annonce de l’annulation de Watches & Wonders et Baselworld s’ajoute à la liste déjà longue des victimes du coronavirus. 2020 devait être l’année du renouveau pour les salons horlogers, dont nous soulignons plusieurs pistes dans notre édition de mars. Finalement, ces innovations devront certainement être reportées à 2021, en espérant bien entendu que le tissu horloger tienne le coup d’une année qui s’annonce extrêmement rude.
Plusieurs défis se cumulent, certains structurels, d’autres conjoncturels. Du côté structurel, on peut noter le «repli» de plus en plus marqué de l’horlogerie suisse sur le haut de gamme face aux coups de boutoir de la montre connectée et de nouveaux modes de consommation (avec pour corollaire une forte baisse des volumes). On peut également souligner la tentation toujours plus forte au «direct-to-consumer» (via les boutiques en propre et le e-commerce), qui entraîne une reconfiguration des réseaux traditionnels du commerce horloger, ainsi que l’affaiblissement de salons universels essentiellement B2B comme Watches & Wonders ou Baselworld.
Le tissu industriel menacé
A cela vient s’ajouter une très importante crise pour le secteur, avec un coronavirus «mondialisé» qui est parti du plus grand marché pour l’horlogerie, la Chine, avant de s’attaquer à présent au monde entier, à commencer par l’Italie du Nord, autre point stratégique… Les premiers cas décelés en Suisse, dont celui à Genève le jour même de l’annonce de l’annulation du salon Watches & Wonders, ne prêtent guère à l’optimisme. Quant au hub hongkongais, il reste toujours sous la pression non seulement d’une pandémie – espérons-le, conjoncturelle – mais aussi d’un blocage politique beaucoup plus structurel avec Pékin.
Face à ces nuages inquiétants qui se forment, certains jettent l’éponge. On pense aux événements horlogers bien entendu, mais aussi à certains propriétaires de marques, dont l’actionnaire principal de RJ (Romain Jerome). Les 33 salariés de cette maison audacieuse, qui a permis à l’horlogerie d’élargir son horizon créatif et que nous avons suivie depuis ses tout premiers pas, se retrouvent du jour au lendemain sans emploi. Les conseils d’administration doivent trembler, les employés encore plus…
A court terme comme à plus long terme, l’industrie horlogère devra donc faire preuve d’une capacité de résilience du niveau de celle qui lui a permis de tenir durant plusieurs siècles: adaptation aux événements conjoncturels, bien sûr, mais attention à bien veiller à préserver le tissu industriel structurel qui permettra au secteur de redémarrer en des temps meilleurs.