incomparable renommée d’Abraham-Louis Breguet doit évidemment à son génie mécanique, à ses inventions et innovations multiples qui, il y a plus de deux siècles, ont redessiné l’histoire de l’horlogerie, la faisant accéder à une maturité qui perdure jusqu’à nos jours.

Mais ce legs technique n’aurait jamais connu une telle fortune s’il n’avait été accompagné d’un sens esthétique véritablement exceptionnel. Le «style» avec lequel il a exprimé son génie mécanique est radical, essentiel, d’une pureté sans égale. Et la force de ce style provient tout simplement, pourrait-on dire, de ce que l’esthétique se met chez lui intégralement au service des fonctions des garde-temps qu’il façonne.

Avec plus de deux cents ans d’avance, il a appliqué intuitivement la fameuse règle du «form follows function» conceptualisée bien plus tard par le mouvement du Bauhaus. L’élégance de ses créations, son sens des proportions, la finesse de ses décorations découlent directement de l’application de cette règle qui veut que l’esthétique soit l’expression formelle de la technique.

Pour le vérifier, on peut évoquer chacun des détails de ce style, dont certains sont passés dans le langage courant de l’horlogerie: «aiguilles Breguet», «chiffre Breguet», «cadran Breguet», autant de termes devenus génériques, sans même parler du «spiral Breguet», des termes aujourd’hui employés par tous les horlogers.

Le legs technique d’Abraham-Louis Breguet n’aurait jamais connu une telle fortune s’il n’avait été accompagné d’un sens esthétique véritablement exceptionnel.

Un sens aigu du détail

Prenons par exemple les «aiguilles Breguet». Avant lui, les aiguilles des montres étaient ornementales, ornées, massives, souvent dérivées des aiguilles de clocher qu’il fallait pouvoir lire de loin. Breguet, en horloger tout entier tourné vers la performance chronométrique, les veut les plus fines possibles, précises, immédiatement distinctes les unes des autres. Il y ajoute, dans l’acier bleui ou l’or, cette petite et légère sphère, cette «pomme» qui souligne avec grâce leur progression millimétrique.

Même chose pour le cadran. S’il adopte un jeu de très fins guillochages, c’est pour en améliorer la visibilité. En variant subtilement les diverses textures guillochées, on parvient à distinguer parfaitement les différentes zones d’indications temporelles tout en les fondant dans une seule et même surface d’une lisibilité parfaite et immédiate. Quand, pour ses montres simples à trois aiguilles, il opte pour la surface la plus pure, parfaitement émaillée, c’est pour les mêmes raisons d’une lisibilité parfaite, dépourvue de toute ornementation autre que ses gracieux «chiffres Breguet», chiffres arabes légèrement inclinés, très lisibles, d’une discrète élégance.

Breguet Classique Calendrier 7337

Ennemi de la surcharge, obsédé par la clarté de la lecture qu’un trop grand nombre d’aiguilles perturberait, il s’inspire des guichets des grandes horloges et est le premier à les introduire, miniaturisés, dans ses montres compliquées, pour y afficher date, mois, jour de la semaine, phases de lune.

De même, toujours avec l’intention d’offrir une lecture intuitive parfaite des indications, il décentre les cadrans, jouant à l’intérieur des heures et minutes avec l’excentrement des secondes, détachant l’indication lunaire dans son propre espace, la flanquant de deux guichets calendaires. L’œil immédiatement trouve ce qu’il cherche.

La Manufacture Breguet

Les fameuses et si élégantes cannelures des carrures de ses boîtiers procèdent certes d’un sens esthétique aigu, affinant encore le profil de ses montres aux proportions allégées, contraires aux tendances massives de son époque. Mais leur forme, ici aussi, répond à une fonction, celle d’une meilleure prise en mains de ses montres de poche. Et, petit détail qui a son importance: les cannelures préviennent efficacement contre les traces de doigts laissées par celui qui consulte sa belle montre...

L’héritage de Breguet est tout entier là, dans cette fusion parfaitement équilibrée entre les nécessités de l’art mécanique et celles de sa meilleure transmission esthétique. Abraham-Louis Breguet a ainsi composé un vocabulaire complet qui a profondément enrichi et inspiré le langage horloger. Au final, son style possède une identité si forte qu’il est immédiatement reconnaissable.

Ennemi de la surcharge, obsédé par la clarté de la lecture qu’un trop grand nombre d’aiguilles perturberait, il s’inspire des guichets des grandes horloges et est le premier à les introduire, miniaturisés, dans ses montres compliquées.

Le cadran

L’ensemble de ces codes définis par Abraham-Louis Breguet se retrouve dans la Collection Classique, comme le démontre avec grande élégance la nouvelle Classique Calendrier 7337. A la fois fidèlement traditionnel et pleinement contemporain, ce garde-temps affiche heures et minutes sur un cadran excentré qui contient une petite seconde, elle aussi excentrée à 5h. Au-dessus, à 12h dans le cadran extérieur, s’ouvre une phase de lune en demi-cercle, flanquée de deux guichets à large ouverture affichant jour à 10h et date à 2h.

Une configuration directement inspirée de la Breguet No. 3833, vendue le 12 mai 1823. Seule différence notable dans l’agencement des indications, la petite seconde passe de 9h à 5h, une po- sition plus immédiatement lisible pour une montre-bracelet portée au poignet.

Breguet No. 3833, vendue le 12 mai 1823. Boîtier or, cadran argent excentré avec guichets pour date et phases de lune, petite seconde excentrée, échappement à ancre.

