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Sécurité horlogère: changement de fond dans les menaces

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octobre 2022


Sécurité horlogère: changement de fond dans les menaces

Il y a quelques années, Europa Star avait consacré un numéro au thème de la sécurité horlogère (à retrouver dans nos archives ici pour nos abonnés: Switzerland 4/2015). Nous y posions un état des lieux des menaces, avec un accent particulier sur les cambriolages et braquages. Depuis lors, dans une société où l’argent liquide est de plus en plus rare et où la valeur des montres de collection a pris l’ascenseur, ce sont les vols à l’arraché de particuliers qui se multiplient, notamment dans de grandes capitales comme Paris ou Londres. Enquête.

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rises d’otages, braquages, agressions, cambriolages: des fournisseurs aux détaillants, des touristes aux collectionneurs, personne n’est épargné par les vols de montres. Longtemps réservée à des équipes ultra-spécialisées, cette criminalité prend aujourd’hui des formes à la fois plus individuelles et plus violentes - car, justement, plus «amatrices». Avec le retour des touristes, les cas ont par exemple augmenté de 600% dans le sud de la France sur les cinq premiers mois de l’année.

Si les affaires les plus spectaculaires font toujours les gros titres - l’Arc jurassien peut en témoigner, avec deux prises d’otages successives en novembre 2021 et en janvier 2022 - la menace change ainsi de nature, à en croire les professionnels de la sécurité. Au point que le phénomène se banalise progressivement.

Les braquages à main armée, grande spécialité des tristement célèbres Pink Panther de 1955 à 2015, n’ont pas disparu, comme en témoignent les deux attaques menées à Paris l’an passé contre des boutiques Dinh Van et Chaumet, ou en mai dernier contre une boutique Chanel, victime d’un spectaculaire braquage pour un préjudice évalué à plus de 2,5 millions d’euros. «Mais ils se font plus rares et la criminalité horlogère évolue», constate Christophe Korell. Cet ancien officier de la police judiciaire parisienne a longtemps été aux premières loges pour constater l’évolution d’une menace qui s’est en quelque sorte atomisée avec l’arrivée de criminels d’un nouveau genre.

En 2015, Europa Star consacrait un dossier à la sécurité horlogère dans son édition suisse Première.
En 2015, Europa Star consacrait un dossier à la sécurité horlogère dans son édition suisse Première.
©Archives Europa Star

«Braquer une bijouterie devient de plus en plus difficile, poursuit-il, même si certains groupes spécialisés dans le grand banditisme continuent de frapper à travers l’Europe avec des modes opératoires très travaillés, comme au temps des Pink Panthers. Le phénomène nouveau, c’est la multiplication des vols d’opportunité, souvent à l’arraché. Des équipes traînent dans les cafés des beaux quartiers et y repèrent des victimes potentielles avant de les suivre pour les agresser un peu à l’écart, dans une ruelle ou dans le hall de leur immeuble. En région parisienne, on voit aussi apparaître une petite criminalité pour qui le vol de montres représente un moyen d’engranger beaucoup d’argent avec peu d’efforts. Ce n’est pas du crime organisé, plutôt une sorte de voyoucratie locale.»

Preuve que la police parisienne prend cette nouvelle criminalité au sérieux: la Sûreté territoriale compte aujourd’hui une trentaine d’enquêteurs spécialisés dans le vol et le recel de montres, contre une demi-douzaine lors de la création de l’unité il y a dix ans. Sur la Côte d’Azur, tous les voyants sont au rouge avec une augmentation spectaculaire de 600% des cas dans les Alpes-Maritimes entre janvier et mai 2022, notamment autour de Nice et Saint-Tropez.

«Braquer une bijouterie devient de plus en plus difficile. Le phénomène nouveau, c’est la multiplication des vols d’opportunité, souvent à l’arraché.»

Grandes capitales

Mais le phénomène n’est pas propre à un pays ou à une région en particulier. À Londres, la Metropolitan Police a relevé 621 vols de montres de luxe sur les sept premiers mois de l’année. Monaco, Naples, Los Angeles, Zurich, Milan ou Barcelone ont également vu le nombre de vols exploser avec le retour des touristes au lendemain de la pandémie. Cet été, la police de la capitale catalane indiquait ainsi avoir identifié 70 groupes de voleurs spécialisés dans le vol de montres, particulièrement actifs près des principaux sites touristiques comme les Ramblas, le port ou la Sagrada Familia.

