e 10 octobre à 10h10 précises naissait une nouvelle offre baptisée «Qlock» sur l’application mobile de QoQa. Pensée au démarrage pour une durée de trois mois, à raison de deux offres de montres par semaine, cette opération s’est installée pour de bon sur la plateforme de vente en ligne dont la loutre est l’animal-fétiche. L’initiative est née de la rencontre entre Pascal Meyer, le fondateur de QoQa, et les deux créateurs du site Chrono Privé, Charles Defrance et Benjamin Ranchoup.
Par le passé, QoQa avait déjà vendu des montres, allant de Rolex Daytona à moitié prix au provocateur projet Magma d’Yvan Arpa, en passant par des modèles d’Anonimo ou de créateurs indépendants comme Olivier Randin. Mais avec Qlock, la plateforme lance une nouvelle «verticale» dédiée exclusivement à des offres horlogères, comme elle le faisait déjà pour le vin (Qwine), le sport (Qsport) ou la restauration (Qooking).
Derrière cette opération, on retrouve la force de frappe technologique et commerciale de cette société emblématique de la nouvelle économie numérique en Suisse romande fondée en 2005, comptant 140 employés et réalisant plus de 100 millions de francs de chiffre d’affaires.
Avec Qlock, QoQa lance une nouvelle «verticale» dédiée exclusivement à des offres horlogères, comme elle le faisait déjà pour le vin (Qwine), le sport (Qsport) ou la restauration (Qooking).
- Les offres horlogères de Qlock ont vu le jour le 10 octobre 2020 à 10h10 sur le site de QoQa...
Sur Qlock, tous les modèles présentés sont des montres neuves sous garantie de manufacture, issues de stocks appartenant directement à la marque. Le fonctionnement de QoQa, sous forme d’offres réservées à sa communauté et limitées dans le temps, permet également aux marques de conserver une forme de confidentialité sur les actions mises en place. Qlock se présente comme une alternative au marché gris, en partenariat avec les marques.
Les initiateurs notaient lors du démarrage de Qlock: «Le monde de l’horlogerie vit actuellement une période très particulière. A cause de la crise sanitaire liée au Covid, son mode de fonctionnement habituel a été bouleversé. Si l’on considère également la montée de la digitalisation dans le domaine du luxe, on constate qu’une transformation est nécessaire dans la manière dont les marques horlogères proposent leurs créations.» Entretien.
Europa Star: Quel concept se cache derrière le lancement de Qlock?
Benjamin Ranchoup: Nous travaillons en direct avec les marques horlogères sur des sélections spécifiques de modèles: inventaires sortis du catalogue, lancements de nouveaux produits, collections exclusives, co-création. Qlock se profile comme un partenaire pour accompagner leur développement numérique en bénéficiant de l’énorme savoir-faire de QoQa en la matière. Nous abordons cette industrie avec beaucoup d’humilité pour offrir un accompagnement de qualité, ce qui passe avant tout par une relation très transparente avec les marques.
Charles Defrance: Tout le monde est conscient qu’il faut passer à un nouveau modèle et nous apportons notre pierre à l’édifice dans cette réflexion générale. Notre intention n’est pas de nous substituer au travail des détaillants mais plutôt d’être une alternative à un marché gris qui fait beaucoup de mal à l’industrie.
Comment votre collaboration s’est-elle nouée?
Pascal Meyer: Comme souvent, c’est une convergence de facteurs. Nous nous sommes rencontrés début 2020 et avons réalisé que nous partagions une philosophie commune, notamment sur l’idée de travailler directement avec des marques. De plus, la communauté QoQa avait déjà démontré un fort attrait pour les montres lors des quelques actions que nous avions proposées par le passé.
Au démarrage, Qlock était conçu comme une opération éphémère, prévue pour trois mois. Au vu du succès de cette action, nous avons décidé de l’installer durablement sur la plateforme QoQa: nous avons enregistré pour un million de francs de transactions le premier mois du lancement et vendu près de 5’000 montres depuis le démarrage de Qlock.
«Nous avons enregistré pour un million de francs de transactions le premier mois du lancement et vendu près de 5’000 montres depuis le démarrage de Qlock.»
- Charles Defrance et Benjamin Ranchoup se sont alliés l’an passé à Pascal Meyer pour lancer l’offre Qlock sur QoQa.
Le e-commerce horloger est un marché très dynamique, avec une multitude d’acteurs, d’autant plus après la crise du coronavirus. Que pouvez-vous apporter de différent aux marques horlogères?
