uy Sémon, à propos du très innovant spiral en nanotubes de carbone de la TAG Heuer Carrera Calibre HEUER 02T Tourbillon Nanograph
«Depuis 1675, date de l’invention du balancier-spiral par Huygens, rien n’a bougé dans le domaine. Sauf l’introduction du silicium. Certes, c’est amagnétique, mais le process est cher, compliqué, tout ça pour faire un ‘zinzin’ cassable. Et par ailleurs, LVMH n’a pas accès au silicium. Raison de plus pour s’attaquer au problème et doter LVMH de la capacité à produire ses propres spiraux, en toute indépendance. C’est là que la R&D intervient.
- CARRERA HEUER 02T TOURBILLON NANOGRAPH
- Calibre Heuer 02T, mouvement de manufacture TAG Heuer. Tourbillon doté du nouveau spiral en composite de carbone. Chronographe avec calibre automatique et tourbillon certifié chronomètre, diamètre 31 mm, 28800 alternances par heure (4 Hz). Réserve de marche 65 heures. Chronographe avec compteurs des heures et des minutes. Affichage des heures, minutes et secondes. Boîte 45 mm et cornes en titane PVD noir. Lunette carbone avec échelle tachymétrique. Etanche jusqu’à 100 mètres. Cadran ajouré avec découpe de forme hexagonale. Compteurs des heures et des minutes du chronographe et cage du tourbillon plaqués or noir. Index et aiguilles rhodiés à revêtement SuperLuminova®. Prix : 24’900.- CHF. Ecrin spécial avec remontoir intégré.
«C’est une longue histoire. Je vous la fais courte. Je mène alors des recherches sur les matériaux flexibles et je suis en visite dans un labo au Nouveau Mexique. Le dimanche, je m’ennuie alors je lis de la littérature scientifique. Et là, je tombe sur un article sur le carbone. Je vais y voir de plus près, dans l’Utah et je comprends qu’avec le carbone ou pourrait faire des spiraux.
J’engage alors un doctorant mormon, Jason, qui travaillait théoriquement sur le carbone et avait conçu des réacteurs chimiques pour produire des composites à base de graphite et de diamant, deux atomes de carbone mais organisés différemment.
En 1996 déjà, on avait découvert le graphène à partir duquel on pouvait produire des nanotubes aux propriétés intéressantes : pas de fatigue, pas d’usure. Mais les lois physiques sont différentes à l’échelle atomique et à l’échelle macroscopique – échelle d’un spiral. Elles ne sont pas transposables. Mais avec mes équipes, je suis parvenu à mettre au point un passage de l’échelle atomique à l’échelle macroscopique. C’est une avancée théorique majeure, avec d’importantes applications potentielles en physique et qui fera bientôt l’objet d’une publication scientifique.
«En gros, ça consiste à faire un gâteau, tout en construisant le four et en imaginant la recette. On calcule mathématiquement la géométrie du spiral que l’on veut faire selon les spécifications recherchées, la fréquence, etc… et, à l’aide d’un crayon moléculaire, on le dessine avec des atomes de fer sur un support silicium, un wafer, recouvert d’une couche d’oxyde d’aluminium (comme du beurre sur la plaque à gâteau). On l’enfourne alors dans un réacteur (le four que nous avons conçu) dont l’enceinte est en quartz massif et qui travaille à 950º. On y introduit deux gaz, un vecteur hydrogène et un précurseur éthylène, qui vont libérer les molécules de carbone. Ces molécules viennent se poser sur les atomes de fer pour créer une réaction catalytique et former ainsi des tubes de carbone, comme un champ de blé. Ces nanotubes sont vides, formés de mailles vides, l’intérieur est vide, c’est du vide à 95%. Entre ces différents nanotubes de carbone qui ont poussé en suivant la forme du spiral dessiné. On va insuffler des atomes de carbone qui vont agir comme une colle moléculaire.
«Au final, on obtient un module d’élasticité, qui se déforme et revient en position – propriété essentielle d’un spiral – sans fatigue, sans fluage. Le spiral est très léger, réduisant l’effet de choc et encaissant jusqu’à 5’000G. C’est amagnétique, parfaitement thermo-compensé avec son balancier en aluminium éloxable. Quant au réglage, il se fait de façon traditionnelle, avec masselotte, raquette standard – ce qui n’est pas possible avec le silicium. Ce spiral en nanotubes de carbone est extrêmement plat, ce qui facilite le montage, et 100% sont chronomètre.
«Avec nos deux machines, nous atteignons désormais une capacité de 120’000 unités par an mais on a déjà prévu de monter en puissance. Pour sa sortie, on a choisi de l’implémenter dans une montre à tourbillon, un mouvement 4 Hz mais on peut sans problème produire selon ce process plus qu’innovant des spiraux pour toutes les fréquences imaginables.
«Ça n’a donc rien d’un coup de marketing, c’est de la de la science, qui débouche sur de la substance et offre l’opportunité ainsi trouvée de rendre LVMH enfin pleinement autonome, et novateur, dans le spiral.»