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L’horloger qui a sauvé Zenith de l’oubli

CHARLES VERMOT

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décembre 2018


L'horloger qui a sauvé Zenith de l'oubli

L’histoire est connue, mais elle vaut la peine d’être rappelée. Et après tout, ce numéro d’Europa Star est là pour dire toute la valeur qu’a la mémoire et sa conservation.

E

n 1972, l’américaine Zenith Radio Corporation, alors propriétaire de Zenith, a vu le quartz arriver, a décidé que c’était l’avenir, le seul avenir, et a ordonné de tout balancer. Outillage, étampes, composants vendus à la tonne, plans et tout le reste à la poubelle.

Un horloger en pleure. Charles Vermot est le responsable de l’atelier des mouvements chronographes. Il a participé aux premières loges à toute l’aventure du Calibre El Primero. Il se démène pour le sauver mais les Américains ne veulent rien entendre. C’est du passé ! OUT. Alors il déménage en cachette 150 étampes (au prix de 40’000.- CHF de l’époque chacune, en tout une tonne), les cames, les outils de coupe, les plans techniques, les classeurs, tout. Pour qui connaît la manufacture Zenith avant sa récente transformation, au bout de couloirs, de passerelles et d’escaliers, il y a des greniers oubliés. Il y cache là son trésor. Désormais seule avec son quartz, Zenith périclite.

En 1978, le groupe de microtechnique Dixi rachète la maison. Progressivement, l’intérêt pour l’exceptionnel mouvement El Primero va renaître avec le retour de la mécanique. Le voisin Ebel s’y intéresse, Rolex aussi pour ses Daytona. Il y a encore quelques rares stocks mais tout le reste a disparu, jeté à la poubelle ou vendu à l’encan pensent les responsables.

Mais en 1984, Charles Vermot sort alors du bois, emmène le directeur au fin fond de ses vieux greniers remplis de rebuts et lui montre les 9 caisses de matériel conservé. Quant aux plans, il sort un classeur couvert de poussière où tout est scrupuleusement consigné.

L'horloger qui a sauvé Zenith de l'oubli

Charles Vermot, héros plus que modeste, a sauvé Zenith et assuré quelque fortune à quelques uns. Encore ému aux larmes des années après, il raconte toute son aventure dans un portait très touchant qu’a fait de lui la Télévision Suisse en 1991*. Quand la journaliste lui demande ce qu’il a reçu pour avoir ainsi sauvé toute une entreprises et ses emplois, Charles Vermot montre la El Primero nouvelle génération qu’il porte au poignet, cadeau de l’entreprise, « une belle pièce qui me fait plaisir ». C’est tout ? Oh non, « … et puis avec mon épouse, on a été invités à un bon repas. »

La mémoire n’est pas toujours récompensée à sa juste mesure.

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* Vidéo à voir sur https://www.rts.ch/archives/tv/information/tell-quel/7386270-le-retour-du-tic-tac.html]