omme pour beaucoup d’associations caritatives, la création de la fondation Paint a Smile est issue d’une histoire personnelle, d’un drame qui entraîne une prise de conscience. Cette histoire, c’est celle de Laura Cotton qui, après une très douloureuse perte dans sa famille, se retrouve dans un environnement hospitalier froid, blanc, sans couleurs, proprement «clinique», ce qui ne fait rien pour atténuer la souffrance des proches.
De sa propre initiative, cette jeune artiste genevoise décide alors d’agir, pour faire des hôpitaux un lieu plus coloré: si cela peut libérer, ne serait-ce que quelques instants, l’esprit et le regard des patients et visiteurs dans un contexte difficile, ce serait déjà une grande victoire.
Paint a Smile naît ainsi, en l’an 2000, après un premier projet mené en Biélorussie, nous partage la directrice générale de la fondation, Claire Bulliard: «C’est une initiative qui a fait bouger les lignes, car ce concept de «réconfort visuel» n’existait tout simplement pas. Cette action a entraîné un grand élan général et des artistes ont commencé à être formés par la fondation pour décorer les hôpitaux, en priorité les services de pédiatrie.»
Peu à peu, le bouche-à-oreille fonctionne, la fondation se structure et grandit: les demandes affluent et elle vient de finir son 226ème projet. Des actions menées à travers quelque 18 pays, de la Chine à la Polynésie, même si l’accent est aujourd’hui mis sur la Suisse et ses pays limitrophes afin de minimiser les contraintes de voyage et d’augmenter le nombre d’interventions réalisées chaque année.
Dédramatiser l’instant
Jérôme Cousin, chef de projet pour la fondation Paint a Smile, nous partage quelques points importants quant à ces actions sur le terrain, lui qui supervise l’organisation logistique de tous les projets de décoration: «Nous commençons par dialoguer avec les équipes et le personnel médico-soignant, car nous n’avons pas de formule globale, nous souhaitons nous adapter pleinement à leur réalité. Nous cherchons à comprendre comment fonctionne un service pour apporter une réponse graphique sur mesure, qui fasse sens.»
Différents lieux peuvent être décorés, du couloir à la salle d’attente ou d’opération. «Sur un espace de soins, nous étudions comment l’enfant est installé durant l’intervention pour bien identifier les zones à décorer. Nous cherchons en effet à attirer son regard et son attention pour les détourner du soin en cours. Des jeux peuvent être proposés, par exemple trouver l’oiseau d’une certaine couleur dans une canopée. Et pour dédramatiser, nous pouvons dessiner des animaux eux-mêmes plâtrés, avec humour. La girafe avec son long cou dans le plâtre a toujours beaucoup de succès!»
Les services hospitaliers peuvent eux-mêmes choisir si les dessins seront plutôt destinés à la petite enfance ou à un public plus large, comprenant notamment des adolescents. «Est-ce que l’on représente des animaux ou des humains? Ou des animaux humanisés? Tout cela fait partie du dialogue mené en amont.»
Un soutien plein de sens
La fondation mandate régulièrement de nouveaux artistes (plus de cent ont participé à ses actions à ce jour), même si la dure réalité hospitalière et l’émotion qu’elle peut entraîner ne convient pas à toutes et tous. Paint a Smile est soutenue par des mécènes, allant de fondations donatrices à des entreprises. Certains mécènes financent son fonctionnement général, quand d’autres préfèrent soutenir des projets spécifiques. Outre les services hospitaliers, Paint a Smile intervient également dans des EMS et dans des lieux de vie pour personnes handicapées.
Partenaire couleur de Paint a Smile, Caran d’Ache offre toutes les peintures nécessaires à la réalisation des fresques thérapeutiques et accompagne les artistes sur le terrain. Depuis 2008, la manufacture genevoise de crayons et instruments d’écriture est le plus grand partenaire de la fondation, naturellement proche de son esprit et de son engagement. De plus, les «Colourful Days» qu’elle organise soutiennent ponctuellement ses actions.
Paint a Smile est le bénéficiaire du projet PARVIS lancé par les Ateliers Blandenier. «C’est une magnifique opportunité, nous en sommes très heureux, souligne Claire Bulliard. Nous rencontrons beaucoup d’acteurs très intéressants parmi les partenaires du projet, cela donne aussi une belle visibilité à notre mission.»
Comme l’explique Nicole de Rham, en charge de la communication de PARVIS, l’initiative cherchait à soutenir une fondation suisse, voire genevoise. «Peindre un sourire, amener de la couleur, c’est un message plein de sens par rapport à notre projet. Plus nous avançons dans celui-ci, plus nous nous en rendons compte.»
Comme l’exprime Christophe Blandenier: «If you can clearly articulate the goal or the dream, start! Inspirés par cette citation de Simon Sinek, le choix de la fondation que nous avons souhaité soutenir dans le cadre du projet PARVIS s’est imposé comme une évidence: peindre des sourires en couleurs là où la vie les rend rares.»
On ne peut que se réjouir des fresques à venir, qui seront le fruit de cette initiative. Et du sourire qui éclairera le visage de celles et ceux qui en bénéficieront.


