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Maurice Lacroix: les nouveaux habits de l’Aikon

INNOVATION

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mars 2022


Maurice Lacroix: les nouveaux habits de l'Aikon

Une montre à hashtag et au boîtier en matière recyclée: avec sa nouvelle ligne Aikon #tide, Maurice Lacroix passe cette année du sport-chic en acier prisé des millenials à une série en composite à base de plastique revalorisé récupéré des océans visant à répondre aux attentes de la génération suivante. Son directeur général Stéphane Waser nous explique sa stratégie.

«L

a relance de l’Aikon en 2016 visait les millenials. Avec l’Aikon #tide, nous cherchons à atteindre la génération suivante.» Depuis six ans, Stéphane Waser a transformé en profondeur le visage de Maurice Lacroix, en la concentrant de manière affirmée – avec une certaine réussite – sur sa montre-sport en acier abordable, la déclinant en versions quartz, mécanique, XXL... Dans un paysage horloger lui-même obnubilé par cette catégorie de montres, la marque de Saignelégier s’est profilée comme l’une des premières propositions dans l’échelle de valeur du sport-acier.

Mais les nouvelles générations, qui se suivent de plus en plus rapidement, ne se ressemblent pas: après les millenials, voici donc les Z (nés entre 1997 et 2010), et les Alpha (depuis 2010) qui se profilent. Et leurs intérêts ne sont plus tant sur le sport-acier d’inspiration vintage que sur des valeurs de durabilité, estime le directeur de Maurice Lacroix: «Depuis l’an passé, nous avons passé une bonne partie de notre temps à étudier leurs attentes, ce qui compte le plus pour elles. La durabilité est vraiment le mot-clé, englobant autant des méthodes de production comme le recyclage que la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.»

Stéphane Waser, directeur général de Maurice Lacroix
Stéphane Waser, directeur général de Maurice Lacroix

A l’origine de ces réflexions, il y a aussi les nombreux messages de clients souhaitant en savoir plus sur l’origine des montres, des bracelets ou des emballages: «On nous a même demandé si nos montres étaient vegan! Il y a toute une nouvelle génération qui base ses achats sur ces critères.»

«On nous a même demandé si nos montres étaient vegan. Il y a toute une nouvelle génération qui base ses achats sur ces critères.»

Maurice Lacroix: les nouveaux habits de l'Aikon

Matériau composite innovant

La marque visant une clientèle «urbaine» dévoile ainsi cette année ce qu’elle présente comme «sa gamme la plus décalée et la plus colorée à ce jour, déclinée dans un arc-en-ciel de nuances vives». L’Aikon #tide (avec le hashtag de rigueur) se positionne dans l’entrée de gamme de la collection à 690 francs, juste derrière l’Aikon en acier à mouvement quartz à 850 francs. «Tide» se réfère au label certifié émis par la société suisse Tide Ocean SA, basée à Bâle et spécialisée dans l’upcycling de déchets plastiques rejetés dans l’océan. Malgré la mauvaise image environnementale du plastique, ce matériau fait paradoxalement un retour en force surprenant en horlogerie sous sa forme recyclée.

Maurice Lacroix: les nouveaux habits de l'Aikon

Plus spécifiquement, le partenariat vise à collecter des bouteilles en plastique dans les eaux qui entourent plusieurs îles de Thaïlande, d’Indonésie et des Philippines, afin d’en faire non pas des bracelets – comme on le voit de plus en plus souvent – mais le boîtier des modèles de la nouvelle collection. Les bouteilles sont triées, broyées, lavées et compactées sur place, puis transportées chez Tide en Suisse.

«Tide» se réfère au label certifié émis par la société suisse Tide Ocean SA, basée à Bâle et spécialisée dans l’upcycling de déchets plastiques rejetés dans l’océan.

Les fragments de bouteilles sont ensuite réduits en granules puis amalgamés pour donner le plastique recyclé, qui est associé à de la fibre de verre grâce à une technologie développée en Suisse: le matériau composite ainsi créé se révèle deux fois plus dur que le plastique traditionnel, cinq fois plus résistant et possède une empreinte carbone six fois plus basse que le PET. La lunette, le boîtier, le fond du boîtier, la couronne, l’attache et la boucle du bracelet sont tous façonnés à partir de ce matériau composite.

«Nous travaillons par injection plastique, ce qui permet une plus grande rapidité d’exécution et flexibilité que le travail de l’acier, relève Stéphane Waser. C’est l’un de nos fournisseurs agréés pour les montres quartz qui a développé ces nouvelles compétences pour nous. A terme, nous pourrons décliner toutes les couleurs du pantone!»

Maurice Lacroix: les nouveaux habits de l'Aikon

17 bouteilles par montre

D’un diamètre de 40mm et équipés d’un calibre quartz, les dix premiers modèles de la nouvelle collection, étanches à 100 mètres, varient ainsi du jaune, rose ou orange flashy à un bleu plus sobre. On retrouve les codes classiques de l’Aikon: les six griffes, la couronne et le fond vissés, le verre saphir, le système de changement rapide de bracelet.

«Il faut recycler 17 bouteilles en plastique pour produire chaque montre et son écrin, précise Stéphane Waser. Les tests d’usure et de corrosion nous ont convaincus de la viabilité de ce nouveau matériau pour nos montres, d’ailleurs garanties cinq ans. Au-delà du recyclage, c’est aussi un projet social, puisque Tide rémunère les pêcheurs qui récupèrent les bouteilles en plastique en mer. L’idée est de créer un cercle vertueux avec les populations locales, plutôt que destructeur pour l’environnement.»

Maurice Lacroix: les nouveaux habits de l'Aikon

«Les tests d’usure et de corrosion nous ont convaincus de la viabilité de ce nouveau matériau pour nos montres.»

Maurice Lacroix s’est engagé «à récupérer 10 millions de bouteilles en plastique sur une année, en subventionnant les activités de collecte, l’achat de bateaux et d’entrepôts, des programmes éducatifs et l’acquisition d’équipement». L’écrin, lui aussi fabriqué à partir de déchets océaniques recyclés, prend la forme d’une tasse à café colorée, lui conférant ainsi une double utilité. La marque annonce déjà qu’elle dévoilera cette année une deuxième version de l’Aikon #tide équipée d’un bracelet constitué de ce même matériau composite.

«Nous avons bien étudié cette nouvelle génération mais avons encore beaucoup à apprendre, conclut Stéphane Waser. Nous accompagnons leurs attentes, sans prétendre être 100% durables dans l’immédiat mais en évoluant dans nos procédés et en contribuant à un effort global.»

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