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Chopard: bâtir son indépendance à long terme

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décembre 2021


Chopard: bâtir son indépendance à long terme

Il y a 25 ans, Karl-Friedrich Scheufele créait Chopard Manufacture avec un coup d’éclat: sa première montre in house, la L.U.C 1860 en or jaune, reçut d’emblée le prix de la «Montre de l’Année» du magazine Montres Passion (Uhrenwelt). Depuis, alors que personne n’attendait Chopard sur ce terrain, Karl-Friedrich Scheufele a bâti pas à pas une véritable manufacture complète, verticalement intégrée, a multiplié les premières, a maîtrisé pas à pas les métiers d’art et s’est doté aussi d’un bras industriel, Fleurier Ébauches. De quoi assurer son indépendance à long terme et l’excellence de sa production.

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ous sommes en 1993-1994. La renaissance de la montre mécanique bat son plein et les grandes manoeuvres autour des manufactures commencent à se dessiner (Richemont rachètera Jaeger-LeCoultre, IWC et A. Lange & Söhne à Mannesmann en 2000).

Aux yeux de Karl-Friedrich Scheufele, alors vice-président de Chopard, il devient évident voire impératif que Chopard, encore considéré avant tout comme un joaillier-bijoutier faisant aussi des montres, renforce son image d’horloger dans le plein sens du terme.

Une question vitale de crédibilité à long terme pour cette entreprise familiale. Une façon aussi de renforcer la part masculine de son offre, alors cantonnée à 20% en valeur et 35% en volume.

Avis de naissance du mouvement L.U.C 1.96 et de la montre L.U.C 1860 dans Europa Star en 1997
Avis de naissance du mouvement L.U.C 1.96 et de la montre L.U.C 1860 dans Europa Star en 1997

Première pierre: créer son propre mouvement

Pour y parvenir, la décision est prise de créer un mouvement propre manufacturé en interne. Et de le faire en toute indépendance et discrétion. Karl-Friedrich Scheufele contacte alors Michel Parmigiani, établi à Fleurier et qui était alors encore indépendant. Ensemble, ils définissent le type de mouvement à créer et la répartition des tâches pour le produire. Le projet démarre concrètement en 1995. Dix-huit mois plus tard, un premier prototype est prêt à passer les tests.

En parallèle, une réflexion est menée sur les moyens de sa production. «Cela aurait été tout à fait possible de le faire dans les ateliers de Meyrin où s’effectuaient déjà remontage, réglage des mouvements, travail sur les ébauches, y compris certaines complications, nous explique Karl-Friedrich Scheufele. Mais je voulais créer une entité spécifique dédiée car il était évident que pour aller plus loin, il fallait bâtir une unité de production d’ébauches.»

«Je voulais créer une entité spécifique dédiée car il était évident que pour aller plus loin, il fallait bâtir une unité de production d’ébauches.»

Une revue des modèles L.U.C depuis 1997
Une revue des modèles L.U.C depuis 1997

Décision est prise de la créer à Fleurier. La région a une longue histoire horlogère, il s’y trouve une main d’oeuvre formée mais elle a aussi pour elle d’être un peu à l’écart, calme, paisible et de ne pas fourmiller de manufactures concurrentes. En 1996, un local est trouvé, Chopard Manufacture est fondée et l’aventure peut véritablement commencer.

Chopard engage alors un constructeur, un prototypiste, des mécaniciens de précision et «récupère le bébé» à l’interne. Le mouvement est amélioré, optimisé, son rotor redimensionné et le L.U.C 1.96 voit le jour en 1996. Il va équiper sa première montre, la L.U.C 1860 (date de la fondation de Chopard) qui sort en 1997.

Indépendance et excellence

«Que fait Chopard?» «Ils sont devenus fous!» «Ils feraient mieux de rester à leur place.» Les réactions de la communauté horlogère ne se font pas attendre devant l’apparition surprise de ce «nouvel acteur» sur l’échiquier de la grande mécanique. Car, aussitôt remarqué et primé, ce nouveau mouvement possède bien des atouts et va former le socle du développement à venir de la Manufacture Chopard.

Le L.U.C 1.96 a été conçu dès le départ comme un raffiné mouvement de base dont la puissance lui permettra d’emporter de futures complications. Équipé d’un double barillet superposé, il est doté d’une impressionnante réserve de marche de 70 heures, est très plat - et permet donc la création de montres élégantes -, ses finitions superlatives lui donnent accès au Poinçon de Genève et chacun de ses exemplaires passe systématiquement sous les fourches du COSC.

Sans cesse optimisé, il est d’ailleurs toujours en production 25 ans après. Il va permettre l’envol de la Manufacture et, progressivement, assurer et consolider l’indépendance manufacturière de Chopard.

