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Charles Zuber: à la poursuite d’un vaste legs créatif

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janvier 2023


Charles Zuber: à la poursuite d'un vaste legs créatif

Fameux tant pour ses designs horlogers que joailliers, Charles Zuber a légué un vaste héritage créatif qu’un groupe d’associés entend bien mettre en valeur. Les premières créations, la montre Perfos et la bague Pomander, viennent d’être dévoilées dans plusieurs déclinaisons. Rencontre avec Vincent Perego, l’un des initiateurs de ce projet ambitieux.

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lors que notre époque est propice tant à la renaissance de créations vintage qu’à la célébration des grands designers horlogers et joailliers du 20ème siècle, le projet de marque Charles Zuber semble cocher les bonnes cases. Il a été co-initié par le spécialiste du sertissage Vincent Perego, qui a collaboré avec le joaillier de son vivant et entend perpétuer son héritage créatif.

Ce sont ainsi tant des propositions joaillières - la bague Pomander - qu’horlogères - la montre Perfos, dessinée par Eric Giroud (à ce sujet, lire ici l’article détaillé d’Isabelle Cerboneschi) - qui ont été présentés l’an passé.

On peut s’attendre à des développements importants pour cette marque, qui sera présente parmi les exposants lors de Watches and Wonders ce printemps, autour de produits de très belle facture, à la «complexité subtile», comme aime à les décrire Vincent Perego, que nous avons rencontré. Entretien.

Europa Star: Quel a été votre parcours avant de lancer - ou plutôt relancer - la marque Charles Zuber?

Vincent Perego: Je suis actif dans la sous-traitance joaillière et horlogère depuis les années 2000. C’est d’ailleurs dans le cadre de l’Association romande des métiers de la bijouterie (ASMEBI) que j’ai croisé pour la première fois Charles Zuber à mes débuts. Puis, en 2008, la marque Harry Winston nous a demandé de collaborer sur une pièce exceptionnelle: lui s’est occupé du bracelet et moi de la tête de montre. Petit à petit, nous avons ainsi appris à nous connaître.

En 2010, j’ai vendu ma société de sous-traitance pour me consacrer pleinement à la photographie, une autre de mes passions. Mais un jour, j’ai eu un contact avec un investisseur basé au Moyen-Orient qui cherchait à lancer ou reprendre une marque de luxe horlogère. C’est là que le nom de Charles Zuber m’est revenu en tête.

Montre Perfos 42 mm à cadran blanc
Montre Perfos 42 mm à cadran blanc

Pourquoi?

A l’époque, je me souvenais qu’il avait conservé des archives de toutes ses idées et créations, soit plus de 3’000 photographies. Sa marque avait été reprise suite à son décès en 2012, mais elle était dormante. En 2016, j’ai contacté les propriétaires d’alors pour en reprendre les droits. En effet, il y avait un très fort potentiel créatif à développer: Charles Zuber avait un savoir-faire hors norme, en ce sens qu’il arrivait à combiner la technique horlogère, qu’il avait apprise au fil des années en autodidacte, à sa formation joaillière. Nous sommes trois associés dans ce projet: outre moi-même, il y a le bijoutier Aram Garabetian, avec qui je travaille de longue date, et l’entrepreneur Mohamed Hilal.

«Charles Zuber avait un savoir-faire hors norme, en ce sens qu’il arrivait à combiner la technique horlogère, qu’il avait apprise au fil des années en autodidacte, à sa formation joaillière.»

Charles Zuber: à la poursuite d'un vaste legs créatif

Comment définiriez-vous la marque?

C’est une marque aux racines joaillières avec une offre horlogère. Concernant l’horlogerie, il s’agissait de concevoir un modèle à la complexité subtile. Nous ne voulions pas une montre ronde mais une forme neuve, même si cela est plus polarisant. Nous avons sollicité le designer Eric Giroud et après six mois les premiers designs ont abouti à la Perfos, une montre de forme au mouvement décoré à micro-rotor.

Modèle Perfos acier 42 mm
Modèle Perfos acier 42 mm

Et du côté de votre joaillerie?

Nous avons opté pour des bagues Pomander, elles aussi d’une complexité subtile, entre diamants taille baguette et serti grain. Leur design s’inspire de la tour du fameux pont «Kapellbrücke» de Lucerne, la ville d’origine de Charles Zuber. Nous avons également travaillé sur un logo puis affiné le positionnement et les fondamentaux de la marque.

Bague Pomander à rubis et jade noir
Bague Pomander à rubis et jade noir

Quel est ce positionnement?

Sans conteste haut de gamme, en phase avec nos parcours respectifs. Malgré tout, nous ne visons pas une production de niche mais un certain volume. En joaillerie notre prix moyen est de 7’000 francs et en horlogerie, nous démarrons à 7’900 francs pour la Perfos 36 mm à mouvement quartz jusqu’à de la Haute Horlogerie sertie. Tous nos calibres mécaniques, équipés d’un micro-rotor et disposant d’une réserve de marche de 38h, sont réalisés à La Chaux-de-Fonds.

Par ailleurs, nous avons mis un soin particulier dans la fabrication de nos bracelets, qui sont constitués d’un grand nombre de composants. Le polissage et le satinage sont réalisés à la main. Nous bénéficions également de l’expertise de l’atelier genevois d’Aram Garabetian en joaillerie. A terme, nous envisageons de ramener tous ces savoir-faire en interne pour ouvrir notre propre manufacture.

A ce propos, vous avez également racheté la marque de Haute Horlogerie MCT. Sera-t-elle aussi relancée?

Oui cela fait partie de nos objectifs! Je ne peux vous en dire plus pour le moment.

Quel calendrier de production et de distribution visez-vous pour la marque Charles Zuber?

Après une première série d’une centaine de pièces – dont les plus plébiscités ont été les modèles en or à bracelet cuir – nous avons mis en production une deuxième série. Nous allons inaugurer au printemps une première boutique aux Emirats Arabes Unis, puis comptons nous concentrer sur la distribution en Suisse, notamment à travers des pop-up stores. Nous allons aussi ouvrir notre site de e-commerce, avant de nous tourner vers l’Asie en 2024. Nous sommes très confiants: les connaisseurs sont déjà bien au fait des marques actuelles, en parallèle ils cherchent également de nouveaux savoir-faire et des designs inédits.

Charles Zuber avait une capacité très particulière: celle de pouvoir imaginer du tridimensionnel dans sa tête, sans recourir à des outils informatiques, alors que nous travaillions tous déjà à l’aide de logiciels. Je le revois encore avec sa règle sur du papier millimétré… Nous nous plaçons dans la continuité de son œuvre.

«Nous allons inaugurer au printemps une première boutique aux Emirats Arabes Unis, puis comptons nous concentrer sur la distribution en Suisse, notamment à travers des pop-up stores.»

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