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Daniela Dufour, héritière déterminée

ACADÉMIE DU GPHG

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octobre 2023


Daniela Dufour, héritière déterminée

Un nom de famille incontournable dans l’horlogerie moderne, synonyme d’excellence ultime et d’indépendance. Comment le porte-t-elle? Et quelles ont été ses motivations pour suivre la voie de son père? Rencontre.

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aniela Dufour est née le 6 juillet 2001. Elle a grandi en région parisienne et rien ne la prédestinait à s’orienter vers l’horlogerie. «Je voulais être danseuse de ballet ou astronaute», avoue-t-elle en riant, «comme une petite fille normale». Puis ses parents se sont rencontrés à Paris, au Louvre, au salon Belles Montres (exposition horlogère parisienne aujourd’hui disparue). Et l’histoire d’amour avec l’horlogerie débute.

«Nous avons déménagé en Suisse en 2007 et c’est là que j’ai commencé à m’intéresser. Mon père passait des heures, des journées entières dans son atelier. Cela a aiguisé ma curiosité. Je voulais voir ce qu’il y faisait.» Elle confie: «Je l’entendais répondre à des interviews. La question de sa succession revenait souvent et il ne donnait jamais de réponse. L’idée m’est alors apparue. J’avais envie qu’il y ait une suite à ce que mon père était en train de créer.».

Daniela Dufour, héritière déterminée

À 12 ans, elle lui déclare qu’elle veut devenir horlogère. Contre toutes attentes, cette déclaration le fâche presque. Il est farouchement contre! «C’est un métier très difficile, très fermé, en particulier pour une femme», furent les termes qu’elle entendit alors. Pourtant, jamais cela n’altèrera son envie, ni sa détermination.

À la fin de son cycle d’études, elle reprend la discussion avec lui et lui signifie que c’est ce qu’elle souhaite faire par dessus tout. Cette fois, il l’entend et la pousse pour passer les examens d’entrée dans diverses écoles et apprentissages. Elle est reçue à l’Ecole Technique de la Vallée de Joux au Sentier - celle-là même d’où est sortie son illustre père! Elle y fera ses quatre années et obtiendra son diplôme d’horlogère à part entière.

Mais elle en ressort avec un sentiment mitigé. Elle se remémore: «Je suis une femme, métisse, de surcroît, la plus jeune de l’école et en plus je suis la fille de mon père. Chaque fois que je faisais quelque chose de bien, c’était parce que mon père m’aidait; chaque fois que je faisais une erreur, c’était à cause du reste. C’était assez lourd à porter, mais cela m’a donné encore plus de force pour travailler.»

L’école lui enseigne bel et bien les bases de son travail horloger… et son père les secrets de l’excellence. Elle confirme: «Certains aspects de l’horlogerie, comme par exemple l’anglage, m’ont été transmis par mon père. Il était toujours là pour moi si j’avais une question pour m’aider à mieux comprendre.»

Daniela Dufour, héritière déterminée

Alors, fardeau ou tremplin pour une jeune femme que de porter un nom aussi légendaire? Sans hésitation, la jeune horlogère affirme: «C’est un avantage sans conteste. J’aime ce qu’il incarne, le fait qu’il donne aussi de l’espoir aux jeunes générations. Il signifie aussi plus de 30 ans de dur labeur, acharné, seul. Bien sûr, il crée des jalousies, mais c’est par son travail que l’on fait ses preuves.» Et quel travail! Pour la fin de son apprentissage horloger, Daniela Dufour réalise de A à Z sa montre Simplicity, signée à 12 heures de ses initiales DD. «Celle-là, je la garde précieusement. Elle représente toute la transmission de mon père!»

Daniela Dufour, héritière déterminée

Depuis 2021, elle travaille avec son père dans son atelier et réalise les montres du début à la fin, «comme doit le faire une horlogère complète», se plaît à lui rappeler l’illustre horloger.

Comment vit-elle cette nouvelle expérience de faire désormais partie de l’Académie du GPHG? «C’est une consécration pour moi, pour laquelle je suis très reconnaissante. Le GPHG est une célébration de l’horlogerie, de la diversité qu’elle recèle, de l’innovation qu’elle incarne, de l’excellence qu’elle révèle. Participer au rayonnement de l’horlogerie est un honneur. Cela m’encourage aussi à me surpasser dans mon travail. J’ai hâte de découvrir les lauréats. Il y tellement de créativité cette année.»

Daniela Dufour, héritière déterminée

A propos de l’Académie du GPHG

L’Académie du  Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), créée en 2020, compte aujourd’hui plus de 840 membres, femmes et hommes expérimentés qui croient en la communauté du destin de l’horlogerie. Acteurs chevronnés et significatifs des principaux secteurs liés à la branche horlogère, les membres de l’Académie prennent part aux différentes étapes du GPHG en choisissant la présélection, puis en déterminant le palmarès en parallèle au Jury.