«Que fait Chopard?» «Ils sont devenus fous!» «Ils feraient mieux de rester à leur place.» Les réactions de la communauté horlogère ne se font pas attendre devant l’apparition surprise de ce «nouvel acteur» sur l’échiquier de la grande mécanique.

Chopard: bâtir son indépendance à long terme

Montée graduelle en puissance

«Dès le départ, l’idée était de s’orienter vers une production semi-industrielle ou, plus précisément, je dirais artisano-industrielle», nous explique Karl-Friedrich Scheufele.

L’objectif est alors de 1’000 à 1’500 mouvements par an. L’atteindre va se faire par paliers suc- cessifs, bien que parfois très rapides.

Initiée à son départ avec cinq salariés, la Manufacture Chopard va très rapidement passer à 10, 15, 20... jusqu’à gagner pleinement ses galons et atteindre plus de 200 personnes actives aujourd’hui à Fleurier.

En 25 ans, Karl-Friedrich Scheufele est parvenu à monter une manufacture intégrée et à créer une impressionnante série de calibres haut de gamme tout en développant par ailleurs une palette complète de métiers d'art.
En 25 ans, Karl-Friedrich Scheufele est parvenu à monter une manufacture intégrée et à créer une impressionnante série de calibres haut de gamme tout en développant par ailleurs une palette complète de métiers d’art.

Tout a commencé sur une page blanche. Il a fallu concevoir, dessiner, prototyper, tester, perfectionner le mouvement. Puis il a fallu mettre les mains à l’ouvrage et commencer par façonner son propre outillage car dès le départ, les pièces importantes que sont notamment platine et pont se font entièrement en interne. Graduellement, de nouveaux métiers et savoirs se sont agrégés: conception, production physique de composants, test, certifications et, remarquablement, décoration poussée à son plus haut niveau, accomplie intégralement en interne et certifiée du Poinçon de Genève.

«Année après année, patiemment, nous avons ajouté des activités et renforcé notre verticalisation, abonde Karl-Friedrich Scheufele. Année après année, les calibres se sont ajoutés les uns aux autres. Année après année, notre besoin d’espace a augmenté.»

Le L.U.C 1.96 a été conçu dès le départ comme un raffiné mouvement de base dont la puissance lui permettra d’emporter de futures complications.

Il est vrai qu’entre l’apparition de la montre L.U.C 1860 en 1997 et aujourd’hui, on compte près de 25 lancements majeurs, depuis la L.U.C Quattro de l’an 2000, avec ses uniques quatre barillets et sa réserve de marche de 9 jours, jusqu’à la dernière-née, la L.U.C Quattro Spirit 25. Une collection unique en son genre.

2019: le modèle L.U.C Flying T Twin
2019: le modèle L.U.C Flying T Twin

La juste équation entre art et industrie

«Industrie ou processus industriels ne sont pas des vilains mots, bien au contraire. Mettre au point un processus de production d’un composant, au haut niveau de qualité et de précision requis, et ceci de façon homogène et continue, est une tâche d’une grande complexité», tient à souligner Karl-Friedrich Scheufele.

L’homme le sait d’expérience car dès 2000, il rachète l’entièreté du bâtiment où la Manufacture est installée et commence une transformation profonde, qui va durer quelques années. Il faut ouvrir de nouveaux espaces, aptes aussi à recevoir de lourdes machines et à répondre à une production qui va en augmentant considérablement.

Mais, fort des enseignements acquis avec les collections L.U.C qui se sont succédées, l’objectif est aussi d’y adosser progressivement un véritable bras industriel, capable de produire des mouvements exclusifs en quantité importante destinés à animer d’autres collections de Chopard que la L.U.C - notamment la récente collection sportive et chic Alpine Eagle.

Le modèle Alpine Eagle
Le modèle Alpine Eagle

En 2008, Karl-Friedrich Scheufele fonde ainsi Fleurier Ébauches. Ce «bras industriel» de Chopard Manufacture fabrique des mouvements trois aiguilles et date, un petit calibre automatique Dame, des calibres automatiques Homme, dont certains en version certifiée chronomètre, en tout 30’000 mouvements par an. Ils équipent notamment toutes les montres mécaniques de la gamme Happy Sport et, comme déjà souligné, la nouvelle ligne Alpine Eagle.

«Fleurier Ébauches n’aurait jamais pu exister sans le préalable de la Manufacture. L’une tire sa légitimité de l’autre, mais le tout forme un ensemble complet et cohérent qui assure notre indépendance en nous laissant le contrôle le plus étendu possible sur notre propre production et nos propres critères de qualité», insiste Karl-Friedrich Scheufele.

2021: le modèle L.U.C Full Strike en platine
2021: le modèle L.U.C Full Strike en platine

25 ans après...

Que serait Chopard aujourd’hui sans son bras Manufacture?