Patrie des marques de luxe, la Suisse n’est évidemment pas épargnée par la recrudescence des vols avec violence, relève Alexandre Brahier, porte-parole de la police cantonale genevoise. «On peut distinguer deux profils. Le premier, dit «napolitain», repose sur un mode opératoire bien connu, toujours le même et propre à certains criminels italiens. Deux hommes casqués, sur un scooter équipé de fausses plaques, repèrent une voiture de luxe et s’assurent que son conducteur porte une montre de valeur. Le pilote commet alors un accident, en général en cassant le rétroviseur. Le second individu profite de la confusion pour arracher la montre, éventuellement sous la menace d’une arme, puis le duo se fond dans la circulation. Ce sont des équipes bien organisées qui se déplacent très vite pour frapper ensuite à Monaco, en Espagne, en France, au Luxembourg… Plusieurs cas se sont succédés à Genève en début d’année, mais la série de contrôles et d’arrestation menées en Suisse et en Italie ont permis de contenir le phénomène. Il n’y a eu aucun nouveau cas cet été.»

«En région parisienne, on voit apparaître une petite criminalité pour qui le vol de montres représente un moyen d’engranger beaucoup d’argent avec peu d’efforts. Ce n’est pas du crime organisé, plutôt une sorte de voyoucratie locale.»

Violence et amateurisme

Plus préoccupant, le second type de profil renvoie à des criminels qui visent eux aussi des particuliers, mais de manière moins maîtrisée. «Dans ce cas, il s’agit plutôt de ressortissants d’Afrique du Nord qui ciblent les sorties de boîtes de nuit et les parkings des lieux huppés pour des vols à l’astuce ou à l’arraché. Ils n’hésitent pas à commettre des actes de violence, à menacer ou à frapper leurs victimes pour les forcer à leur remettre montres et bijoux.»

En cause, le manque de préparation des nouveaux venus. Il y a quinze ans, le vol de montres se partageait entre les vols à l’astuce et des opérations de grande envergure et très préparées, comme celles des Pink Panthers. Aujourd’hui, les petits délinquants compensent leur manque de savoir-faire par la violence. Parfois, cet amateurisme tourne au ridicule: en juillet 2022, un touriste suisse a dû céder sa montre sous la menace d’une arme à la terrasse d’un café de Naples, quelques instants avant d’avoir la surprise de voir un second criminel la lui rendre avec un geste d’excuse. Un remord subit? Pas vraiment: la Richard Mille à 300’000 euros qui avait attiré le regard du premier braqueur n’était qu’une réplique, vite identifiée par l’œil plus exercé de son complice. Ou quand deux types de criminalités – le vol et la contrefaçon – s’entrechoquent…

Mais dans la plupart des cas, l’histoire se solde de manière nettement moins souriante, avec des blessures physiques et un traumatisme durable pour des victimes souvent désemparées face à l’irruption soudaine d’une violence décomplexée. Et la seule véritable protection possible tient à une forme de prudence élémentaire, en évitant notamment d’afficher trop ouvertement ses plus beaux modèles. «Sensibiliser les propriétaires de montres est essentiel, estime Alexandre Brahier. Plus ils auront conscience de cette menace, plus ils seront au courant du mode opératoire des criminels, plus le risque diminuera.»

«Dans la plupart des cas, l’histoire se solde de manière nettement moins souriante, avec des blessures physiques et un traumatisme durable pour des victimes souvent désemparées face à l’irruption soudaine d’une violence décomplexée.»

Flambée des prix

Pourquoi cibler les Rolex, Richard Mille ou autres Patek Philippe ? Parce que leur valeur et leurs caractéristiques cumulent les avantages. Petites et légères, faciles à dissimuler, à stocker et à revendre, les montres les plus onéreuses sont d’autant plus attirantes que la spéculation joue en leur faveur, relève Nicolas Amsellem, directeur associé du magazine Les Rhabilleurs et fin connaisseur de l’industrie horlogère.

