Richemont


La Manufacture Cartier ouvre ses portes aux enseignants

novembre 2025


La Manufacture Cartier ouvre ses portes aux enseignants

Le Canton du Jura et bepog, le programme de sensibilisation des jeunes aux métiers techniques, collaborent depuis 2016 à la mise en place de visites d’entreprises destinées aux enseignants jurassiens du niveau secondaire. La dernière en date s’est déroulée au sein de la Manufacture Cartier à Glovelier en présence du Ministre de la formation, de la culture et des sports, d’une vingtaine d’enseignantes et d’enseignants ainsi que des représentants des services de la formation et de l’orientation.

L

e corps enseignant de l’école secondaire de Courrendlin a eu l’opportunité de découvrir l’alliance unique entre artisanat et industrie cultivée par la Maison Cartier. «Ces mises en relation enseignement-industrie permettent de casser certains mythes tenaces sur les métiers techniques, d’en montrer toute l’étendue et de fournir aux enseignants des informations précises qu’ils pourront transmettre aux élèves qui s’interrogent sur leur avenir», a déclaré le Ministre.

Découverte d’une entreprise hors du commun

Emmenés par Christian Rieder, directeur du site de Glovelier, les participants ont eu le plaisir de découvrir l’univers de la Manufacture en visitant plusieurs ateliers. Première étape, le bureau technique où quatre constructeurs réceptionnent les plans 3D des pièces à réaliser (carrures, fonds, boucles, ardillons), étudient les difficultés et font les plans pour les outils d’étampage sur un logiciel de simulation qui permet de vérifier la faisabilité. Cet outil d’aide à la conception permet notamment d’améliorer le «time-to-market».

Le second atelier est chargé de la fabrication des outils qui sont réalisés en plusieurs étapes: usinage par fraiseuse, découpe par érosion pour affiner le travail, contrôle automatisé par palpeurs. Les outils qui sortent de cet atelier sont impeccables en termes de cotes et d’états de surface.

La Manufacture Cartier ouvre ses portes aux enseignants

L’étape suivante de la visite a plongé les participants au cœur de la production, soit les secteurs étampage et usinage. Dans le premier nommé, la matière première, par exemple de l’acier pour fermoirs, subit plusieurs opérations : elle est tout d’abord graissée, puis étampée, repassée en four à 1000 pour l’attendrir et à nouveau étampée. Ces différentes étapes sont nécessaires pour éviter la casse de matière. Les pièces sont ensuite reprises manuellement pour enlever tout reste éventuel ou salissures potentielles. Enfin, le passage dans la cellule de contrôle garantit une qualité irréprochable. En effet, si l’IA embarquée dans cette cellule détecte trois pièces défectueuses, elle stoppe le robot de chargement.

La seconde partie a pour sa part permis de découvrir l’usinage, le polissage et le montage de maillons et bracelet pour le secteur horloger ainsi que le travail manuel de haute précision réalisé en joaillerie.

La Manufacture Cartier ouvre ses portes aux enseignants

Grande diversité de métiers

Comme l’a relevé Christian Rieder, les processus de fabrication au sein de la Manufacture ont connu une évolution remarquable au fil des ans. «A l’époque, l’étampage était l’unique activité du site de Glovelier. Nous maitrisons aujourd’hui une diversité de métiers plus large: plus de 35 métiers, en comptant l’administration et le support, sont ainsi représentés dans notre entreprise.»

L’apprentissage chez Cartier Horlogerie

La visite de la Manufacture ne pouvait se terminer sans aborder le sujet principal du jour, la formation. Céline Reverchon, Directrice des Ressources Humaines a rappelé la fondation de l’Institut Horlogerie Cartier (IHC) en 1993. Centre de formation pour l’ensemble des filières d’apprentissage et particulièrement les métiers de l’horlogerie, il a notamment pour but de préserver, partager et transmettre le savoir-faire et contribuer ainsi à atténuer la pénurie de main-d’œuvre.

