Montres d’exception


Chopard: la consécration de L.U.C

GENÈSE

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avril 2022


Chopard: la consécration de L.U.C

La «marque dans la marque» de l’horlogerie Chopard célèbre ses 25 ans cette année, avec une trilogie de pièces à sonnerie qui démontre le savoir-faire acquis en un quart de siècle. Une œuvre sur le long terme, remarquable de cohérence et fruit de la calme détermination d’un homme: Karl-Friedrich Scheufele. Celui-ci nous livre quelques pistes quant à la suite de l’aventure L.U.C.

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xiste-t-il une forme d’universalité de l’appréciation du son et des mélodies? «Je le crois: comme en musique classique il existe certaines écoles, plus libres ou plus scolaires, mais les interprètes de talent sont universellement reconnus. A notre modeste échelle, c’est le même principe auquel nous tendons avec nos répétitions minutes», répond avec son humilité coutumière Karl-Friedrich Scheufele, co-président de Chopard, qui présente depuis la manufacture de Fleurier une trilogie de modèles à sonnerie à l’occasion des 25 ans de L.U.C.

Grand collectionneur d’horlogerie ancienne, fasciné par les sonneries horaires, mélomane, il lui-même a l’oreille bien entraînée. Le développement de cette spécialité chez Chopard est le fruit d’un travail continu depuis la présentation de la première Full Strike à répétition minutes en 2016, qui elle-même totalisait quelque 17’000 heures de R&D et cumulait quatre brevets.

Chopard L.U.C Strike One
Chopard L.U.C Strike One

Des partenariats académiques, d’abord avec l’Université de Lyon, suivi aujourd’hui par l’Hepia à Genève, ont permis d’obtenir des résultats toujours plus aboutis. «Avec eux, nous avons mis au point une mesure objectif de l’amélioration de la qualité du son. Le comparatif avec le modèle originel ne souffre pas contestation quant au progrès réalisé», souligne Karl-Friedrich Scheufele.

Chopard: la consécration de L.U.C

Un trio à la complexité croissante

Dans l’ordre de présentation, voici donc la L.U.C Strike One, la L.U.C Full Strike Tourbillon et la L.U.C Full Strike Sapphire. Un trio de nouvelles pièces à complication qui utilisent le système timbre/glace en saphir monobloc typique de Chopard.

Le modèle L.U.C Strike One est une série limitée de 25 exemplaires en or rose éthique avec cadran en or guilloché. Le L.U.C Full Strike Sapphire ajoute une boîte entièrement en saphir transparent aux composants de sonnerie déjà taillés dans cette matière (une édition produite à 5 exemplaires). Enfin, le L.U.C Full Strike Tourbillon intègre un tourbillon dans l’espace réduit d’un calibre à répétition minutes Chopard Manufacture. Il est édité en vingt exemplaires dans une boîte en or éthique rose abritant un cadran guilloché en or.

Pour comprendre la genèse de ces développements, rappelons d’abord la particularité du calibre L.U.C 08.01-L qui équipait le modèle de 2016: alors que dans d’autres répétitions minute existantes, le son est généré par un marteau qui frappe des timbres en métal, qui font partie du mouvement, la R&D de Chopard a débouché sur le recours à des timbres en saphir, séparés du mouvement et solidaires du verre qui recouvre le cadran.

Chopard L.U.C Full Strike Sapphire
Chopard L.U.C Full Strike Sapphire

Ainsi, comme le précise la marque, «timbres et verre sont usinés d’un seul tenant, sans discontinuité, sans colle, sans soudure, dans un bloc de saphir massif. Le son généré par le marteau et le timbre est transmis vers l’extérieur par la plus grande surface de la montre, le verre, et dans un milieu homogène, garantie d’une conduction idéale. D’autre part, ce son est, au sens littéral du terme, cristallin, puisqu’il émane d’un cristal de corindon pur, nom scientifique du saphir.»

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Conçus «comme des instruments de musique»

En 2017, la L.U.C Full Strike était récompensée par l’Aiguille d’Or au Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Si ce modèle était déjà un aboutissement remarquable, il n’en signifiait par pour autant la fin de la R&D de Chopard dans les montres à sonnerie. Celles-ci représentent un sommet horloger, une combinaison subtile de technique, d’artisanat et d’émotion.

Mais la complexité de leur fonctionnement n’est qu’un premier enjeu. Le second, plus intangible, plus complexe, est la qualité de leur son. Afin d’optimiser la richesse acoustique du système timbres/glace saphir monobloc de Full Strike, Karl-Friedrich Scheufele a ainsi initié une nouvelle démarche, qui a abouti à la trilogie de 2022.

Karl-Friedrich Scheufele, co-président de Chopard, avec le violoniste Renaud Capuçon et son frère violoncelliste Gautier Capuçon, qui ont contribué à développer le son des nouveaux modèles.
Karl-Friedrich Scheufele, co-président de Chopard, avec le violoniste Renaud Capuçon et son frère violoncelliste Gautier Capuçon, qui ont contribué à développer le son des nouveaux modèles.

