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«Girard-Perregaux n’a pas besoin d’être réinventée mais révélée»

novembre 2025


«Girard-Perregaux n'a pas besoin d'être réinventée mais révélée»

Donner à la manufacture fondée par Jean-François Bautte la lumière qu’elle mérite: la feuille de route de Marc-Michel Amaury, arrivé à la tête de Girard-Perregaux cette année et au bénéfice d’une longue expérience dans l’industrie horlogère, est à la fois terriblement simple sur le papier et d’une grande complexité dans le monde ultra-concurrentiel de la Haute Horlogerie. La marque chérie des connaisseurs ne manque cependant pas d’arguments et, pour les 50 ans de la Laureato, présente de séduisantes interprétations de son modèle-phare, qu’elle marie même à une autre de ses créations emblématiques, les «Trois-Ponts».

«J

e pensais connaître Girard-Perregaux, confie d’emblée Marc-Michel Amaury lorsque nous nous rencontrons à Genève. Mais ce que j’ai découvert dans la manufacture a dépassé mes attentes. Je ne parle pas que de patrimoine, mais de capacité d’innovation et de disruption. Et je pense que c’est ce sentiment que nous devons partager hors de nos murs.»

Après huit années passées chez Richemont, notamment comme Chief Commercial Officer d’IWC, ce passionné de haute horlogerie et homme de culture (il est également romancier) a repris la direction de Girard-Perregaux en février. C’est une année particulière pour la manufacture fondée en 1791, car 2025 marque le cinquantenaire de ce qui est devenu son emblème absolu, dans la vague du sport-chic horloger: la Laureato.

La nouvelle Girard-Perregaux Laureato Three Gold Bridge: quand la manufacture historique marie deux de ses modèles emblématiques. Deux versions de 41 mm sont proposées, l'une anniversaire limitée à 50 exemplaire avec lunette octogonale en or blanc, une autre avec lunette octogonale sertie de 32 diamants taille baguette.
La nouvelle Girard-Perregaux Laureato Three Gold Bridge: quand la manufacture historique marie deux de ses modèles emblématiques. Deux versions de 41 mm sont proposées, l’une anniversaire limitée à 50 exemplaire avec lunette octogonale en or blanc, une autre avec lunette octogonale sertie de 32 diamants taille baguette.

Le nouveau dirigeant, lui-même né à La Chaux-de-Fonds, aime prononcer un mot à propos de Girard-Perregaux: celui d’«intégrité». Il esquisse ici la partition pour une marque qui s’adresse à celles et ceux qui sont plus sensibles à la substance qu’au statut.

Europa Star: Vous avez pris la direction de Girard-Perregaux en février dernier. Qu’est-ce qui vous a convaincu de rejoindre cette maison?

Marc-Michel Amaury: C’est d’abord une histoire de lien personnel, puisque je connais Patrick Pruniaux [le CEO de Sowind Group] depuis longtemps, et lorsque cette opportunité s’est présentée, cela m’a semblé évident. C’est un projet qui a un sens profond pour moi. Girard-Perregaux, c’est une maison née à La Chaux-de-Fonds, avec un raffinement qui m’a toujours touché. Je me souviens encore: pour mes quarante ans, la seule montre que je me suis offerte, c’était une Girard-Perregaux. Aujourd’hui, c’est un privilège de pouvoir contribuer à écrire un nouveau chapitre de son histoire.

La Laureato Three Gold Bridges est équipée du nouveau calibre maison GP9620 avec des surfaces sablées, circulaires et satinées droites, et pas moins de 418 angles polis à la main, dont 362 angles rentrants.
La Laureato Three Gold Bridges est équipée du nouveau calibre maison GP9620 avec des surfaces sablées, circulaires et satinées droites, et pas moins de 418 angles polis à la main, dont 362 angles rentrants.

A votre arrivée, qu’avez-vous identifié comme forces et faiblesses de la marque?

Les collectionneurs le disent tous: Girard-Perregaux est l’une des grandes maisons de haute horlogerie, mais elle reste souvent sous-estimée. Je n’ai jamais rencontré un passionné qui ait dit un mot négatif à son égard! C’est une marque qui suscite un love capital, un capital sympathie, exceptionnel. Elle a toujours fait les choses différemment, avec innovation, disruption, mais aussi constance et sincérité.

Mon rôle n’est ainsi pas de «repositionner» Girard-Perregaux, mais de la révéler à sa juste valeur, de rappeler les faits, d’assumer son intégrité. La valeur d’une montre ne provient pas de la somme de budgets marketing, mais de la juste rencontre entre un mouvement, une esthétique et un message subtil.

Mouvement compact, le nouveau calibre GP4800 qui équipe la Laureato Fifty affiche un diamètre de 25,60 mm (111/2''') et une épaisseur de 4,28 mm. Il est doté d'un échappement en silicium, d'un balancier à inertie variable et d'une fonction stop seconde.
Mouvement compact, le nouveau calibre GP4800 qui équipe la Laureato Fifty affiche un diamètre de 25,60 mm (111/2’’’) et une épaisseur de 4,28 mm. Il est doté d’un échappement en silicium, d’un balancier à inertie variable et d’une fonction stop seconde.