Aujourd’hui, seize filières d’apprentissage sont proposées sur l’ensemble des sites Cartier, que ce soit pour des AFP en deux ans ou des CFC en 3 ou 4 ans. L’apprentissage au sein de la Manufacture a progressé de manière constante ces dernières années: 27 apprentis en 2023, 38 en 2024 et 49 en 2025. «Pour augmenter la visibilité des apprentissages, nous collaborons avec des écoles de formations externes comme le CAAJ et participons à diverses manifestations telles que «La Nuit de l’Industrie» dans le canton de Neuchâtel, «La Nuit des entreprises jurassiennes» ou «Montre-moi ton entreprise», explique Céline Reverchon. «Nous faisons également de la promotion lors d’événements comme les Speed Dating, les Swiss Skills ou encore «In the city» dans le cadre du salon Watches and Wonders».

Le mot de la fin du chapitre formation revient à Luca Giuliati, un ancien apprenti, chez Cartier depuis neuf ans et actuellement en phase de terminer une post-formation de technicien en processus d’entreprise: «Je suis absolument convaincu que l’apprentissage est l’avenir de l’industrie».

Ecoresponsabilité et philanthropie

La Manufacture s’est fixé des objectifs élevés en termes d’écoresponsabilité. Le bâtiment, construit en 2018, est équipé de 400 panneaux solaires, d’un système de récupération des eaux de pluie et dispose de bornes de chargement électrique. Dès l’année suivante, l’entreprise a entamé la démarche LEED et obtenu en 2021 la certification LEED Gold. En 2024, l’entreprise a procédé à l’achat de machines moins énergivores et à l’optimisation de la gestion d’eau. Cette année, elle a mis en place un système de navettes auto-gérées pour un co-voiturage amélioré, optimisé la gestion des déchets et réduit sa consommation de CO2.

Au travers de son programme CARE, la Manufacture promeut le bien-être au travail, le respect, le partage et l’inclusion. Parmi les points originaux de ce programme, les «Community Days» occupent une place à part. Chaque année, l’entreprise offre une journée à ses employés qui le souhaitent pour participer à une action bénévole d’aide à diverses associations.

A l’issue de la visite, Christophe Ruedin, Directeur Général des Manufactures Cartier Horlogerie nous a consacré du temps pour répondre à quelques questions.

La Manufacture Cartier ouvre ses portes aux enseignants

«La théorie antifragilité, c’est travailler sur la compétitivité afin de sortir renforcé d’une crise»

Europa Star: Quel regard portez-vous sur la situation actuelle?

Christophe Ruedin: En toute franchise, Cartier Horlogerie se porte bien. Les taxes douanières américaines, la force du franc suisse et le prix actuel de l’or rendent naturellement la situation plus compliquée, mais le bilan 2025 est dans l’ensemble positif. C’est, entre autres, le résultat d’une stratégie produit claire qui rend notre marque désirable.

Attendez-vous une croissance dans un avenir proche?

L’un des leviers de croissance essentiels pour la Haute Horlogerie est de travailler sur la compétitivité afin de sortir renforcée d’une crise. C’est ce que j’appelle la «théorie antifragilité». Cela passe par des investissements réguliers dans les moyens de production et par des efforts conséquents en faveur de la formation, y compris la formation continue. C’est exactement ce que nous faisons.

Les Manufactures Cartier travaillent avec un large écosystème de partenaires. Comment se déroule votre collaboration?

La Manufacture Cartier sait faire beaucoup de choses mais ne fait pas tout. Les entreprises qui constituent notre écosystème sont donc très importantes et nous les accompagnons pour les aider à suivre notre rythme. Les notions de confiance, transparence et la relation sur le long terme sont des éléments fondamentaux pour nous, c’est pourquoi nous incitons nos partenaires à nous suivre dans notre évolution.

Nous leur partageons notre vision stratégique, que ce soit sur des enjeux sociétaux, environnementaux ou sécuritaires. Nous ne cherchons pas à leur imposer tel ou tel process mais sommes plutôt là pour les conseiller et les aider à répondre à nos attentes.