e luxe, c’est ce qui se répare», tranchait Robert Dumas, patron historique d’Hermès de 1951 à 1978. Cette définition abrupte et toute simple du luxe résonne aujourd’hui avec plus de force que jamais. A l’heure où l’obsolescence programmée si largement répandue participe de façon catastrophique à la dégradation de notre planète, les quelques mots de cette définition résument tous les enjeux qui nous attendent.

«Réparer», c’est étymologiquement «re-parer», remettre à l’objet sa parure originelle, lui redonner son lustre, son éclat et rétablir sa fonctionnalité. «Réparer», c’est réintroduire l’objet dans une économie circulaire plus vertueuse. «Réparer», c’est se donner les moyens de pouvoir transmettre l’objet, d’assurer sa pérennité. «Réparer», c’est économiser nos ressources, protéger notre environnement.

Une fois n’est pas coutume, le luxe peut contribuer à montrer la voie car la pérennité et la durabilité sont au cœur de son offre, ce qui en fonde la raison. Comme l’écrivait notre consœur Isabelle Cerboneschi, c’est là tout simplement «la politesse du luxe» (Le Temps, 4/12/2014).

«Le luxe, c’est ce qui se répare», tranchait Robert Dumas, patron historique d’Hermès de 1951 à 1978.

Après avoir dirigé pendant 15 ans la Fondation de la Haute Horlogerie, organisatrice de l’incontournable SIHH de Genève devenu depuis Watches & Wonders, Fabienne Lupo lance un salon d’un nouveau genre sous le nom de Re-Luxury.

Signe des temps

Le lancement du premier salon Re-Luxury intervient à point nommé, au moment où la conscience générale des nouveaux défis qui nous attendent s’élargit sous la pression des bouleversements climatiques spectaculaires et des catastrophes géopolitiques qui assaillent notre planète.

Il est le signe d’un changement graduel qui prend peu à peu place. Pour preuve, on estime que le seul marché global des montres d’occasion (via ventes aux enchères, plateformes et détaillants spécialisés) représente désormais entre 20 et 22 milliards de francs par an (soit l’équivalent des chiffres d’exportation de l’ensemble de l’industrie horlogère suisse en 2021). Une progression spectaculaire qui commence à chambouler les modèles d’affaires de toutes les manufactures.

Le phénomène, qui touche tout aussi bien le secteur de la mode, des accessoires et de l’équipement, est porté essentiellement par la nouvelle génération et est nourri par une appétence qui ne se dément pas envers le vintage. Car, contrairement au «neuf», l’objet de deuxième voire troisième main a une vraie histoire à raconter, une «âme» façonnée par son histoire.

Photo: Bruno Barbon, Atelier de Susanna Pozzoli ©Michelangelo_Foundation

Exemplarité du luxe

«Le luxe se doit d’être exemplaire en termes de valeur de durabilité et donc de transmission, nous explique Fabienne Lupo. Au départ, je voulais associer les marques au salon Re-Luxury. Mais je me suis rapidement rendu compte que cette forme de circularité n’était pas encore une de leurs priorités, même si de plus en plus de marques deviennent conscientes de tout l’intérêt qu’il y a, en termes d’image aussi bien qu’en termes économiques, de reprendre leurs objets, de les restaurer, de les réintroduire dans le circuit. D’une certaine façon, l’objectif est de transformer ses produits en passant de la seule notion de consommation à celle d’investissement.»

Cette première édition du salon Re-Luxury est là pour poser les bases d’un projet qui devrait inexorablement prendre de l’ampleur au fil des années à venir. Car nous n’en sommes sans doute qu’aux prémices d’un mouvement bien plus vaste, qui questionne en profondeur les conséquences sociales, environnementales et éthiques d’une économie marchande follement mondialisée.

WatchBox, qui vient de devenir l’actionnaire de référence de De Bethune, est en train de démontrer concrètement que des ponts s’édifient entre «Luxury» et «Re-Luxury».

Certains l’ont déjà bien compris. Seul horloger à être un partenaire direct du salon Re-Luxury, Richard Mille, qui y présentera quelques pièces d’exception, a à nouveau une longueur d’avance. Marque très solidement implantée mais perçue comme étant encore «jeune» (21 ans cette année), Richard Mille a tout intérêt à démontrer ainsi la pérennité, donc la valeur d’investissement, de ses modèles rupturistes. Mais le partenaire principal du salon est, tout naturellement pourrait-on dire, eBay, qui affiche ses grandes ambitions dans l’horlogerie et qui présentera une «sélection inégalée d’articles de luxe authentiques», dont des montres mais aussi des bijoux et des sacs à main.

Autre partenaire d’importance: WatchBox. Première plateforme internationale de montres de luxe de collection, WatchBox présentera une sélection des plus importantes marques et d’indépendants de renom. Toutes les montres, dûment certifiées, jouiront d’une garantie de deux ans. Rappelons au passage que WatchBox, qui vient de devenir l’actionnaire de référence de De Bethune, est ainsi en train de démontrer concrètement que des ponts s’édifient entre «Luxury» et «Re-Luxury». Enfin, la Fondation Origyn, qui émet des certificats d’authenticité biométriques pour objets de luxe, sera le partenaire principal du programme des «Talks».

L’équipe Re-Luxury (de gauche à droite): Raffaella Rossiello, partenaire et directrice de la communication, Fabienne Lupo, fondatrice et CEO, Sophie Delétraz, partenaire et directrice créative

Un riche agenda

Accueilli par l’Hôtel Président Wilson de Genève, le salon Re-Luxury se déploiera du 4 au 7 novembre 2022 sur deux étages distincts. On y découvrira un vaste salon-showroom où seront présentés montres précieuses, joaillerie, sacs à main, vêtements de luxe. Le visiteur pourra y dénicher des pièces rares voire uniques et des objets de collection, tous authentifiés et certifiés. Mais il pourra aussi y apporter ses propres objets précieux, les faire évaluer par des experts reconnus présents sur place. Voire les vendre afin de les remettre dans le circuit.

Au-delà de cet espace commercial, le même public aura accès à des espaces thématiques distincts. Pami eux, la «Clinic» qui regroupera une sélection des meilleurs artisans de la réparation et de la restauration dans les divers domaines présents au salon. Là, il pourra prendre connaissance de leur savoir-faire dans le domaine de la restauration et de la valorisation des objets précieux. Il rencontrera aussi dans l’espace «Lab» start-ups et acteurs émergents du luxe qui lui présenteront leurs derniers développements technologiques et, surtout, leurs initiatives en faveur d’un «luxe plus responsable et durable».

Il pourra enfin découvrir une collection exceptionnelle de vêtements signés Yves Saint Laurent avant d’aller participer à un des «Talks» qui se dérouleront chaque jour. Au menu, des échanges avec collectionneurs, experts mais aussi spécialistes des dernières tendances dans l’économie du luxe: «Re-Commerce, Upcycling, Recycling, Sourcing, Blockchain, NFT...», autant de barbarismes qui n’auront dès lors plus de secret pour lui.

Le visiteur pourra aussi y apporter ses propres objets précieux, les faire évaluer par des experts reconnus présents sur place. Voire les vendre afin de les remettre dans le circuit.

INFORMATIONS PRATIQUES

• SALON RE-LUXURY
• Du 4 au 7 novembre 2022.
• Hôtel Président Wilson, 47 Quai Wilson, Genève. Entrée esplanade Palais Wilson.
• Ouvert au public.
• Tarif: 30 CHF par personne et par jour; Package 4 jours: 90 CHF.
• www.reluxuryevent.com
• @reluxury_event