C’est la rencontre du dirigeant horloger avec le violoniste Renaud Capuçon et son frère violoncelliste Gautier Capuçon qui a motivé cette démarche. Le premier joue sur un violon d’époque de Guarneri, datant de 1737, le second sur un violoncelle de Matteo Goffriller, luthier tout aussi réputé. Tous deux sont des spécialistes de l’acoustique et des sonorités. L’idée derrière cette nouvelle version de répétition minutes est en effet de la «penser comme un instrument de musique».

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Tests académiques

En 2018, Karl-Friedrich Scheufele invite les frères Capuçon à participer à l’élaboration d’une nouvelle série limitée de montres à sonnerie. Avec l’aide des ingénieurs de Chopard Manufacture, ils viennent ajuster, grâce à leur sensibilité artistique, le son produit par la technologie timbres/glace en saphir brevetée par Chopard. Cette démarche reçoit l’approbation scientifique du Laboratoire d’Acoustique Appliquée de l’école d’ingénieur genevoise HEPIA.

Le professeur Romain Boulandet y a créé un programme d’analyse qui va au-delà des critères purement mesurables de l’acoustique (intensité du son, richesse tonale, facteur d’amortissement) pour entrer dans une autre dimension, celle du son tel qu’il est perçu par l’auditeur. Le son produit se révèle plus pur, plus long et plus harmonieux que le son des mécanismes de répétition traditionnels en métal.

Surtout, cette approche s’avère indispensable au maintien d’une qualité sonore homogène sur la durée. En effet, l’acier, le laiton, l’or évoluent et vivent, même si les déformations internes de ces matières sont lentes. Les timbres en saphir, eux, sont inaltérables. Ils ne se déforment pas, ils ne vieillissent pas, ils ne se dilatent pas à la chaleur. Ils jouent toujours le même fa et le même do dièse. Grâce à eux, la sonorité est immuable.

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D’autre part, le matériau dans lequel sont usinées les boîtes Full Strike, même si elles jouent un rôle secondaire par rapport au verre saphir, participent à la coloration du son. Après plusieurs éditions en série limitée, en or rose ou blanc, en platine et même en acier, les montres à sonnerie L.U.C visent à «entrer dans une véritable permanence, qui les exempte de tout réglage».

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Vers le Graal ultime

«Les répétitions minutes constituent déjà un sommet, après l’élaboration de la sonnerie au passage. Mais je ne trahirai pas de secret en vous disant que nous ne sommes pas encore au bout du chemin», glisse Karl-Friedrich Scheufele. Une manière élégante de laisser entrevoir l’apparition future d’une grande sonnerie qui viendrait véritablement couronner la patiente montée en puissance de l’horlogerie L.U.C chez Chopard.

A Fleurier, la marque partage ses ateliers avec Ferdinand Berthoud, le nom resuscité par Karl-Friedrich Scheufele il y a quelques années pour une production annuelle ultra-limitée de (très) Haute Horlogerie, inspirée par les prouesses du pionnier du chronomètre de marine. Une forme de «mise en pratique» de l’érudition cultivée par le dirigeant horloger au fil des années. Même si leur fonctionnement et concepts de marques diffèrent, on peut aisément imaginer que la création de Ferdinand Berthoud alimente à sa manière la soif d’innovation technique chez L.U.C et que les échanges de savoir-faire s’avèrent fructueux…

Chopard L.U.C Full Strike Tourbillon
Chopard L.U.C Full Strike Tourbillon

Une passion sincère que reconnaît bien une nouvelle vague de collectionneurs apparue durant les deux dernières années marquées par la pandémie. Le temps des confinements aura au moins profité à la diffusion de la culture horlogère. Ainsi, Ferdinand Berthoud est déjà en rupture de stocks, tout comme la production la plus prisée de L.U.C. «C’est un engouement pour la haute mécanique horlogère que nous ne ressentions pas aussi fortement avant, relève Karl-Friedrich Scheufele. Certaines pièces, comme les 25 éditions Qualité Fleurier de l’an passé, ont immédiatement réservées à leur sortie par des jeunes collectionneurs. Cette nouvelle génération est très intéressée par ce que nous leur proposons.»

Après l’intégration, la transmission

Pour autant, le président de Chopard ne veut pas se concentrer exclusivement sur la production la plus haut de gamme – comme c’est la tendance générale dans l’horlogerie suisse: «En parlant de nouvelles générations, il faut que les plus jeunes puissent aussi accéder à de la belle horlogerie, c’est pourquoi nous restons présents sur des segments de prix très variés.» Il faut dire que le thème de la transmission est très fort chez Karl-Friedrich Scheufele, dont le fils Karl-Fritz est de plus en plus associé aux activités de Chopard.

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Mais cette problématique va plus loin: c’est un enjeu pour la préservation des savoir-faire. Et de préciser: «Nous avons atteint un certain cap dans l’internalisation des activités, mais le défi principal est celui de la transmission de compétences rares d’une génération à l’autre. C’est pourquoi nous participons au projet Time Aeon, dont la nouvelle voie consiste à associer toute une équipe autour de la fabrication artisanale d’un modèle mécanique de référence. Il s’agit de la sauvegarde de savoir-faire qui sont heureusement de plus en plus valorisés par le public.»