es débuts du WOSTEP, institution mondialement connue de formation horlogère, remontent à 1966 avec la création d’un cours d’une année à Neuchâtel, pour des horlogers d’Amérique du Nord. Un an plus tard, le cursus de perfectionnement horloger s’ouvre aux étudiants du monde entier. Avec son programme de «Partenariat mondial», l’institution développe des formations à travers la planète.

Les membres de la fondation WOSTEP sont autant des marques horlogères que des manufactures de mouvements et de montres compliquées, des détaillants en Suisse et à l’étranger, des organisations horlogères ou encore des entreprises d’équipement électronique et d’atelier, de fournitures et d’outillage.

Certains des horlogers les plus reconnus sont passés par le WOSTEP, véritable pépinière de talents qui a longtemps été dirigée par Antoine Simonin et a étoffé le nombre de cours offerts au fil des décennies (dont un accent particulier mis sur le SAV). En 2020, Johann Kunz en est devenu le directeur. Nous l’avons rencontré.

Le directeur du WOSTEP, Johann Kunz, entouré d’étudiants du prestigieux établissement de formation

Europa Star: Quel a été votre parcours avant de prendre la direction du WOSTEP?

Johann Kunz: Je viens du canton de Berne et je suis francophone. Après des études en économie, Swatch m’a recruté. J’ai travaillé en Suisse, mais aussi en Espagne et au Japon, notamment sur l’intégration d’Omega au sein du groupe Swatch. De retour en Suisse, j’ai collaboré avec Tissot et Mido, supervisant production et commandes. Un chasseur de tête m’a par la suite offert une position clé au Japon pour diriger le service client de Richemont, gérant plus de 220’000 réparations par an. Puis j’ai rejoint Audemars Piguet, suivi du groupe Richemont à Dubaï, où j’avais la charge du service pour le Moyen-Orient, l’Inde et l’Afrique. Assurer un service de qualité, à l’image de l’horlogerie suisse, a toujours été ma priorité. Après presque une décennie à Dubaï, j’ai été approché pour diriger la fondation WOSTEP, une proposition que j’ai acceptée avec enthousiasme.

Dans quel but cette fondation a-t-elle été créée?

WOSTEP, ou «Watchmakers of Switzerland Training and Educational Program», a été fondé en 1966 pour répondre à une demande croissante de formation spécialisée en horlogerie. Depuis lors, nous avons formé près de 700 élèves sur le site de Neuchâtel et plus de 4’000 dans nos écoles de partenariat à travers le monde. Notre programme s’adapte continuellement aux besoins de l’industrie, offrant des certifications pour les étudiants étrangers et des formations spécialisées pour les Suisses. L’objectif de la fondation WOSTEP est de garantir une éducation horlogère de qualité, digne de la réputation suisse, à l’échelle mondiale.

Le siège du WOSTEP au bord du lac de Neuchâtel

Comment sélectionnez-vous vos étudiants?

Nous avons un processus de sélection strict. Outre les compétences techniques, nous évaluons leur capacité à vivre en communauté et leur passion pour l’horlogerie. Nous aspirons à former d’excellents horlogers pour satisfaire les besoins de l’industrie. Ils doivent aussi être à l’aise dans un environnement multiculturel et plurilingue.

Comment décririez-vous l’atmosphère à la fondation WOSTEP?

C’est une véritable communauté. Nos étudiants viennent du monde entier, créant une atmosphère de camaraderie. C’est un melting-pot de cultures et de langues, mais tous partagent une passion pour l’horlogerie. Cette diversité enrichit l’expérience d’apprentissage et renforce le réseau mondial de nos diplômés.

Quels cours dispensez-vous à vos élèves?

Nous proposons un éventail de cours couvrant divers domaines, allant de la chronométrie au polissage. Nos programmes incluent également des techniques avancées comme la soudure laser. En outre, nous abordons les dernières innovations dans notre domaine.

La fondation WOSTEP se concentre notamment sur le service après-vente. Pourquoi cette spécialisation?

En Suisse, la production horlogère est prédominante. Cependant, à l’étranger, le service après-vente est crucial. Les marques qui soutiennent la fondation WOSTEP veulent garantir un service de qualité à l’échelle mondiale. Nous formons donc nos étudiants à répondre à ces besoins spécifiques, en mettant l’accent sur la réparation et la maintenance.

Quels sont les défis auxquels votre institution est confrontée aujourd’hui?

L’un des plus grands défis est de répondre à la demande croissante d’horlogers qualifiés. Avec la renaissance des montres vintage et la tendance à la réparation plutôt qu’au remplacement, nous devons former davantage d’horlogers. De plus, nous devons constamment adapter notre programme pour répondre aux évolutions de l’industrie.

Comment envisagez-vous l’avenir de la formation horlogère?

L’avenir est prometteur, mais il nécessite justement une adaptation constante. Avec l’émergence des montres connectées et des nouvelles technologies, les horlogers doivent être polyvalents. Nous intégrons ces éléments dans notre programme pour garantir que nos étudiants soient prêts pour les défis futurs.

Comment vous adaptez-vous?

Les montres connectées représentent une nouvelle ère pour l’horlogerie. Chez WOSTEP, nous avons intégré des modules spécifiques pour aborder ces nouvelles technologies. Bien que la mécanique traditionnelle reste au cœur de notre programme, nous reconnaissons l’importance de former nos étudiants aux dernières innovations. Cela garantit qu’ils sont bien équipés pour travailler dans tous les aspects de l’industrie horlogère moderne.

Quelle est la plus grande réalisation du WOSTEP à ce jour?

Celle d’avoir formé des milliers d’horlogers qui travaillent maintenant dans le monde entier! Chaque fois qu’un de nos diplômés réussit dans l’industrie, cela renforce notre conviction que nous faisons quelque chose de bien pour l’horlogerie.

Quel message souhaitez-vous transmettre à la communauté horlogère?

L’horlogerie est un mélange de tradition et d’innovation. Chez WOSTEP, nous sommes fiers de jouer un rôle dans la préservation de cette tradition tout en préparant la prochaine génération d’horlogers à l’avenir. Nous sommes reconnaissants pour le soutien continu de la communauté horlogère et nous nous engageons à continuer à offrir une formation de premier ordre à nos étudiants.

A PROPOS

Raphaël Hatem est Community Manager et œuvre activement pour accroître la visibilité et stimuler l’innovation auprès de partenaires de renom tels que Job Watch, la FHH, Claude Meylan et le Swiss Plastics Cluster. Sa mission se résume à perfectionner et augmenter la visibilité ainsi que l’attractivité des entreprises, un engagement qui l’a amené à déployer ses compétences face aux défis futurs de ces dernières. Fort de 20 années d’expérience dans le secteur horloger, Raphaël est un passionné déterminé à apporter sa contribution aux entreprises en quête d’excellence et participe avec enthousiasme aux rencontres avec des personnes de l’industrie pour notre publication.