«Impossible à dire, nous répond Karl-Friedrich Scheufele. Tout ce que je peux affirmer objectivement est que la création de la Manufacture a été très, très bénéfique au groupe Chopard. Et ce de nombreux points de vue. Au départ, d’ailleurs, jamais je n’aurais pensé que nous serions capables de produire 30’000 mouvements finis pas an. La Manufacture a ajouté tout un pan à notre activité et à nos savoir-faire. Auparavant, nous maîtrisions déjà totalement l’habillage, désormais nous maîtrisons aussi le moteur dans la carrosserie. La Manufacture a assuré notre indépendance et elle la garantit aujourd’hui à long terme. Elle a aussi permis notre liberté créatrice. Sans oublier, et c’est très important, que pour notre clientèle, qu’elle a d’ailleurs permis d’élargir jusqu’aux collectionneurs les plus exigeants, elle a enrichi notre image, fait de nous de véritables horlogers au même titre que des bijoutiers et des joailliers.»

«Au départ, jamais je n’aurais pensé que nous serions capables de produire 30’000 mouvements finis pas an. La Manufacture a ajouté tout un pan à notre activité et à nos savoir-faire. Elle a fait de nous de véritables horlogers au même titre que des bijoutiers et des joailliers.»

«Dans le haut de gamme horloger et les complications, elle nous a permis d’accumuler un savoir considérable. Et à son tour, ce savoir nous a autorisés et légitimés à faire renaître un nom hor- loger historique encore plus pointu et exclusif, Ferdinand Berthoud. En retour, les critères absolus d’exigence de Ferdinand Berthoud tirent encore vers le haut la Manufacture.»

«Et puis très prosaïquement, la création de Fleurier Ébauches nous a appris aussi la plus extrême rigueur – une valeur proprement industrielle, elle nous a forcés à être plus rationnels, mieux organisés encore. Et ce, au profit de la qualité et de sa constance.» Force est de constater que le pari lancé il y a 25 ans par Karl-Friedrich Scheufele – non sans discussions internes, d’ailleurs – se révèle être un pari gagnant.

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La L.U.C Quattro Spirit 25 à heures sautantes

La L.U.C Quattro Spirit 25 à heures sautantes, présentée à l’occasion des 25 ans de Chopard Manufacture, témoigne aussi magnifiquement que sobrement de la pleine maturité atteinte par la Manufacture.

Son sophistiqué mouvement à remontage manuel, le L.U.C 98.06-L, lui procure une réserve de marche de 190 heures, soit huit jours. Une très rare performance pour une montre à heures sautantes dont l’entraînement du disque des heures est particulièrement énergivore.

Cette performance a pu être accomplie grâce à la technologie Quattro unique à Chopard réunissant quatre barillets superposés et couplés en série. Une technologie brevetée née, rappelons-le, en 2000, soit quatre ans à peine après la fondation de la Manufacture. Ce mouvement de 4,85 mm d’épaisseur, doté d’un précieux spiral à courbe terminale Philips et d’un réglage fin à col de cygne, aux ponts entièrement décorés de Côtes de Genève, aux composants finement anglés, au réglage de haute précision, est certifié Poinçon de Genève (selon la règle de ce label prestigieux, son assemblage se fait dans le Canton de Genève, dans les locaux de Chopard).

2021: le modèle L.U.C Quattro Spirit 25
2021: le modèle L.U.C Quattro Spirit 25

Ce mouvement, qui affiche donc l’heure à saut instantané dans un guichet aménagé à 6h, tandis que son unique aiguille centrale affiche les minutes en pourtour, prend place dans un très sobre boîtier d’or éthique rose de seulement 4,85 mm d’épaisseur pour 40 mm de diamètre, directement inspiré des boîtes savonnettes des montres de poche de Louis-Ulysse Chopard, fondateur de la maison.

Chopard: bâtir son indépendance à long terme

La réserve de marche est indiquée au dos du mouvement, visible à travers un fond transparent en glace saphir qui permet d’admirer sa belle architecture classique.

Le cadran d’émail grand feu, pur, sobre, essentiel, a été intégralement réalisé à l’interne par l’artisan émailleur de Chopard Manufacture sur une base en or éthique rose 18 carats. Finement poli après ses cuissons à haute température (8200), il arbore un aspect légèrement bombé de façon à prendre au mieux la lumière. Sur ce fond immaculé, le logo L.U.CHOPARD, le chemin de fer des minutes et ses chiffres arabes sont également réalisés en émail noir.

Chopard: bâtir son indépendance à long terme

Éditée à 100 exemplaires, la L.U.C Quattro Spirit 25 synthétise parfaitement l’ambition de Chopard Manufacture, à la croisée de l’innovation technique et de la maîtrise des savoir-faire traditionnels.

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