasion, résistant au grand froid avec son boîtier en titane et son système exclusif évitant le nord magnétique. La réputation de Yema pour la robustesse de sa production n’est dès lors plus à faire!

La crise du quartz sera cependant presque fatidique pour la marque française, qui va changer de mains à plusieurs reprises entre 1980 et 2009.

Finalement, le groupe familial Ambre, spécialiste du private label (jusqu’en 2010) et de la distribution de montres dans les territoires d’outre-mer, reprend la barre en 2009 avec la volonté ferme de redonner à cette marque mythique ses lettres de noblesse. Pascal Bole, représentant la deuxième génération à la tête du groupe, investit plus de 3 millions d’euros pour relancer un calibre maison.

Le MBP1000 sort en 2011, muni d’une masse oscillante bidirectionnelle et délivrant 40 heures de réserve de marche. Il équipera plus de 250’000 montres Yema en 10 ans. Puis, en 2021, c’est le Yema2000, calibre issu du MBP1000 avec d’importantes modifications pour améliorer sa précision et sa fiabilité, suivi du Yema3000, sa version GMT.

Christopher Bole, directeur général de Yema

Aujourd’hui, le représentant de la troisième génération, Christopher Bole, est devenu directeur général de la marque et continue dans cette logique de fabrication à l’interne. «Nous souhaitons conserver notre rapport qualité-prix tout en développant nos propres mouvements, explique-t-il. Nous fabriquons même certains de nos composants nous-mêmes dans notre usine de Morteau.»

Modèle Wristmaster Traveller à calibre micro-rotor (édition limitée)

Cet effort a permis de faire naître, en 2022, le calibre CMM20 à micro-rotor qui équipe désormais les nouvelles séries Superman 500. Et ce n’est pas fini: «Notre nouveau calibre CMM10, un trois aiguilles automatique avec date, sort cette fin d’année. Il offre 80 heures de réserve de marche et une chronométrie dans les normes du COSC (-4/+6 secondes/jour). Et nous resterons très abordables», renchérit le jeune directeur.

Le modèle Yachtingraf Tourbillon Maréographe est animé par un calibre tourbillon à remontage manuel signé Olivier Mory, célèbre horloger-concepteur basé à La Chaux-de-Fonds.

Le Calibre CMM.30

Une offre compétitive sur un segment très prisé. Comment Yema se différencie-t-elle par rapport aux grands acteurs incontournables de l’industrie? «Notre marque dispose d’un capital sympathie très fort grâce à sa riche histoire, souligne Christopher Bole. Les modèles sont bien distinctifs avec tous les différents type de -Graf et la Superman, bien connue des collectionneurs et amateurs. C’est une force marketing indéniable. Ensuite, le développement de calibres maison robustes, qualitatifs et abordables nous ouvre aussi le chemin vers de nouveaux amateurs. Enfin, nous bénéficions de la French Touch, qui plaît énormément.» De plus, il ne faut pas négliger l’aspect familial de l’entreprise, qui permet des prises de décision rapides et des rapports directs, auquel semblent aussi être sensibles les clients.

Décliné en deux cadrans (bleu dégradé et noir lacqué) et disponible en 39mm et 41mm, chaque modèle Superman Bronze CMM.10 est limité à 1948 exemplaires numérotés.

Le Calibre CMM.30

La stratégie mise en place paraît porter ses fruits: Yema produit aujourd’hui près de 40’000 montres par an et s’exporte dans une centaine de pays. La part du quartz n’est plus que de 20% et continue de baisser. Le marché américain est en hausse, à plus de 20% du total.

La Yema Superman représente la plus grosse part des ventes, mais les autres collections sont appelées à croître. Christopher Bole confie: «2023 a été une année importante pour Yema. Les grands investissements consentis doivent nous ouvrir de nouveaux marchés, amener de nouveaux profils vers la marque afin de leur faire découvrir son magnifique héritage. Yema est en train de redevenir la marque mythique qu’elle était. Et Morteau redevient une place centrale de l’horlogerie.»