a «RD#5»: dès son appellation, on pressent que la nouvelle Audemars Piguet va exiger une plongée dans les brevets et dessins techniques pour en saisir l’essence. Un produit d’horloger, pour horloger. Sauf que... c’est précisément l’inverse. Le cahier des charges de la manufacture est à l’opposé. Il répond à une question d’une désarmante simplicité: qu’aiment les collectionneurs, et comment y répondre?
Certes, l’enjeu est aussi vieux que le montre elle-même. Mais souvent réalisable dans la limite de ce qui est connu, industrialisable et économiquement viable. Pour une RD#5, ces questions ne se posent pas. La pièce est exploratoire et limitée (150 exemplaires). Elle pose des jalons, ouvre de nouvelles voies créatives.
Le cahier des charges répond à une question d’une désarmante simplicité: qu’aiment les collectionneurs, et comment y répondre?
«L’idée maîtresse, c’est de confier à la mécanique intérieure ce que la mécanique extérieure n’aura plus à faire», explique Giulio Papi, Directeur Conception Horlogère. En somme, réduire les efforts que l’utilisateur doit faire pour lire et régler sa montre, afin que celle-ci fasse le travail à sa place.
«C’est comme un smartphone»
Le jeu des poussoirs porte les améliorations les plus visibles. Ou, plutôt, les plus sensibles. «Comme ceux que l’on trouve sur un smartphone», glisse Giulio Papi. La comparaison est simple, mais l’enjeu technique, complexe.
«Les modèles modernes, contraints par l’étanchéité et la production industrielle, exigent 1,2 mm de course et 1,2 kg de pression, et perdent en finesse. La RD#5, en s’inspirant des chronographes des années 1950 réputés pour leur douceur, vise une ergonomie proche des boutons de smartphone: 0,35 mm pour 0,35 kg», poursuit l’intéressé.
«La montre dispose de deux poussoirs. D’abord, notre Start/Stop, où la roue à colonnes, gage de douceur, est associée à un embrayage à denture verticale, pour atteindre l’ergonomie d’un smartphone. Ensuite, la remise à zéro. Ici réside l’innovation majeure. Car traditionnellement, elle repose sur un marteau agissant sur un cœur, énergivore et à course longue, sollicitant directement la pression du doigt. La RD#5 remplace ce système par un pignon et une crémaillère. Le ressort de la crémaillère est armé par le pignon pendant la marche du chronographe. Le poussoir ne fait plus que libérer un verrou, laissant la crémaillère restituer son énergie au pignon pour remettre les aiguilles à zéro. De plus, en supprimant une dent du pignon, la crémaillère retombe toutes les 60 secondes durant la marche du chronographe: cette astuce permet au passage d’incrémenter instantanément d’une dent le compteur de minutes, qui devient sautant.»
«L’idée maîtresse, c’est de confier à la mécanique intérieure ce que la mécanique extérieure n’aura plus à faire.»
User friendly
Ce travail ergonomique se poursuit à l’échelle globale de la montre. Le mouvement ne fait 4 mm d’épaisseur, pour adhérer aux canons du quiet luxury. Même chose pour la boîte, contenue en un sage diamètre de 39 mm. La masse oscillante périphérique, que l’on avait plus vue chez AP depuis une dizaine d’années, ouvre une vue totalement dégagée sur le mouvement. La réserve de marche atteint 72h.
Et, cerise sur le gâteau: plus besoin de tirer la couronne. Une légère pression la déverrouille et donne accès au remontage et à la mise à l’heure. Pourrait-on adapter cette idée à la complexité du réglage d’un QP? Ou envisager un chrono à seconde elle aussi sautante? Rendez-vous pour la RD#6, peut-être...