a très renommée Ecole d’Horlogerie de Genève fêtera son bicentenaire en 2024. Fondé en 1824, l’établissement est le plus ancien du genre en Suisse. Raphaël Hatem, Community Manager chez Job Watch, le site d’emploi spécialisé dans l’horlogerie et la microtechnique, a récemment rencontré Pierre Amstutz, directeur de l’Ecole d’Horlogerie de Genève, pour une interview exclusive.

Un échange explorant notamment les méthodes de formation utilisées pour préparer la prochaine génération de professionnels de l’horlogerie, la situation de l’emploi dans l’industrie et le rôle joué par l’école sur le marché.

Raphaël Hatem: Quels types de formations proposez-vous aujourd’hui à vos étudiants?

Pierre Amstutz: Notre établissement propose des formations à plein temps et en alternance (ou «duales»). Les formations à plein temps offrent un enseignement théorique et pratique complet au sein de notre établissement, tandis que les formations duales permettent aux étudiants d’acquérir une expérience pratique, en travaillant dans une entreprise tout en suivant les cours théoriques à l’école. Dans les deux cas, les étudiants passeront le même examen en fin d’année et obtiendront la même certification, qu’il s’agisse d’une Attestation Fédérale Professionnelle (AFP) ou d’un CFC. S’ils souhaitent continuer leurs études, ils ont la possibilité d’intégrer la formation de technicien ES pendant deux années supplémentaires.

Nous proposons sept certifications différentes: micromécanicien, horloger de production, horloger, qualiticien, technicien, polisseur de terminaison en habillage horloger et opérateur.

Pierre Amstutz, directeur général de l’Ecole d’Horlogerie de Genève

Quels sont les aspects les plus importants que vous souhaitez leur transmettre?

Notre priorité est de donner à nos étudiants les compétences nécessaires pour exceller dans leur domaine et devenir des professionnels performants. Nous sommes déterminés à les préparer au mieux pour le monde du travail et à les rendre employables, en leur offrant une formation pertinente et adaptée aux besoins des entreprises. Mais notre engagement ne s’arrête pas là. Nous souhaitons que les élèves aient du plaisir dans leur formation et qu’ils découvrent de nouvelles choses, qui changent un peu de l’enseignement «standard» qu’ils ont eu auparavant.

À l’approche du bicentenaire de votre école, comment envisagez-vous de célébrer cet événement important?

Pour le bicentenaire de l’école, nous avons prévu d’écrire un livre retraçant son histoire sur 200 ans et sa place dans la cité. Nous organiserons également plusieurs célébrations entre 2024 et 2025, à commencer par une exposition «L’horloger d’hier et aujourd’hui» dans notre nouvelle école. De plus, nous allons évidemment fêter cet événement majeur pour l’école.

Finalement, pour rentrer dans notre troisième siècle d’existence, trois projets sont en cours et seront présentés à cette occasion. Le premier consiste à ajouter une phase de lune sur la montre école actuelle, en collaboration avec la maison Chopard. Le second est la réalisation d’une nouvelle montre «Identité et Design» sous le patronage d’Eric Giroud destinée aux horlogers de production. Et pour terminer, le lancement d’un projet visant au renforcement de la cohésion des acteurs de l’école et à une sensibilisation au développement durable.

De quelle manière votre école travaille-t-elle pour remédier à la pénurie actuelle d’horlogers?

Pour répondre aux besoins actuels du marché, une nouvelle école sera créée l’an prochain à Plan-les-Ouates, un lieu idéal pour l’horlogerie. La proximité des entreprises facilitera l’interaction entre les étudiants et l’industrie. Le nouveau projet permettra de former les élèves dans des conditions extrêmement favorables et de changer la pédagogie actuelle. Ils travailleront en binômes par double degré, sous l’accompagnement de deux enseignants, favorisant à nouveau la cohésion du groupe.

En quoi votre école se distingue-t-elle d’autres établissements?

Auparavant, les écoles d’horlogerie étaient en compétition en Suisse, mais une association a été créée pour regrouper tous les directeurs d’écoles et collaborer efficacement. Ainsi, notre démarche actuelle est axée sur la coopération. Les nouveaux cours sont élaborés par les enseignants de l’ensemble des écoles d’horlogerie. Par exemple, pour un cours portant sur la connaissance des complications, des enseignants de l’école de la Vallée de Joux, de Porrentruy, de Bienne, de Granges, de Genève ou de Neuchâtel pourront travailler ensemble. Nous mettons en avant nos compétences mutuelles.

La réalisation d’une montre école est une signature historique de l’établissement.

Aidez-vous concrètement vos étudiants à trouver un emploi après leur formation?

Nous travaillons avec des entreprises de placement pendant la formation pour préparer les élèves à leur entrée dans la vie professionnelle. Nous utilisons des scénarios, tels que des jeux de rôle, pour simuler des candidatures et sensibiliser les élèves à l’importance de leur présentation. Les recruteurs sélectionnent ensuite les candidatures en décidant celles qu’ils retiennent ou non. Notre rôle est donc d’accompagner les élèves tout au long de leur formation et de faciliter les échanges avec les entreprises. Cette méthode est plus efficace qu’une simple présentation PowerPoint!

Avez-vous un dernier message que vous souhaiteriez transmettre?

En 2024, nous célébrons notre bicentenaire et notre école d’horlogerie sera ouverte au public. Vous pourrez découvrir notre exposition qui vous fera découvrir les métiers fabuleux de l’horlogerie. Nous vous invitons à profiter de cette année 2024 pour venir nous rendre visite et découvrir ces métiers passionnants!