Artisanat


PARVIS: «Sur ce projet, toutes les étoiles se sont alignées»

octobre 2025


PARVIS: «Sur ce projet, toutes les étoiles se sont alignées»

Le projet PARVIS réunit une multitude de partenaires autour de la création d’une montre Métiers d’Art, au bénéfice de la Fondation Paint a Smile. Derrière ce projet, un artisan passionné: Christophe Blandenier, à l’origine de la société aux multiples talents qui porte son nom à Genève, avec un site à Neuchâtel. Rencontre.

Europa Star: Le projet PARVIS est sans précédent – un sous-traitant qui lance la création d’une montre d’exception en rassemblant de nombreux partenaires et savoir-faire, au profit d’une organisation caritative. Quel a été le déclic qui vous a amené vers ce projet?

Christophe Blandenier: Tout a commencé lorsque j’ai mandaté Nicole de Rham, qui est aujourd’hui la «cheffe d’orchestre» de ce projet, afin de communiquer davantage sur les savoir-faire de notre société. Nous souhaitions communiquer sur les métiers, mais également sur la formation, car trouver du personnel qualifié est une problématique quotidienne pour nous qui engageons beaucoup de jeunes sortant de l’école d’art, notamment de La Chaux-de-Fonds, et de l’École d’Horlogerie de Genève. Nous cherchons à pérenniser nos métiers rares, à montrer et valoriser ce que nous faisons pour susciter des vocations.

Il y a quelque chose que je remarque vis-à-vis de nos clients et prospects: en 18 ans, nous avons beaucoup évolué, mais aujourd’hui encore beaucoup pensent que nous ne faisons que de la gravure. Cela dit, nous ne voulions pas juste publier des photos de notre travail mais plutôt parler indirectement de Blandenier en mettant en avant des artisans et même l’artisanat en général. Cela a été le premier déclic qui a mené à ce projet.

L'initiateur du projet Christophe Blandenier entouré des parrains de PARVIS, Carole Hubscher et Jean-Claude Biver
L’initiateur du projet Christophe Blandenier entouré des parrains de PARVIS, Carole Hubscher et Jean-Claude Biver

De plus vous êtes confrontés à une problématique très concrète si vous cherchez à valoriser votre savoir-faire: vous n’êtes souvent pas autorisés à montrer ce que vous livrez à vos clients…

Oui, comme d’autres, nous sommes liés par des contrats de confidentialité assez drastiques. Et comme l’a fait remarquer Alexandre Catton, le directeur du salon EPHJ, les sous-traitants ne sont pas assez bien équipés pour communiquer leurs métiers. Ce sont les marques qui s’en chargent, mais pas forcément de la manière dont les sous-traitants le souhaiteraient. Avec ce projet, nous avons donc eu envie de faire exactement l’inverse en relevant en quelque sorte ce défi: valoriser les métiers trop souvent «de l’ombre» au moyen d’une communication totalement transparente.

Une photo de groupe des participants au projet PARVIS
Une photo de groupe des participants au projet PARVIS

Pourquoi avoir choisi une démarche caritative?

Par ce biais, toute notion mercantile était immédiatement écartée. Sans cela, un doute aurait pu subsister que nous menions ce projet uniquement pour nous positionner. Et surtout, nous avons pensé à la Fondation Plaint a Smile, une pépite qui est malheureusement peu connue mais réalise un travail extraordinaire. Nous souhaitions rester en Suisse et Nicole de Rham les connaissait déjà d’un projet précédent. Ils peignent des fresques de couleur dans les hôpitaux, notamment pédiatriques, et PARVIS est en quelque sorte notre cadeau dans le cadre de leur 25e anniversaire qu’ils fêtent cette année.

Grâce à leur directrice, Claire Bulliard, nous avons rencontré Carole Ubscher, Présidente de Caran d’Ache, qui offre la peinture à la Fondation. En devenant Marraine Couleur 
de notre projet, elle rejoint Jean-Claude Biver, Parrain de PARVIS. Nous étions très libres dans ce projet et prêts à nous adapter à toute situation, mais à un moment donné les étoiles se sont alignées: tout le monde a mis de la générosité et de l’énergie, et c’est presque comme si ce projet se construisait tout seul, car tous les désormais partenaires le portent très naturellement!

Les étudiantes et étudiants de la HEAD
Les étudiantes et étudiants de la HEAD

Le thème de la transmission vous est particulièrement cher…

Oui, mon père était graveur et j’ai suivi ses pas en me formant à l’école d’art de La Chaux-de-Fonds, à l’époque ou ce métier était bien moins connu et reconnu qu’aujourd’hui. Sensibilisés par la notion de transmission, nous avons évidemment souhaité impliquer les écoles dans notre projet: la HEAD-Genève dont les étudiants créent le design de la décoration du cadran de la montre Upside Down, ainsi que les élèves du CFP Arts Genève/Interactive media design pour réaliser des interviews et animations vidéos.

Ce que je peux aussi apporter très concrètement à ce projet, c’est mon souci du «geste juste». Ce que je n’ai cessé et ne cesse de répéter à nos artisans, c’est que la finalité est de parvenir au geste du calligraphe japonais, qui a tellement perfectionné son savoir-faire qu’il peut réaliser une œuvre magnifique d’un seul trait. C’est comme le musicien qui fait ses gammes, devient virtuose, et peut ajouter une dimension plus émotionnelle à sa partition: c’est ce sens de la perfection par la répétition que l’on trouve chez tous les artisans. C’est pourquoi nous avons voulu faire rayonner l’artisanat au coeur de 
PARVIS. La Chaîne des Rôtisseurs a d’ailleurs été notre premier partenaire! Le geste juste, c’est l’obsession de l’artisan, quel que soit son domaine d’activité.

Combien de temps avez-vous passé à la conceptualisation du projet? Et quelle sera la durée de sa mise en œuvre?

Dans le cadre de ce projet PARVIS et des deux magazines éponymes dédiés, le premier raconte «La Rencontre» et le second «Le Fruit de La Rencontre», nous avons mis un an et demi avant de pouvoir finalement réunir tous les partenaires en un même lieu, au Restaurant des Evaux à Onex (GE). A présent, nous entrons pleinement dans sa mise en œuvre, avec toute la générosité et l’expertise du maître horloger Ludovic Ballouard. C’est un personnage atypique dans cette industrie, par son ouverture d’esprit. J’adore les échanges que nous avons. Il réfléchit avec son cœur.

PARVIS: LE MAGAZINE

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