lain Brunier porte un titre qui se fait rare de nos jours et semble tout droit sorti des récits du Moyen-Age: celui de «Bailli». Il faut dire que la société (au sens ancien du terme) dont il est le représentant pour le Bailliage de Genève tire ses racines de l’année 1248: à l’époque on l’appelait la corporation des «ayeurs», soit des «rôtisseurs d’oies», créée sous Saint Louis dans le royaume de France. Elle est devenue par la suite la Chaîne des Rôtisseurs. Après une parenthèse d’un siècle et demi, disparaissant lors de la Révolution française qui met à bas toutes les anciennes institutions, elle connaît une belle renaissance internationale depuis 1950.

Aujourd’hui, la Chaîne des Rôtisseurs, ce sont quelque 25’000 membres dans plus de 80 pays. Et la Suisse n’est pas en reste: elle compte le quatrième effectif de membres au monde! Comment décrire ceux-ci? «Ce sont avant tout des amateurs de bonnes tables et plus généralement des épicuriens, précise Alain Brunier. Les professionnels de la restauration ne représentent qu’une petite minorité, mais nous avons la chance de pouvoir être accueillis chez les meilleurs lors de nos réunions!»

Alain Brunier, président du Bailliage de Genève de la Chaîne des Rôtisseurs

Lui-même a eu un long et beau parcours dans la gastronomie. Originaire d’Annecy, il a fait ses classes à l’Ecole Hôtelière de Lausanne avant de contribuer à la bonne réputation de plusieurs établissements, de Montreux à Courchevel en passant par Divonne-les-Bains, où il décrochera sa première étole Michelin. Son parcours l’emmènera jusqu’à l’île Maurice ou la Tunisie, avant de revenir en Suisse pour occuper un poste d’enseignement à l’Ecole Hôtelière de Genève. Il en assurera finalement la direction générale durant une quinzaine d’années, la plaçant dans le top ten des écoles mondiales.

Célébrer et transmettre le génie humain

Autant dire que la notion de «transmission», qui se trouve au cœur du projet PARVIS, lui est chère, que ce soit à travers son parcours professionnel ou sa fonction de Bailli genevois de la Chaîne des Rôtisseurs, qui organise régulièrement des concours pour encourager la relève parmi les cuisiniers et les sommeliers. Le prochain concours, soutenu d’ailleurs par le grand détaillant horloger allemand Wempe, se tiendra cet automne à Genève.


Les parallèles sont nombreux entre gastronomie et horlogerie: on peut certes se contenter de lire l’heure sur l’horloge électronique de son four micro-ondes en réchauffant son plat en vitesse, ou on peut converser de mécanique et de culture autour d’une belle table dressée de magnifiques plats. Les deux répondent à des besoins élémentaires – se nourrir, se repérer dans le temps – mais de manière diamétralement opposée… Autant dire que la Chaîne des Rôtisseurs comme les Ateliers Blandenier, à l’origine du projet PARVIS, se rattachent à la seconde version, soit magnifier un besoin élémentaire qui peut se transformer en art, grâce au génie humain!

Thème gastronomique pour la montre Métiers d’Art

Le lien avec le projet PARVIS s’est fait par l’intermédiaire de l’essentielle Nicole de Rham, qui le pilote et assure sa communication. «Nous nous connaissions de longue date, souligne Alain Brunier. Nicole m’a fait rencontrer Christophe Blandenier et l’échange a immédiatement été très positif. De nos discussions est née l’idée d’intégrer un thème gastronomique au projet. Nous avons tous trois pour vocation de réunir des gens autour d’une passion commune.»

La centaine de membres que compte le Bailliage genevois de la Chaîne des Rôtisseurs se réunit dix fois par an lors de dîners qui donnent également lieu à des actions caritatives. Grâce à PARVIS, Alain Brunier a découvert la Fondation Paint a Smile, qui décore les lieux de soins pour contribuer au mieux-être de tous, à laquelle le fruit de la vente de la montre issue du projet seront reversés. Très naturellement, il en a également fait l’un des bénéficiaires des actions caritatives de la Chaîne des Rôtisseurs. Un cercle vertueux semble ainsi s’être mis en place, qui se concrétisera certainement encore l’an prochain, à l’occasion des 75 ans du Bailliage de Genève.

«Quand on voit le soin que met un artisan à décorer un mouvement ou un cadran de montre, on ne peut qu’être émerveiller et tirer le parallèle avec notre propre passion, relève Alain Brunier. Le monde de la gastronomie lui aussi fait vivre tout un écosystème, tout un réseau de sous-traitance. Et au final, il y a le sourire!»

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