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Ocarat, le détaillant français aux 180 marques

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juin 2024


Ocarat, le détaillant français aux 180 marques

Son portfolio est la collection quasi-exhaustive des marques abordables de l’horlogerie contemporaine, allant de grands noms établis à des startups et micro-marques. Surtout, Ocarat, qui vend à 99% en France et à 90% en ligne, rassemble presque toute la scène horlogère française et organise désormais chaque année un salon à succès à Paris, We Love Watches. Visite.

C’

est un nom incontournable quand on commence à s’intéresser à l’horlogerie en France – et le détaillant accompagne certainement nombre d’initiés dans leur parcours allant des modèles les plus abordables à quartz vers les cieux plus sélectifs de la mécanique. L’an dernier, Ocarat a vendu environ 50’000 montres dans l’Hexagone, de Casio à Pequignet et de Tissot à Lip ou Frederique Constant. Disposant d’une seule boutique physique à Paris, l’enseigne réalise près de 90% de son chiffre d’affaires en ligne.

Et pourtant, c’est bien loin de la France et de l’horlogerie que le co-fondateur d’Ocarat (même si le nom de la boutique trahit ces racines) opérait avant de se lancer dans la montre: Arnaud Poujade était actif dans le diamant, établi en Afrique centrale, avec un bureau de trading à Anvers. Mais la crise des subprimes de 2008 est passée par là, entraînant son retour en France.

Arnaud Poujade, co-fondateur d'Ocarat
Arnaud Poujade, co-fondateur d’Ocarat

Du diamant au bijou et à l’horlogerie

La suite, il la raconte lui-même: «A ce moment, nous avons décidé avec mes associés de digitaliser notre activité de diamantaire, puis le bijou est venu naturellement, suivi de l’horlogerie. Pour développer notre catalogue horloger, nous sommes allés à Baselworld et avons tout de suite compris que si nous n’avions pas de boutique, la bataille serait perdue!»

Alors que le e-commerce est encore balbutiant, un ancrage physique sert à convaincre les marques: «Nous avons ouvert une boutique, Ochrono, pour avoir accès aux marques de renom. Mais rapidement nous avons cherché à nous démarquer en étoffant notre catalogue avec des marques plus indépendantes et moins distribuées.»

A cette époque, une plateforme de financement participatif sert notamment à faire éclore un grand nombre de nouvelles marques: Kickstarter. De nombreux journalistes spécialisés se rappellent certainement recevoir au milieu des années 2010 près d’un email par jour leur annonçant la naissance d’une startup horlogère! Mais le numérique a ses limites et il est difficile de sortir d’un modèle disruptif, en particulier lorsque la structure des coûts ne comprend pas de marge traditionnelle pour les détaillants. Avec son modèle «phygital», Ocarat deviendra le point de chute en France des meilleures d’entre elles, celles qui arrivent à s’inscrire dans la durée.

Le meilleur des deux mondes

«Le site e-commerce, comme espace de vente virtuel, nous permettait d’élargir notre catalogue à l’infini contrairement à une boutique qui a une limite physique, poursuit Arnaud Poujade. Aujourd’hui, notre boutique est située au 91 rue de Rivoli entre le Louvre et La Samaritaine, le deuxième emplacement en France en terme de passage quotidien derrière les Champs-Elysées.»

Cette stratégie hybride et pionnière paie: avec 45 marques horlogères en boutique, de la montre hyper abordable aux incursions dans les complications et la Haute Horlogerie, sans jamais hésiter à mélanger les genres, et environ 180 marques sur le site e-commerce, Ocarat assure un choix sans pareil. Malgré ce côté très éclectique, le détaillant semble trouver une forme de cohérence dans sa quête perpétuelle de la «nouvelle pépite horlogère», quel que soit son pedigree tant que sa proposition est originale. Une démarche qui tranche fortement dans une ère où les boutiques mono-marques exclusives dominent les ouvertures de points de vente dans le monde horloger.

Ocarat, le détaillant français aux 180 marques

Un événement grand public à La Samaritaine

Au fil des années, le détaillant a ainsi réussi à mobiliser «pas moins de 600’000 clients actifs». Et donne la part belle à l’horlogerie française: Lip, Yema, Beaubleu, Herbelin, March LA.B, jusqu’à Awake, Inercy, Buci et Sartory Billard, parmi bien d’autres… «Plusieurs de ces marques ont réussi à se positionner et à être légitimes sur leur segment, se réjouit Arnaud Poujade. Il y a un vrai renouvellement générationnel dans l’horlogerie française avec des marques qui parviennent enfin à maîtriser la communication digitale et les réseaux, y compris à l’intention du public anglo-saxon. Celles qui se démarquent sont celles qui arrivent à toucher une clientèle internationale.»

Cerise sur le gâteau, Ocarat a réussi à redonner à Paris ce qui lui manquait depuis plusieurs années: un événement horloger. La première édition de «We Love Watches» a réuni 48 marques l’an dernier et était bondé sur seulement deux sessions lors d’un après-midi et une soirée. La prochaine édition aura lieu le 12 octobre sous la verrière historique du grand magasin La Samaritaine. Le nombre d’exposants devrait quasiment doubler et 1’500 visiteurs sont attendus.

Le but est cohérent avec celui que vise le détaillant au quotidien: amener le grand public vers l’horlogerie et en particulier l’horlogerie française, loin des événements sélectifs et réservés aux happy few (même s’il vaut mieux réserver, car les places, qui seront mises en vente en juin, partent vite pour ce cet événement!). Une approche très ouverte qui incarne une vision alternative du commerce de détail horloger et offre une belle visibilité à des marques qui en manquent cruellement. Un dernier chiffre pour finir: outre ses 180 marques d’horlogerie, Ocarat distribue pas moins de 130 marques… de bijoux.