ertains ont des noms aussi high-tech que leurs composés: Neoralithe, Superlite X, Super-Myrox, Ceralume, Carbonium, Ceramos ou encore Elux. D’autres tablent plutôt sur la poésie, comme le saphir bleu aqua, le violet Purple Rain ou la poudre de diamant…

En commun, tous ces matériaux développés ou réinventés ces dernières années (qui font l’objet d’un dossier détaillé dans notre numéro 5/24) démontrent que l’horlogerie est loin de se contenter de rééditions vintage. Alors que cette vague-là semble reculer quelque peu, la R&D la plus futuriste est remise au centre du jeu. Tant mieux!

La période est à l’incertitude financière mais les laboratoires fonctionnent selon un autre horizon que celui des acteurs cotés en Bourse: le court terme des premiers est le long terme des seconds… Et une grande partie de l’innovation se joue du côté des fournisseurs, à nouveau sous pression, et qui doivent justement continuer à innover s’ils entendent survivre, malgré leur rôle de «valve de décompression» ou de variable ajustable dans les tableurs des marques.

Certes, on verra plusieurs marques adopter la traditionnelle posture de l’autruche, paniquant, réduisant tous leurs investissements en R&D et marketing, sabotant les contrats qui les lient à leurs partenaires et fournisseurs, avec une «petite» vision de court terme – et par là même, laissant lentement mais sûrement s’éroder leurs parts de marché au profit d’acteurs soit plus établis soit plus astucieux et moins timorés.

Alors que les premiers se replient sur eux-mêmes, d’autres ne craignent pas de faire parler d’eux, pour les meilleures raisons. 63? C’est le nombre de complications équipant la montre Les Cabinotiers – The Berkley Grand Complication de Vacheron Constantin. Avec ses 2’877 composants, un modèle à l’ambition universelle conçu dans un déluge d’ingéniosité dont il faut lire l’inventaire par Pierre Maillard. Pas moins de 11 ans ont été nécessaires à trois maîtres-horlogers pour parvenir à ce résultat. Un autre horizon, on vous disait.

La voir en couverture de ce numéro, c’est comme prendre part à une ligne de l’histoire de l’horlogerie qui s’écrit sous nos yeux. Une ligne qui n’est pas affectée par le toussotement financier actuel, mais qui est composée pour une forme d’éternité.