«Depuis quelques années, l’augmentation des prix de certains modèles est invraisemblable. En 2005 ou 2010, des modèles très prisés aujourd’hui ne se vendaient pas. Depuis, la montre est devenue un objet de spéculation et d’investissement mais les horlogers de luxe n’ont pas augmenté leur production en proportion. Mécaniquement, les prix se sont envolés. Une Patek Philippe Nautilus en acier, qui valait autour de 6’000 euros en 1993, se revend près de 30’000 euros aujourd’hui. Une Rolex qui en valait 10’000 en vaut 20’000 en seconde main. Dérober une Patek Philippe Aquanaut à 100’000 euros est bien plus facile que de voler une voiture de luxe qui en vaut autant. Tant que le marché des montres récentes sera aussi délirant, il n’y aura pas de raison que la pression retombe.»

«D’autant qu’elles peuvent servir à tout, renchérit Christophe Korell. La particularité des montres de luxe, c’est que les voyous aiment bien les porter eux-mêmes comme signe extérieur de richesse. Certains y trouvent aussi un moyen commode pour rémunérer les petites mains de leur équipe, d’autres s’en servent pour des cadeaux…» Au-delà, de nombreux réseaux professionnels se sont spécialisés dans la revente de montres à l’international, y compris dans le monde des professionnels de la bijouterie ou de la joaillerie. La Belgique, du côté d’Anvers, est particulièrement concernée.

Enfin, les criminels de plus haut vol, narcotrafiquants en tête, y trouvent un moyen commode pour blanchir de grosses sommes d’argent. «On ne peut pas prendre l’avion pour Dubaï avec un million d’euros en billets de banque, mais avec trois ou quatre montres à 200’000 euros, ça passe mieux, surtout lorsque le passager est en possession de «vrais» certificats et que seul un expert horloger – et en aucun cas un douanier – est en mesure de détecter que la montre a été refrappée pour la doter d’un nouveau numéro de série», détaillait ainsi Florent Mion, le patron de la police judiciaire de Nice, au lendemain d’un coup de filet récent sur la Côte d’Azur (voir plus loin). De quoi acheter un bien immobilier à Abu Dhabi ou à Dubaï – voire en Europe, après un transfert de fonds en apparence légitimes, via les réseaux bancaires classiques.

Cet été, la police barcelonaise indiquait avoir identifié 70 groupes de voleurs spécialisés dans le vol de montres, particulièrement actifs près des principaux sites touristiques comme les Ramblas, le port ou la Sagrada Familia.

Police: des collaborations transfrontalières précieuses

Au caractère transfrontalier des grands réseaux criminels répond une collaboration internationale de plus en plus poussée. Pour les enquêteurs, le patient travail d’enquête qui s’engage à chaque nouveau coup est mené en lien étroit avec leurs confrères des services de police des pays les plus exposés: Italie, France, Espagne, Suisse, Monaco… «Nous avons beaucoup travaillé avec Monaco et la Suisse au moment des Pink Panthers et cette collaboration s’est consolidée au fil du temps, explique Christophe Korell. Aujourd’hui, tout est plus fluide et plus facile avec nos collègues, mais les investigations restent longues. Des voleurs spécialisés dans la montre, il y en a des dizaines uniquement à Paris, et ils sont très mobiles. On peut parfois compter sur nos informateurs mais il faut partir du terrain, travailler sur les vidéos et sur le bornage des téléphones pour savoir si la victime a été suivie…»

Entre la Suisse et la France, ces collaborations transfrontalières ont déjà porté leurs fruits, relève Georges-André Lozouet, porte-parole de la police de Neuchâtel. «Nous pouvons intervenir sur le territoire français en cas de nécessité et réciproquement. Le maillage inter-frontalier entre le Jura suisse, le Doubs et Belfort fonctionne bien. Entre la gendarmerie, la police et les douanes françaises d’un côté et la police et les garde-frontières suisses de l’autre, cela fait cinq éléments sécuritaires qui se coordonnent. Une fois qu’une équipe de braqueurs est repérée et en déroute, la situation devient intenable pour elle.» Aussi aguerris soient-ils, les auteurs de la prise d’otages du Locle en janvier dernier, qui visait l’entreprise de polissage Calçada, en ont d’ailleurs fait l’expérience: après avoir passé la frontière, ils n’ont pu parcourir que 25 kilomètres avant de croiser une équipe de la police française, qui a ouvert le feu pour les stopper, sans faire de victimes.