©Breguet

Sur ce cadran en or, Breguet exprime la maîtrise de son savoir-faire en matière d’art du guillochage main. Le cadran excentré affiche un très fin guillochage Clous de Paris tandis que le cadran extérieur arbore un motif grain d’orge circulaire qui lui confère un mouvement comme en expansion. A midi, la lune en or martelée à la main et à la surface légèrement bosselée brille entre des nuages sablés et mats. Le ciel en relief sur lequel elle se dégage est de laque bleue piquée de paillettes comme autant de fines étoiles qui scintillent doucement.

Heures, minutes et secondes s’indiquent à la fine extrémité d’aiguilles «pomme» traditionnelles en acier bleui, signature de la Maison. Un jeu typographique des chiffres se déploie entre les chiffres Breguet qui indiquent les phases de lune sur fond d’or brossé, les chiffres romains du tour des heures et minutes et les chiffres Breguet que l’on retrouve à la petite seconde. Ultime détail traditionnel du cadran: les deux plaquettes qui portent le nom de Breguet et le numéro unique de fabrication de la pièce.

L’ensemble de ces codes définis par Abraham-Louis Breguet se retrouve dans la Collection Classique, comme le démontre avec grande élégance la nouvelle Classique Calendrier 7337.

L’habillage

Pour Abraham-Louis Breguet, tout était question de proportions et celles-ci avaient directement à voir avec son obsession de la lisibilité. Offrir au cadran l’espace le plus dégagé possible implique de réduire au maximum l’épaisseur de la lunette. Procurer à son porteur la meilleure maniabilité – ou confort au porter pour une montre-bracelet – induit un allégement des volumes, une simplicité des formes.

Gravé sur son pourtour des célèbres et utiles cannelures, le boîtier de la nouvelle Classique 7337, en or blanc ou en or rose 18K, affiche 39 mm de diamètre pour 9,95 mm d’épaisseur. Il est comme porté en avant, mis en valeur par de fines et discrètes cornes arrondies et traditionnellement soudées – une opération délicate mais qui lui confère rigidité, sécurité et parfaite géométrie intégrant cornes et boîtier.

Pour Abraham-Louis Breguet, tout était question de proportions et celles-ci avaient directement à voir avec son obsession de la lisibilité.

Le mouvement

Esthétiquement, le calibre 502 à remontage automatique de la Classique Calendrier 7337 reprend le même vocabulaire stylistique que celui du cadran. Sa masse oscillante en or blanc est elle aussi décentrée et guillochée à la main des mêmes motifs grain d’orge de forme circulaire.

Mais son excentrement n’est pas un pur souci esthétique, c’est aussi une façon de pouvoir dégager de l’espace en faveur des principaux composants du mouvement. Car avec son épaisseur de 2,4 mm, le calibre 502, qui oscille à la fréquence de 3 Hz et offre une réserve de marche de 45 heures, est un des plus plats de chez Breguet. Pour gagner en finesse, son barillet est laissé ouvert et ses 236 composants s’intègrent dans un minimum d’espace tout en garantissant une performance optimale.

Cette performance est optimisée par son spiral en silicium et son échappement à ancre en ligne inversée avec cornes en silicium. Une technologie pointue que, dans sa recherche constante de la meilleure performance, un Abraham-Louis Breguet, toujours à l’avant-garde de son époque, aurait certainement adoptée – si elle avait existé – pour ses propriétés de résistance à la corrosion et à l’usure, pour son insensibilité à l’influence des champs magnétiques, pour la précision qu’elle apporte.

Les finitions angles des composants du mouvement, leurs délicates Côtes de Genève, leur architecture compacte se laissent admirer à travers la glace saphir qui scelle le dos de la montre.

Avec son épaisseur de 2,4 mm, le calibre 502, qui oscille à la fréquence de 3 Hz et offre une réserve de marche de 45 heures, est un des plus plats de chez Breguet.

Une pertinence depuis près de 250 ans

«L’élégance des formes, le choix et la proportion des filets ou moulures, l’effet de l’arrondi des bords de la boîte et du cristal méplat, la délicatesse du guilloché des cadrans et la légèreté des aiguilles, l’opposition du mat au brillant métallique, distinguent nos pièces», déclarait Abraham-Louis Breguet en parlant des principes stylistiques de son horlogerie.

La nouvelle Classique Dame 8068 arbore un cadran en nacre très finement guilloché à la main, dont le tour d’heure est composé de chiffres arabes Breguet qui lui confèrent une légèreté visuelle, à la fois classique, moderne et raffinée. La lunette de son boîtier de 30 mm en or blanc ou or rose et ses attaches sont serties de 64 diamants taille brillant, et sa couronne d’un diamant cabochon.

En 2025, Breguet fêtera ses 250 ans. Lionel a Marca, CEO de Breguet depuis août 2021, et lui-même horloger spécialiste en complications, déclarait récemment dans nos colonnes: «Nous nous inscrivons dans ce temps long. Et l’une des prochaines étapes importantes sera la célébration des 250 ans de la fondation de la maison Breguet en 2025.».

Un anniversaire extrêmement rare dans l’industrie horlogère, preuve que le «vocabulaire» de Breguet nous parle toujours avec autant de pertinence.

Pour la première fois au sein des collections Breguet, la Classique Dame 8068 est proposée dans un coffret qui comporte trois bracelets interchangeables – un en tissu satiné noir et deux en cuir d’alligator coloré bleu sarcelle et violet pour l’or blanc, bleu paon et framboise pour l’or rose, tous fournis avec boucle or. Le très ingénieux système d’interchangeabilité permet de passer d’un bracelet à l’autre en quelques secondes, sans avoir recours à un outil. Calibre automatique 537/3, avec masse oscillante guillochée main, échappement à ancre suisse et spiral en silicium. Réserve de marche de 45 heures.