Votre discours évoque un travail de fond sur le narratif de la marque. En quoi consiste-t-il?

Nous avons écrit de nouveaux textes, plus contextuels. En quelque sorte, Girard-Perregaux se met à nu: nous voulons montrer la richesse de notre histoire sans artifices. Lorsque Jean-François Bautte ouvre son atelier en 1791 à Genève, alors qu’il n’a même pas 20 ans, c’est la genèse de la «manufacture intégrée» qui démarre et se poursuit à ce jour, avec aujourd’hui plus de 30 calibres actifs et 80 brevets dans notre portfolio. Et bientôt, nous ouvrirons une nouvelle boutique à moins de 500 mètres du lieu où tout a commencé! Cette continuité géographique est symbolique de ce fil invisible qui nous relie à nos origines.

Depuis 1791, Girard-Perregaux crée ses propres mouvements et au cours de sa longue histoire, la manufacture a également fourni d’autres horlogers comme Hermès, Bvlgari, Audemars Piguet, Harry Winston, Cartier ou encore MB&F. La «manufacture intégrée», que ce soit pour notre marque comme pour d’autres, fonde notre identité.

Pour marquer le 50ème anniversaire de l'emblématique Laureato, Girard-Perregaux a dévoilé la Laureato Fifty, une édition limitée à 200 exemplaires, dans un diamètre de 39 mm et animée par le calibre maison GP4800.
Pour marquer le 50ème anniversaire de l’emblématique Laureato, Girard-Perregaux a dévoilé la Laureato Fifty, une édition limitée à 200 exemplaires, dans un diamètre de 39 mm et animée par le calibre maison GP4800.

Vous parliez de ce capital sympathie, de cette intégrité, qui se reflète dans un travail de fond. Mais ne faut-il pas justement être «disruptif», voire taper du poing sur la table, pour exister aujourd’hui dans la haute horlogerie?

Je ne crois par à la disruption pour la disruption, pour faire du bruit. Oui, Girard-Perregaux peut aussi être polarisante: si vous achetez une montre pour le statut, ce n’est pas la bonne maison pour vous. Nos clients sont des connaisseurs, sensibles à la finition. Tout le monde parle aujourd’hui de quiet luxury: c’est exactement notre langage. Girard-Perregaux n’est pas ostentatoire, mais assumée.

Quelles sont vos priorités stratégiques pour la marque?

Incarner pleinement les codes de la très haute horlogerie et son exigence. Nous n’avons rien à envier aux grands noms, nous appartenons à cette ligue. Notre stratégie consiste à révéler ce que nous faisons déjà, en plaçant le mouvement au cœur. Le nouveau calibre GP4800 a été lancé en septembre; d’autres suivront, dont de grandes complications l’année prochaine. C’est le début d’un voyage qui place la mécanique au centre de tout.

Comme une sculpture mécanique, la Laureato Three Gold Bridges s'articule autour des trois ponts ajourés en or blanc qui constituent sa colonne vertébrale visuelle et fonctionnelle. Le pont supérieur fixe le barillet, sous lequel le micro-rotor en platine est ingénieusement positionné, le pont central soutient le train d'engrenages et le mécanisme, et le pont inférieur ancre le tourbillon.
Comme une sculpture mécanique, la Laureato Three Gold Bridges s’articule autour des trois ponts ajourés en or blanc qui constituent sa colonne vertébrale visuelle et fonctionnelle. Le pont supérieur fixe le barillet, sous lequel le micro-rotor en platine est ingénieusement positionné, le pont central soutient le train d’engrenages et le mécanisme, et le pont inférieur ancre le tourbillon.

Comment cela se traduit-il dans les nouveautés récentes?

Prenez la Laureato Fifty. C’est un concentré de tout ce que Girard-Perregaux fait de mieux: précision, architecture, esthétique, intégrité. Nous avons aussi retravaillé le calibre GP3300, lancé en 1998 et révisé en 2018. Et je suis particulièrement fier de la Laureato Three Gold Bridges en or blanc: un exercice de beauté horlogère absolue.

Aujourd’hui, on a parfois de la peine à classer Girard-Perregaux: fait-elle partie des grandes maisons historiques ou de la nouvelle scène indépendante?

Les deux! Nous sommes une maison historique, fondée sur l’intégrité et la précision, mais avec une liberté de ton proche des indépendants. Ce que j’aime, c’est cette tension entre héritage et modernité. Notre rôle n’est pas d’effacer l’histoire, mais de lui redonner du souffle. Girard-Perregaux n’a pas besoin d’être réinventée, elle a simplement besoin d’être révélée.

«Girard-Perregaux n'a pas besoin d'être réinventée mais révélée»

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