Autre preuve du succès de ces enquêtes d’envergure internationale: l’arrestation à Nice et à Anvers de 33 personnes en juin dernier, après un an d’enquêtes croisées et de coopération entre les polices de plusieurs pays. De la Côte d’Azur à la Belgique, les personnes mises en cause sont toutes accusées d’être impliquées à des titres divers dans un réseau criminel à grande échelle, assez structuré pour avoir mis en place un processus de reconditionnement sophistiqué. Les 152 montres récupérées lors de ce coup de filet – principalement des Rolex, Patek Philippe, Audemars Piguet - avaient ainsi été dotées d’un nouveau numéro de série, associé à de faux certificats d’authenticité particulièrement réalistes. Même le packaging était d’origine. Retouchés par des faussaires de haut niveau, certains modèles classiques avaient mêmes été transformées en faux exemplaires de séries limitées, vendus deux à trois fois plus chers…

«Entre la gendarmerie, la police et les douanes françaises d’un côté et la police et les garde-frontières suisses de l’autre, cela fait cinq éléments sécuritaires qui se coordonnent. Une fois qu’une équipe de braqueurs est repérée et en déroute, la situation devient intenable pour elle.»

«Ils devraient y réfléchir à deux fois»

Dissuadés par des dispositifs de sécurité draconiens, les criminels ciblent rarement les fabricants eux-mêmes et du côté des fournisseurs, des attaques comme la prise d’otages du Locle restent rares. Mais comment se protéger lorsqu’on est détaillant ou simple client? D’abord en comptant sur la police: «Notre attention se porte régulièrement sur des zones comme le centre-ville et la rue du Rhône, explique ainsi Alexandre Brahier, porte-parole de la police de Genève. Dès qu’une personne suspecte est repérée, nous faisons remonter l’information. Les dernières attaques sur la rue du Rhône ont d’ailleurs échoué.»

Même son de cloche du côté de la police de Neuchâtel, où l’on mise sur le partage d’informations: «La plateforme dédiée à la sécurité horlogère que nous avons mise en place il y a dix ans est un outil de prévention et de communication précieux pour garantir le bon fonctionnement du secteur, explique son porte-parole Georges-André Lozouet. Le dixième forum que nous organisons cet automne est également un bon moyen de partager des informations et d’observer l’évolution de la criminalité, notamment la manière dont elle se développe sur le front du grand banditisme. C’est aussi un message adressé à ceux qui veulent s’en prendre à l’industrie horlogère, et qui devraient y réfléchir à deux fois.»

Autre passage incontournable pour les commerçants spécialisés: le recours à des sociétés de surveillance spécialisées comme Sentinel Protection. Son directeur, Gustave Jourdan, travaille plusieurs années avec des détaillants pour les aider à réduire le risque d’attaque ou à entraver toute tentative de braquage ou de prise d’otages: «La technologie et les caméras ont beaucoup évolué. Nous les accompagnons pour revoir l’ensemble de leurs systèmes de surveillance, identifier d’éventuels points faibles, repenser la configuration de l’intérieur des boutiques…»

A ce travail de fond s’ajoute la présence d’un gardien en général armé à l’entrée, présent de l’ouverture à la fermeture. Mais sans se faire d’illusions pour autant: «La plus grande menace, c’est celle de l’irruption d’un groupe d’hommes lourdement armés contre lequel un seul gardien ne pourra rien, aussi bien formé qu’il soit.» D’où les formations dispensées par Sentinel Protection, qui procède à des simulations d’attaques auprès de ses clients pour les former à adopter la bonne attitude en cas d’agression. Et rappeler que la seule règle qui vaille est celle de la sécurité des personnes: «Il faut tout faire pour que la situation ne s’envenime pas, en rappelant qu’il vaut mieux perdre un bien de valeur que de risquer un déchaînement de violence.»


TÉMOIGNAGE

«On attend toujours le prochain»

Détaillant de montres de luxe en Suisse romande, Antoine M.* a subi avec ses salariés plusieurs braquages à main armée au milieu des années 2010. Une expérience profondément traumatisante, explique le jeune horloger, marqué par l’irruption d’une violence qui ne s’oublie pas, des années plus tard: «Chacun est transformé à sa manière mais c’est une transformation à vie. On y pense partout et tout le temps et ça a clairement changé ma manière d’être. Au restaurant, en vacances, dans le train, je suis constamment dans l’hypervigilance», explique le dirigeant, qui souhaite rester anonyme.

