ulien Tornare et Benoit de Clerck, respectivement l’ancien et le nouveau directeur de Zenith, se ressemblent sur un point au moins, à l’heure de les rencontrer: ils sont extrêmement affables et ouverts et ont bien compris que le capital sympathie d’un patron peut valoir autant, si ce n’est davantage, que toute campagne marketing. Une sympathie qui leur est naturelle.

Le premier a assuré la «renaissance» de Zenith, celle que l’on disait longtemps la belle endormie de l’horlogerie suisse (lire notre article complet par Isabelle Cerboneschi ici). Charge au second de la mener à son plein potentiel, dans un environnement macro-économique moins favorable. «Zenith a été réveillée de belle manière, maintenant elle doit sortir du lit», image le nouveau CEO.

Le chronographe à triple calendrier de Zenith fait son grand retour cette année, à travers la nouvelle Chronomaster Original Triple Calendar. Ce modèle associe les performances du calibre chronographe automatique à haute fréquence à un triple calendrier avec phase de lune.

Il pourra s’appuyer sur sa longue expertise des marchés internationaux, après avoir passé plus de 20 ans chez Richemont entre trois continents. Car l’ambition est bien de faire de Zenith une marque globale et incontournable, à la mesure de son histoire qui atteindra les 160 ans en 2025. Benoit de Clerck nous partage son parcours et sa vision, alors qu’il vient de prendre ses fonctions au sein de la marque du Locle.

Europa Star: Quel a été votre parcours avant de prendre la tête de Zenith?

Benoit de Clerck: A la fin des années 1990, j’ai découvert l’horlogerie chez TAG Heuer et six mois après mon arrivée la marque a été rachetée par LVMH – déjà! – en 1999. J’étais alors responsable du Moyen-Orient et progressivement mon bureau à Dubaï s’est transformé en représentation dans la région pour toute l’horlogerie du groupe. Quelques années plus tard, comme j’avais une bonne expérience de terrain et des réseaux de distribution, Richemont m’a proposé d’y représenter ses marques de Haute Horlogerie. Je suis resté 22 ans dans ce groupe – jusqu’à cette année et mon retour chez LVMH à la tête de Zenith!

Zenith a présenté la version titane de sa Chronomaster Sport à l’occasion de l’ouverture du championnat de tennis UTS, dont la marque est le chronométreur officiel.

Avez-vous eu un «mentor» au fil de toutes ces années?

J’ai longtemps côtoyé des personnalités qui m’ont beaucoup appris. J’ai aussi eu la chance de passer à peu près autant de temps sur le terrain sur ces trois marchés stratégiques pour l’horlogerie suisse que sont le Moyen-Orient, l’Asie et les Etats-Unis. De ce fait, j’ai presque toujours eu une casquette «multi-marques» et une autre «multi-continents». Après avoir ouvert le bureau de Richemont au Moyen-Orient, j’ai développés ses marques (hors Cartier) en Amérique latine, avant de m’installer aux Etats-Unis pour IWC, qui y était alors quasiment inexistante, puis Roger Dubuis. Ensuite je suis parti représenter trois marques sur des segments bien distincts – Baume et Mercier, IWC et Roger Dubuis – à Hong Kong pour la région APAC. En quatre ans, nous avons ouvert plus de 50 boutiques en Chine pour IWC! Avant de rejoindre Zenith, j’ai assuré le rôle de Chief Commercial Officer chez Panerai. Ce goût pour des postes et lieux bien distincts me vient peut-être de l’enfance: je suis né en Belgique mais j’ai grandi entre beaucoup de pays et régions différentes, dont le Moyen-Orient…

Qu’est-ce qui vous a amené chez Zenith?

Après toutes ces expériences, j’ai encore «faim»! Le rôle proposé m’a attiré, avec la possibilité d’être décisionnaire sur une stratégie transversale, à la suite de multiples postes opérant davantage dans les coulisses du développement commercial. Mais il y a toujours un CEO qui tranche à la fin (sourire). Finalement, je peux transcrire mon expérience pour une seule marque dans sa globalité: je me réjouis de le faire pour Zenith et le groupe me fait confiance.

Nouvelle version du chronographe automatique à haute fréquence de dernière génération, le calibre El Primero 3610 de la Chronomaster Original Triple Calendar, cadencé à 5 Hz (36’000 A/h), offre la fonction 1/10ème de seconde. Même avec l’ajout du calendrier complet, la transmission efficace assure une réserve de marche d’environ 60 heures.

Comment vous êtes-vous préparé?

La clause de non-concurrence m’a donné six mois pour lire, voyager, m’occuper de choses que je n’avais pas pu faire auparavant – bref, «nettoyer» mon esprit pour me préparer au mieux! Mais tous les jours je me sensibilisais à Zenith. Je me suis instruit sur la marque, j’ai fait beaucoup de rencontres.

Nouvelle version de la Chronomaster Sport avec une lunette en céramique verte

Qu’est-ce qui vous a surpris quand vous avez pris la tête de la marque le 3 janvier?

A vrai dire, je fais chaque jour de nouvelles découvertes au vu de la richesse de Zenith: surtout, c’est incroyable à quel point la vision originelle de Georges Favre-Jacot reste juste et pertinente aujourd’hui. N’oublions pas qu’il avait enregistré le nom «Pilot» avant même que les avions soient vraiment inventés! Nous avions déjà collaboré par le passé avec Julien Tornare (l’ex-CEO, passé chez TAG Heuer, ndlr) et il a fait un travail excellent chez Zenith en faisant passer la marque à une vitesse supérieure, en épurant les collections et en revoyant le marketing. Avec la Chronomaster par exemple, les propositions de la marque sont beaucoup plus attirantes pour un plus large public.

Où en est la marque aujourd’hui et où voulez-vous l’amener?

On pourrait dire que Zenith n’est plus une «sleeping beauty», elle est réveillée mais elle n’est pas encore sortie du lit (sourire). Les fondamentaux sont bien là et je vais l’aider à se préparer à se mettre debout! Cela passe par la distribution et par la clarté de la marque. Je n’ai pas l’intention de créer une révolution: j’entends continuer sur la même ligne, en apportant ma touche personnelle. J’aime l’idée de faire une croître une marque, de l’amener à son plein potentiel – qui est à vrai dire infini dans le cas de Zenith.

Un nouveau calibre tourbillon automatique à haute fréquence équipe la Defy Skyline Tourbillon, présentée en deux versions, acier et céramique noire.

Les conditions macro-économiques ne sont cependant pas des plus favorables…

Cela ne me fait pas peur. Zenith a révélé son potentiel ces dernières années, nous sommes sur un segment de prix très favorable et proposons beaucoup de «contenu» horloger à un prix raisonnable, avec un design exceptionnel. Comme on dirait en anglais: a lot of “watch” for the money. Nous sommes sur le bon segment et en position confortable.

Quand verra-t-on de premières créations Zenith avec votre «patte»?

Il y en aura une première petite partie l’an prochain. Tout 2024 était déjà en production à mon arrivée et nous planifions au plus tôt pour assurer une prévisibilité maximale dans les commandes de composants. Mais je suis très ouvert dans mon approche, d’autant plus à la veille des 160 ans de la marque en 2025: si vous avez une idée hors norme pour Zenith, n’hésitez pas à venir me voir!

L’affichage surdimensionné de la date de la Pilot Big Date Flyback Boutique Edition bénéficie d’un mécanisme breveté de nouvelle génération qui fait avancer et stabilise les deux disques en moins de 0,03 seconde.