Pascal Meyer: Toutes celles qui ont participé jusqu’à présent ont été séduites par l’interaction, avec une nouvelle communauté dotée d’un bon niveau de connaissances horlogères via notre forum live, ainsi que par le concept de vente lui-même, dont la confidentialité des actions et des prix. Pour beaucoup de marques, le e-commerce n’est pas encore rentable ou les codes de la vente en ligne ne sont pas pleinement maîtrisées. L’idée de créer une nouvelle «verticale» dédiée à l’horlogerie sur QoQa, accessible uniquement via une application mobile, a germé de cette volonté d’accompagner les marques dans leur rapport au e-commerce.
Charles Defrance: Il ne faut pas négliger le fait que les marques horlogères peuvent émettre des craintes face au e-commerce. Mais elles commencent à comprendre l’importance de l’interaction directe avec le client final. Elles peuvent nous utiliser comme laboratoire en ce sens.
- Pascal Meyer, le fondateur de la plateforme à succès QoQa, est lui-même originaire d’une «terre horlogère», le canton du Jura.
Pour l’instant, on voit surtout des marques indépendantes suisses de taille moyenne participer à vos actions. En attendant de convaincre les géants du secteur?
Benjamin Ranchoup: Nous entretenons déjà des contacts avec le top 30 des marques, des liens que nous cultivons depuis plusieurs années. La typologie des participants est en réalité assez diverse, de la petite marque de niche aux grands groupes et de l’entrée de gamme au luxe. Une communauté s’anime à travers la diversité des offres.
Charles Defrance: Nous collaborons déjà avec de belles maisons comme Favre-Leuba, Maurice Lacroix, Frédérique Constant, Perrelet ou Raymond Weil. Nous avons aussi fait un premier test en Haute Horlogerie avec Armin Strom, dont les modèles se sont envolés en moins d’une heure, ainsi qu’avec Speake-Marin ou encore Schwarz Etienne…
Qui compose la communauté QoQa?
Pascal Meyer: Elle réunit plus de 750’000 personnes, dont de nombreux passionnés de montres. Une partie vient aussi à présent de la communauté de Chrono Privé. Nous n’aurions pas pu réaliser Qlock sans les relations et l’expertise de Benjamin et Charles.
- La plateforme d’accueil de Qlock sur le site de QoQa. Deux offres horlogères y sont proposées chaque semaine.
Quelles sont vos sources d’approvisionnement en montres? Vous avez sans doute été sollicités par des acteurs de la distribution ou de la montre d’occasion…
Benjamin Ranchoup: Nous travaillons uniquement avec les marques et avons refusé les sollicitations de distributeurs. Ce n’est pas parce que nous avons désormais une force de frappe plus importante que nous dérogeons pour autant à nos principes. La confiance des marques partenaires est primordiale.
«Nous travaillons uniquement en direct avec les marques et avons refusé les sollicitations de distributeurs.»
Pouvez-vous déjà tirer quelques enseignements de ces premiers mois d’existence?
Pascal Meyer: L’attrait des marques pour notre concept est avéré, sur un marché horloger suisse qui est important mais complexe car très concurrentiel. Après tout, on joue «à la maison»! Au vu du succès, nous allons probablement augmenter la cadence des offres. Mais nous gardons quelques surprises, sous le sceau de la confidentialité…
Benjamin Ranchoup: Ce qui nous a frappés, c’est l’impression d’avoir créé quelque chose de gagnant-gagnant entre les marques et la communauté. Les retours sont vraiment très bons. Répondre directement à nos membres sur le forum communautaire n’est pas un exercice forcément évident pour nos partenaires, mais cet effort est gagnant car il permet de prendre le pouls d’une communauté. Sur notre forum, pas de place pour la langue de bois…
Si la formule tient bien sur la durée, allez-vous l’étendre à l’étranger?
Pascal Meyer: QoQa est centré sur le marché suisse, même si nous avons récemment mis en place un service B2B baptisé SQale qui aide des marques à se développer à l’international en les accompagnant sur la partie e-commerce. Ce n’est donc pas exclu à terme, mais pour l’instant nous voulons déjà bien fonctionner en Suisse, ce qui rassurera les marques. D’autant plus qu’avec le Covid, les touristes ne sont plus au rendez-vous pour les achats horlogers. Il faut donc retravailler la clientèle locale.
«Avec le Covid, les touristes ne sont plus au rendez-vous pour les achats horlogers en Suisse. Il faut donc retravailler la clientèle locale.»
Charles Defance: Là où nous avons vraiment une carte à jouer, c’est en appliquant à l’horlogerie «l’esprit QoQa», soit un côté hyper réactif avec la clientèle. Cela veut dire un contenu incisif, une logistique à tout épreuve, un SAV efficace, afin de répondre pleinement au défi du «time to market».