e Japon doute, comme la plupart des économies matures. Son industrie est concurrencée par les puissants voisins chinois et coréens et a depuis longtemps perdu son statut d’étoile montante asiatique. En même temps, sa culture fascine comme jamais, préservée par son insularité dans un monde en prise à la mondialisation, et le nombre de touristes augmente chaque année, au point que la cité de Kyoto (55 millions de visiteurs par an) prend des airs de Barcelone…
L’intronisation en mai d’un nouvel empereur, Naruhito, marque l’ouverture d’une nouvelle ère dans le calendrier traditionnel japonais. Les horlogers du pays, chargés du décompte de ce temps sacré, l’espèrent eux aussi. Dans ce contexte particulier – économie stagnante mais attrait culturel croissant – ils cherchent à faire évoluer leur image.
Puisque le luxe est d’abord affaire de perception, les horlogers du pays ne pourraient-ils pas profiter de l’essor culturel japonais pour se repositionner?
Alors que la demande en mouvements quartz japonais baisse du fait de la perte de vitesse de la montre fashion, et que l’arrivée de la montre connectée produit un bouleversement profond sur leur segment traditionnel de l’entrée de gamme, tous les horlogers du pays ont pris la décision de monter en gamme.
Lors de la dernière foire de Bâle, le prix moyen des nouveautés présentées par Seiko, Casio et Citizen était en forte hausse. Surtout, la communication des marques portait autant sur les caractéristiques techniques que sur l’esthétique des garde-temps. La ligne MRG Gassan de Casio, associant les dernières technologies multifonctions à l’art ancestral de la frappe sur métal tsuiki, en est l’exemple ultime.
Quel équilibre entre la production horlogère de masse robotisée et le raffinement exclusif et artisanal des nouveautés présentées ces dernières années?
Quel équilibre entre la production horlogère de masse robotisée et le raffinement exclusif et artisanal des nouveautés présentées ces dernières années? Et qui de l’ingénieur ou du directeur artistique aura désormais le fin mot au sein des sociétés japonaises?
Tandis que les horlogers suisses se sont proclamés (sans modération mais avec succès) champions en «métiers d’art», «manufacture» ou «culture d’excellence», les Japonais se préparent à une contre-offensive certes discrète pour l’heure, mais patiente, et planifiée sur le long terme.