Académie du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, créée en 2020, continue de se développer. Avec 960 membres en 2024, ce collège d’aficionados, de professionnels, de journalistes, de Youtubeurs ou encore de collectionneurs prend très à coeur sa mission de proposer les modèles pour chacune des catégories en compétition.
Jusqu’où cette Académie va-t-elle se développer? Le président de la Fondation du GPHG, Raymond Loretan, explique la démarche envisagée: «Notre objectif était de parvenir 1’000 membres à l’horizon 2025. Nous sommes dans les clous. Pour la suite, nous sommes en phase de réflexion sur les années suivantes. Nous analysons le fonctionnement actuel, tirons le bilan des années passées et envisageons les éventuels rôles additionnels que les membres pourraient endosser.» Et d’ajouter: «Il apparaît que l’Académie a d’ores et déjà permis de mettre en place un processus de sélection au-dessus de tout soupçon et d’asseoir nos principes fondamentaux que sont l’impartialité, l’universalité et la solidarité.»
Une question de prix
L’expansion de l’Académie a de toute évidence accru le rayonnement global du GPHG puisque chaque membre devient de fait un représentant de l’institution et relaie ses messages à travers les cinq continents.
Reproche est souvent fait au GPHG d’être trop élitiste, trop axé sur le haut, voire très haut, de gamme. Son président réplique, presque étonné: «Pas du tout, nous avons la catégorie Challenge, initiée en 2018, qui permet à toutes les montres, même les moins chères de concourir… et d’être récompensées. La CIGA Design Blue Planet, lauréate en 2021, ne coûtait que 1’500 CHF. La Raymond Weil Millésime Automatique Petite Seconde, lauréate l’an dernier, affiche un prix de CHF 1’895 CHF. Le prix Challenge donne une chance aux marques d’être récompensées avec une montre moins onéreuse (maximum CHF 3’000 en 2024). Les propositions faites par les Académiciens (qui seront soumises aux marques pour leur inscription, ndlr) sont très variées et éclectiques, tant en termes d’origine des marques que de complications ou de prix. Cela reflète bien la richesse de l’industrie dans son ensemble.»
L’éco-innovation, un nouvel horizon
Le Prix de l’Innovation se transforme quant à lui en «Prix de l’éco-innovation» cette année, reflétant la volonté de l’institution de mettre le thème de la durabilité en avant. Comment cette idée s’est-elle imposée? Raymond Loretan confie: «Toute idée est en fait un processus. Nous adoptons toujours une approche progressive. Nous sommes dans un monde très traditionnel. Mais si vous regardez de près, le concept de durabilité fait déjà partie des critères à prendre en compte pour la sélection du Prix de l’Innovation. Nous avançons toujours en douceur. Il nous semble que le temps est venu de faire un pas supplémentaire pour encourager les marques, l’Académie et le Jury à aborder ce sujet. Notre souhait est de contribuer nous aussi à ce mouvement qui est irréversible et salutaire.»
Mais alors pourquoi ne pas en faire une catégorie à part entière? Fidèle à son passé de diplomate, le président acquiesce: «Effectivement, c’est une possibilité. Mais nous n’imposons pas les choses, nous préférons les laisser se mettre en place naturellement.» D’autres prix axés sur la durabilité sont-ils donc envisageables? Là encore le pragmatisme du GPHG est mis en avant: « Absolument. Un prix sur la montre ayant l’impact le plus faible est possible. C’est un processus de réflexion évolutif. Nous initions l’idée, puis nous faisons un bilan. Ensuite nous donnons une direction. Cela s’est passé ainsi pour notre mission d’éducation avec le développement de nos ateliers. Il en est de même pour l’aspect durabilité.»
Quels sont les autres pistes envisagées sur ce thème fondamental par le GPHG? «Nous faisons aussi notre propre examen de conscience. Nous sommes une petite organisation, mais nous commençons à calculer nos impacts également. Les voyages, notamment des «road shows», sont difficilement réductibles, mais nous y réfléchissons. Nous examinons aussi comment rendre le Jury apte à évaluer la durabilité des montres en compétition. Cela passe-t-il par de la formation, par un accompagnement lors des délibérations? Le cheminement de pensée est en cours. Il est difficile de révolutionner notre industrie, mais nous essayons de contribuer à son évolution. Nous préférons convaincre qu’imposer. Nous ferons un bilan après la 24ème cérémonie des récompenses du GPHG, qui se tiendra le 13 novembre prochain au Théâtre du Léman, notamment sur le rôle et le fonctionnement de l’Académie. Nous restons flexibles et pragmatiques.»