e n’est pas seulement une nouvelle collection, c’est une nouvelle stratégie pour les vingt prochaines années de l’horlogerie Louis Vuitton», déclare Jean Arnault en dévoilant les habits neufs de la Tambour, modèle phare de la marque. Depuis son lancement en 2002, la montre a fait l’objet de multiples interprétations, jusqu’à des modèles de très haute horlogerie sous la supervision du duo de maîtres-horlogers Michel Navas et Enrico Barbasini (lire ici). Au cours de ces deux décennies, la marque a progressivement intégré savoir-faire et outil de production au sein de sa Fabrique du Temps à Genève, encore récemment avec le rachat de fournisseurs dans la production de boîtiers et mouvements.

Résultat: à la croisée des chemins, la marque se divisait entre une fabrication entrée de gamme visant le volume et des sommets de haute horlogerie, certes rares mais prenant toujours plus d’importance créative au sein de Louis Vuitton. Jean Arnault a fait le choix d’aller résolument vers ce second pôle. Et la réorientation est radicale: 80% des références horlogères actuelles seront discontinuées pour laisser place à une fabrication haut de gamme.

«Notre vocation est centrée sur l’artisanat et pas sur les grandes séries, poursuit le directeur. Avec cette nouvelle approche, nous entendons valoriser exclusivement le travail de tous nos artisans, des horlogers aux spécialistes de la gravure ou du sertissage. Tous ces métiers s’intègrent selon une même philosophie: celle d’un horloger qui peut s’occuper d’une montre complète.»

Dès lors, on ne trouvera plus de modèles à quartz ou de montres équipées de mouvements mécaniques de tiers chez Louis Vuitton. L’objectif est une production intégralement maison. Seules la Tambour Street Diver, les collections dames ou encore la niche particulière des montres connectées sont conservées.

C’est bien la nouvelle Tambour qui doit servir de modèle de référence pour la réorientation stratégique de Louis Vuitton. D’autant qu’il s’agit de la première proposition de la marque sur le segment très prisé du sport-chic à bracelet intégré. Passant de 13 mm à 8,3 mm, le boîtier du modèle, que Jean Arnault décrit comme «l’une des seules icônes horlogères créées au 21^ème siècle», a été considérablement affiné par rapport aux versions antérieures.

Entièrement repensé, le modèle présenté dans deux premières versions en acier à cadran gris-argent ou bleu a requis deux ans de travail de développement. Il règle ainsi un écueil historique de la Tambour auprès d’une partie de la clientèle: son épaisseur. La construction du boitier de 40 mm a également été revue pour la rendre plus fine au porté, avec une silhouette du fond de boite arquée jusqu’au centre pour épouser la forme naturelle de l’avant-bras, à la naissance du poignet.

Le bracelet, peut-être la partie la plus importante de ce nouveau modèle, comprend des maillons au profil arrondi – convexes sur les surfaces extérieures et intérieures – établissant une ligne de continuité avec le boîtier. La construction dépourvue de cornes confère par ailleurs à la nouvelle Tambour une morphologie parfaitement ronde. Un fermoir invisible à boucle déployante triple lame complète cette esthétique épurée.

Habillée pour l’essentiel de détails brossés, la Tambour arbore quelques finitions polies, comme les chanfreins et maillons intercalaires du bracelet ou encore la couronne. Signature de la collection Tambour, le lettrage ornant les bords polis de la lunette sablée adopte une nouvelle dimension: chacune des douze lettres est sculptée dans la continuité des index des heures. Différents niveaux de profondeur de cadran et finitions permettent des jeux de lumière élaborés. Les deux niveaux sont délimités par un anneau au fini brossé: les minutes sont indiquées dans le cercle extérieur et les heures dans le cercle intérieur, tous deux caractérisés par une finition microbillée.

Les index des minutes et des heures sont complémentaires par leur forme. Ceux des minutes sont concaves, tandis que les index des heures sont eux convexes et en applique, instaurant un subtil équilibre visuel. Les larges aiguilles bâtons en or font place à un profil effilé dont la structure facettée et ajourée renforce le sentiment d’espace sur le cadran.

