’est au poignet du Président français Emmanuel Macron qu’elle s’est faite connaître: «Un jour, un collectionneur nous envoie une photo d’une montre qui ressemble à la nôtre, aperçue au poignet du Président, se rappelle Arthur Gerbi, co-directeur de l’enseigne de mode parisienne Merci. Nous avons vérifié et c’était bien notre montre. Ce qui me réjouit, c’est que même l’un des hommes les plus puissants du monde prend le temps de remonter une de nos montres le matin!»
Le garde-temps LMM-01 imaginé par la boutique du 111 boulevard Beaumarchais est en effet manuel: «Nous aimons cette forme de rituel quotidien», souligne Arthur Gerbi. Le modèle mécanique coûte 399 euros et le modèle quartz 230 euros. La montre, au design très simple, est proposée avec un mouvement suisse et livrée dans une boîte originale réalisée au Japon, accompagnée d’un petit livret truffé d’anecdotes. Nul doute que le jeune Président, très cosmopolite, s’y est reconnu: de l’esprit parisien mélangé à des matériaux du monde entier!
- ©Rambler
La montre du «magasin du quotidien»
Merci n’avait pourtant aucune expérience préalable dans l’horlogerie avant de concevoir la LMM-01. Pourquoi avoir créé des montres? «Nous sommes le magasin du quotidien, répond Arthur Gerbi. Or, la montre est l’objet du quotidien par définition. Souvent, les gens ont un rapport très particulier et intime à cet objet. Nous souhaitions aussi prendre le contre-pied de ce qui se faisait autour des smartwatches.» Devant la forte demande et le «coup de pub» du Président (même si, entre-temps, on a vu d’autres garde-temps à son poignet), la production a été relancée.
- LMM-01 Mécanique, bracelet en cuir
Fondée en 2009 par Marie-France Cohen, Merci est surtout connue comme une boutique à succès de la place parisienne, iconoclaste et incontournable, dédiée à la mode, l’«art de vivre», les objets pour la maison ou encore le mobilier. Un peu à l’instar de feu Colette. «Nous proposons un art de vivre moderne et urbain, qu’il s’agisse de mode, d’ameublement ou... à présent d’horlogerie, souligne Arthur Gerbi. Notre idée est de sublimer le quotidien. Pour nous, l’essentiel est de différencier le luxe «objectif» du luxe «subjectif». Nous ne proposons pas une forme de luxe imposé, un total look, mais une expérience.
Nous aimons l’accident, l’éclectisme, l’imperfection!»
- LMM-01 Mécanique, bracelet NATO
Entre art et objet
Une exposition est organisée chaque mois dans l’enseigne parisienne où règne la lumière naturelle. Les thèmes sont surprenants, à l’image de l’esprit du lieu. Récemment, la boutique organisait des découvertes intitulées «La Nouvelle Table» sur notre rapport à la nourriture en se proposant de casser joyeusement nos codes culinaires; «Mettre la main au feu», exprimant un ras-le-bol (en céramique artisanale) de la standardisation industrielle; «Imparfait», une exposition sans fard entre objets aléatoires, tordus, abimés par la vie et rabibochés; ou encore «Merci en rose», pour fuir la grisaille hivernale à l’occasion de la Fashion Week.
- ©doitinparis.com
Si elle est régulièrement sollicitée pour ouvrir d’autres boutiques dans le monde, Merci, qui emploie une centaine de personnes, n’a pour l’instant pas cédé aux sirènes de l’expansion. «Nous réalisons occasionnellement des pop-up stores mais je trouve très puissant d’avoir un seul point de vente au monde, pour notre société familiale.» En revanche, le jeune patron de ce qui est probablement la boutique la plus branchée de Paris doute de la manière dont les montres sont vendues actuellement par l’industrie:
«La plupart des boutiques horlogères sont très solennelles. Ce n’est plus ce que recherchent les nouvelles générations.»
A bon entendeur!