Du côté de ses salariés, le constat est le même. «Certains n’arrivent plus à ouvrir la porte normalement, d’autres ont préféré quitter la boutique… On attend toujours le prochain. Mes braqueurs ont pourtant tous été attrapés, mais il y a quelque chose d’insupportable à voir détruire le fruit de son travail en quelques minutes», déplore le détaillant avec d’autant plus d’amertume que rien n’a changé à ses yeux, à commencer par des peines insuffisantes et un manque de moyens qu’il juge regrettable.

«Chacun est transformé à sa manière mais c’est une transformation à vie. On y pense partout et tout le temps et ça a clairement changé ma manière d’être. Au restaurant, en vacances, dans le train, je suis constamment dans l’hypervigilance.»

«Une des équipes de nos braqueurs avait été contrôlée une semaine avant les faits, avec tout l’arsenal du parfait cambrioleur: un pied-de-biche, une arme factice… Ils ont pourtant pu continuer leur route. Pas d’enquête, pas de recherche. Certains procureurs refusent des écoutes sur des numéros lituaniens parce que ça coûte trop cher, ou libèrent des personnes qui se jouent du système et de nos lois. Ceux du premier braquage de 2015 sont déjà dehors! C’est une guerre sans fin et sans soldats.»

D’autant que le renforcement des mesures de sécurité se révèle trompeur: «Si vous ne vous protégez pas, ils viendront vous voler. Si vous vous protégez un peu, ils reviendront avec un revolver. Et si vous vous protégez beaucoup, ils reviendront à six avec des fusils d’assaut. On peut mettre en place tout ce qu‘on veut, on a toujours un temps de retard.»

«Il y a quelque chose d’insupportable à voir détruire le fruit de son travail en quelques minutes.»

*Le nom a été modifié.


Assurances: des contrats sur mesure

Comment les assureurs helvétiques jaugent-ils l’état actuel des menaces qui pèsent sur les professionnels de l’horlogerie? «Ces dernières années, nous avons constaté un léger recul des effractions et des agressions qui touchent le secteur de l’horlogerie, dit Simona Altwegg, porte-parole d’Axa Suisse. Nous estimons que cette baisse est à mettre sur le compte des mesures prises par la police pour lutter contre les bandes organisées. Toutefois, nous notons qu’il y a régulièrement des périodes où les effractions et les agressions repartent à la hausse.»

«Au vu du risque assuré, il n’existe pas de solutions standard dans ce domaine», dit pour sa part Jonas Grossniklaus, responsable des relations avec les médias pour le groupe Helvetia. L’entreprise couvre les professionnels de l’industrie horlogère comme ceux des autres branches avec des contrats classiques contre le détroussement ou le vol par effraction.

Comme tous les assureurs, Helvetia exige cependant des mesures de sécurité spécifiques de la part des entreprises, examinées au cas par cas. Avec des exigences souvent draconiennes: «Pour que nous puissions proposer un contrat adapté, différentes mesures de protection doivent être mises en place comme des coffres-forts blindés ou des caisses spécifiques», précise Simona Altwegg d’Axa Suisse. Mais les demandes peuvent aller plus loin: «Certaines mesures concernent l’architecture du magasin, comme le renforcement de la résistance des fenêtres, des portes et des vitrines. D’autres touchent à la mise en place de systèmes d’alarmes et de sécurités électriques sélectionnés et reconnus par nos soins.»

Des solutions certes coûteuses mais indispensables pour pouvoir bénéficier d’une couverture adaptée, se défendent les assureurs. «Lorsque nous conseillons les entreprises, nous cherchons à leur offrir la meilleure couverture possible sans pour autant leur générer de frais inutiles. Nous les invitons donc à demander des offres auprès de différents prestataires, offres que nous évaluons en fonction de leur rapport coût/utilité», explique Simona Altwegg, qui précise qu’Axa dispense aussi à ses clients des formations destinées à leur permettre de mieux réagir en cas d’incident. Reste que les assurances ne sont pas les seules à faire des calculs: certains détaillants de grandes villes européennes – Lyon, Paris, Barcelone – ont préféré fermer boutique et passer à la vente en ligne plutôt que d’engager des dépenses jugées prohibitives. La Suisse semble encore épargnée par ce phénomène.

Certains détaillants de grandes villes européennes – Lyon, Paris, Barcelone – ont préféré fermer boutique et passer à la vente en ligne plutôt que d’engager des dépenses jugées prohibitives. La Suisse semble encore épargnée par ce phénomène.

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