omme aime à le dire Anissa Bader, CEO de la nouvelle maison horlogère indépendante genevoise Akhor, une condition présidait à l’aboutissement du projet, dont la bonne réalisation a été confiée à Riccardo Monfardino comme COO: il fallait faire les choses bien, ou sinon on ne faisait rien du tout. «Bien ou rien», l’expression est restée et a été un fil conducteur pour Akhor.
Derrière Akhor, il y a l’expertise d’un acteur de la sous-traitance fondé en 1988 à Genève, Clamax, un spécialiste de l’usinage de pièces de précision qui lui garantit une forte autonomie pour sa production - un avantage de taille. Au cœur de la première collection Akhor réside d’ailleurs un pari de fabrication audacieux: concevoir un cadran en apesanteur. Ce qui n’a pas été sans difficultés, puisque il a fallu notamment éviter de «simplement» utiliser deux ponts de côté, mais créer un système donnant l’illusion d’un cadran complètement «flottant».
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- Anissa Bader, fondatrice et CEO d’Akhor
Fixé directement au mouvement, le cadran semble ainsi flotter dans l’espace, tandis que les aiguilles tournent autour d’un pilier central. Pour relever ce défi, il a fallu concevoir un système de fixation invisible, garantissant à la fois pureté visuelle et stabilité absolue, même en cas de choc. Le cadran devait, dès sa conception, intégrer les contraintes d’équilibre liées à l’usage de matériaux précieux — pierres, émail, platine. Les aiguilles, spécialement dessinées, assurent un centrage parfait tout en gravitant autour de l’axe central.
Cette architecture hors norme repose sur un système breveté à deux disques, développé par Clamax, qui permet une lecture aérienne, tout en conservant un ancrage structurel discret et robuste. Le développement de cette première collection a nécessité deux ans et demi de travail minutieux.
Entièrement développé à l’interne afin de répondre à des besoins spécifiques, le calibre AK10 est un mouvement mécanique à remontage manuel. Il a été conçu pour entraîner les plus belles complications à venir et, surtout, animer un balancier avec une inertie de 8 g·mm² et une fréquence de 4Hz. Avec une autonomie de plus de 60 heures de réserve de marche, il garantit une précision certifiée chronométrique par le Contrôle Officiel Suisse du Chronomètre (COSC).
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- Riccardo Monfardino, COO
Le calibre AK10 affiche un diamètre de 31,30 mm pour une épaisseur de seulement 3,90 mm. Il intègre 117 composants et 12 rubis, dont chaque élément a été soigneusement anglé, poli et assemblé à la main. Après plusieurs traitements de galvanoplastie, les composants sont tous minutieusement finis à la main — du poli miroir, étirage, Côtes de Genève en éventail.
Parmi les spécificités techniques: un balancier-spiral à masselottes, une fonction stop seconde pour un réglage précis, et un système d’engrenage aux finitions manuelles méticuleuses. Protégée par une glace saphir traitée antireflet, la boîte coussin de 39 mm — en acier ou en or 4N/5N — révèle son mouvement par un fond transparent. Étanche jusqu’à 30 mètres, la pièce est montée sur un bracelet en cuir ou alligator cousu main, équipé d’une boucle déployante.
La collection «Le Temps en Équilibre», est proposée en trois modèles — en acier, en or et en version sertie de diamants, positionnés sur des prix allant de 57’800 CHF à 62’800 CHF (hors TVA) — inspirés de l’élégance des années 1960. La structure suspendue du cadran se décline elle en deux textures — soleillée ou nid d’abeille — et en une palette de teintes: blanc, noir, bleu, vert et brun. Les aiguilles, luminescentes à leur extrémité, suivent le rythme imposé par cette construction singulière. La trotteuse, reconnaissable à son contrepoids en forme de logo, glisse en surface comme une ponctuation discrète.
Derrière cette collection: deux regards unis, ceux de Laurent Davoli et Daniel Martinez, qui ont su donner corps à cette première création grâce à une rigueur et une sensibilité hors norme. Leur complémentarité a permis de réaliser une pièce où chaque détail reflète le savoir-faire horloger suisse. Akhor poursuit activement ses recherches sur de nouvelles complications horlogères. L’une d’elles sera dévoilée à travers une pièce unique dans un avenir proche. Pensé comme une plateforme d’innovation, ce mouvement servira en effet à accueillir des complications majeures telles que les phases de lune, les grandes dates, le tourbillon ou encore l’indicateur jour/nuit.
Issu de l’égyptien ancien, «Akh» désigne la force immortelle de l’âme — une notion qui fait écho à la vision que Anissa Bader porte sur l’horlogerie: un art habité par une force intérieure, bien au-delà de la seule fonction instrumentale. Le suffixe or évoque la noblesse des matières, tout en s’inscrivant dans l’imaginaire horloger. Akhor se révèle comme un pari sans compromis.