arl Marx, qui ne portait pas particulièrement les artisans dans son cœur car il voyait en eux des «réactionnaires», contrairement aux ouvriers, progressistes, leur reconnaissait néanmoins une qualité, celle de «ne pas exploiter le travail d’autrui mais de vendre leur propre travail».
Cette notion d’indépendance et d’autonomie est au cœur de ce qu’on appelle aujourd’hui l’artisanat. Et de ce point de vue déjà, nous sommes des artisans car nous sommes indépendants et ne vendons que le produit de notre propre travail.
Autre définition possible, l’artisanat est un travail qui relie directement le cerveau et la main, l’esprit et la matière. Et en ce sens aussi, nous sommes pleinement des artisans. Nous ne travaillons ni le métal ni le bois ni la pierre, mais avec notre esprit et notre main, le papier et l’encre, matériaux qui en valent bien d’autres.
L’artisan façonne des objets destinés à durer. Et bien, c’est ce que nous nous efforçons aussi de faire. Nous mettons tout en œuvre pour que nos lecteurs conservent nos publications, qu’elles deviennent des références, des objets de collection. Et comme pour un artisan dont chaque objet est unique, nous nous remettons sans cesse à l’ouvrage pour faire de chacun de nos produits quelque chose d’unique.
L’artisan est conscient de l’aspect utile de son travail. S’il fait une chaise, par exemple, celle-ci doit être confortable mais aussi belle. L’esthétique fait partie intrinsèque de son travail, exprime son savoir-faire, donne tout son sens à l’objet. Pour nous, le graphisme est l’expression esthétique de notre pensée, elle est au service du sens que nous voulons transmettre. Le plaisir des yeux aide à mieux appréhender le contenu de la page.
L’artisan crée avec ses mains. Mais pour ceci, il crée et utilise des outils. Pour l’écriture, ça a commencé avec la pointe d’un silex, avec des lignes gravées sur un os, puis il y eu l’encre et le stylet, le parchemin, la presse de Gutenberg, la machine à écrire, l’ordinateur… Comme tous les autres artisans, nous avons utilisé des outils de plus en plus évolués. Mais ces outils ne seraient pas grand-chose sans la main qui trace les lettres ou frappe sur son clavier en suivant la pensée. Nous sommes des artisans et entendons le rester.