Fini les «LV» barrant le cadran: la sobriété esthétique de ce modèle à petite seconde raffiné se reflète dans l’inscription «Louis Vuitton Paris» dans la section centrale du cadran brossé. Discrètement positionnée sous le compteur de la petite seconde, la mention «Fab. en Suisse» remplace le traditionnel «Swiss made» – un changement mineur faisant allusion aux cadrans historiques des garde-temps réalisés dans les années 1950 et 1960. «Il est parfois plus difficile de faire un cadran simple à trois aiguilles qu’un cadran à complication, dont l’architecture est dictée par le mouvement», relève encore Jean Arnault.

Le calibre LFT023, au micro-rotor gravé d’une répétition du motif LV stylisé, est le premier mouvement automatique trois aiguilles développé par Louis Vuitton en partenariat avec Le Cercle des Horlogers. Reprenant les codes esthétiques de la montre, le mécanisme arbore des ponts micro-billés ainsi que des chanfreins polis.

Le micro-rotor à haute inertie en or 22 carats est associé à un rouage périphérique assurant 50 heures de réserve de marche sur un échappement de 4 Hz (28’800 alternances par heure). Certifié chronomètre, le calibre LFT023 affiche une précision comprise entre -4s et +6s par jour. La certification est délivrée par l’Observatoire Chronométrique de Genève sous les auspices de la fondation Timelab. A noter encore l’écrin en forme de malle iconique Louis Vuitton accompagnant ces modèles au prix de 19’500 euros.

En octobre prochain, trois autres créations rejoindront ces deux premiers modèles en acier, ouvrant ainsi un nouveau chapitre pour l’horlogerie Louis Vuitton. Ceux-ci seront disponibles en boutique en septembre, avec de premières livraisons prévues pour la fin de l’année. En parallèle, la maison procédera donc à un profond remaniement de catalogue et de références.

Les nouvelles Tambour, comme tous les produits Louis Vuitton, seront uniquement disponibles dans les boutiques de la marque. La stratégie de production interne rejoint ainsi celle de distribution exclusive. Il restera cependant à voir si, pour toucher le monde si particulier de l’horlogerie haut de gamme, la marque ne dérogera pas à terme à cette sacro-sainte règle en faisant aussi appel à des représentants spécialisés externes... De nouveaux horizons prometteurs s’ouvrent pour une horlogerie qui n’entend certainement pas figurer au simple rang d’accessoire.

SPÉCIFICATIONS TECHNIQUES

Tambour W1ST10

Boîtier en acier inoxydable; 40 mm de diamètre; 8,3 mm d’épaisseur; cadran gris; compteur des petites secondes à 6 heures; aiguilles, chiffres et index des heures en or blanc avec traitement Super-LumiNova^® sur les aiguilles et chiffres; glace saphir avec traité antireflet.

Mouvement mécanique à remontage automatique, calibre LFT023; 30,6 mm de diamètre; 4,2 mm d’épaisseur; visible à travers le fond saphir; fonction des heures, minutes, petites secondes; micro-rotor en or rose 22 carats; 50 heures de réserve de marche; 31 pierres; 28’800 oscillations par heure, 4 Hz de fréquence; chronomètre certifié par le Service de Chronométrie à l’Observatoire de Genève.

Bracelet en acier inoxydable avec boucle déployante triple lame invisible.

Étanche à 50 mètres.

Tambour W1ST20

Boîtier en acier inoxydable; 40 mm de diamètre; 8,3 mm d’épaisseur; cadran bleu; compteur des petites secondes à 6 heures; aiguilles, chiffres et index des heures en or blanc avec traitement Super-LumiNova^® sur les aiguilles et chiffres; glace saphir avec traité antireflet.

Mouvement mécanique à remontage automatique, calibre LFT023; 30,6 mm de diamètre; 4,2 mm d’épaisseur; visible à travers le fond saphir; fonction des heures, minutes, petites secondes; micro-rotor en or rose 22 carats; 50 heures de réserve de marche; 31 pierres; 28’800 oscillations par heure, 4 Hz de fréquence; chronomètre certifié par le Service de Chronométrie à l’Observatoire de Genève.

Bracelet en acier inoxydable avec boucle déployante triple lame invisible.

Étanche à 50 mètres.