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EPHJ: «Les secteurs de la haute précision se mélangent»

SALON PROFESSIONNEL

juin 2019


EPHJ: «Les secteurs de la haute précision se mélangent»

Le salon EPHJ-EPMT-SMT ne se limite plus depuis longtemps à l’horlogerie. Aujourd’hui, l’événement entend encourager les transferts entre horlogerie, medtech et micromécanique. Son directeur Alexandre Catton donne quelques exemples concrets. Entretien.

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e salon EPHJ-EPMT-SMT existe depuis 2002. Il accueillait à l’époque exclusivement les fournisseurs de l’horlogerie. Par rapport à vos débuts, quel est le principal changement?

L’une des évolutions les plus intéressantes est qu’il devient de plus en plus difficile de cerner ou délimiter clairement des secteurs au sein du salon, tant les savoir-faire exposés ont des applications transversales. A une époque, l’industrie horlogère s’est servie de développements liés au secteur médical (plus particulièrement concernant certains matériaux) mais chacun restait «de son côté».

Aujourd’hui, les medtech ont recours aux savoir-faire de l’horlogerie et de la micromécanique. C’est toute la force de la haute précision qui se diversifie de plus en plus et ne se contente pas d’une seule application industrielle. Notre salon a été le premier et est aujourd’hui le seul à réunir toutes ces compétences de la haute précision sous un même toit et à encourager les synergies entre les différents secteurs. Nous avons anticipé cette tendance, y avons contribué et aujourd’hui, nous l’accompagnons.

«Il devient de plus en plus difficile de cerner ou délimiter clairement des secteurs au sein du salon, tant les savoir-faire exposés ont des applications transversales.»

Avez-vous des exemples de ces synergies ou transferts?

Le premier exemple qui me vient à l’esprit est celui de Positive Coating, le lauréat du Challenge Watch Medtech que nous avons lancé l’année dernière. Suite à l’accompagnement dont elle a bénéficié au travers du Challenge, l’entreprise propose désormais une application pour des outils dentaires liée à leurs technologies ALD et PVD originellement développées pour les revêtements de surface de pièces horlogères. Je pense également à la start-up Sy&Se et à son procédé de liaison ICB (Impulse Current Bonding) qui permet de sceller céramiques, verres et métaux sans colle ni soudure. Nous pouvons également mentionner l’entreprise Force Dimension, basée à Nyon, qui a donné une nouvelle application au retour haptique permettant de simuler les forces et résistances en fonction des mouvements dans les montres. Les premières applications de leur technologie étaient destinées à des robots chirurgicaux.

Alexandre Catton, directeur du salon EPHJ-EPMT-SMT
Alexandre Catton, directeur du salon EPHJ-EPMT-SMT

Vous organisez également chaque année un Grand Prix des Exposants.

Oui, la compétition sera rude cette année. Le salon est une opportunité unique pour découvrir, en peu de temps, un nombre d’innovations simplement stupéfiant. Parmi les dernières dont il m’a été donné d’entendre parler, il y a le système de déplacement à suspension magnétique X Planar de Beckhoff: sur une surface plane dont on peut définir l’inclinaison, des palettes magnétiques flottent pour se déplacer sur 6 axes linéaires ou rotatifs. Leur vitesse de déplacement peut atteindre 4m/s avec 2G d’accélération sans bruit ni usure. Il y a également celle de l’entreprise Meccad, nouvel exposant de cette année, qui a profité de son expertise dans les besoins de l’industrie microtechnique pour développer une activité de constructeur. Une servopresse électrique est ainsi en cours de développement, à destination des secteurs horlogers et médicaux. Elle pourrait autoriser le montage rapide et précis de composants horlogers. De sérieux candidats au Grand Prix à n’en pas douter.

«Positive Coating, le lauréat du Challenge Watch Medtech l’an dernier, propose désormais une application pour des outils dentaires de leurs technologies initialement développées pour l’horlogerie.»

Plusieurs salons horlogers sont aujourd’hui en pleine interrogation quant à leur futur. Vu la vaste reconfiguration en cours, n’avez-vous pas des craintes sur l’attraction exercée par votre propre salon?

Les salons auxquels vous faites référence sont avant tout des salons dont les produits présentés sont destinés au grand public. Les salons professionnels, comme le nôtre, sont clairement dans une autre dynamique. Nous avons cependant observé une mutation dans le mode de visite des salons. Si le volume d’affaires ne diminue pas, les professionnels qui se rendent sur les salons, en général, disposent de moins de temps pour les visiter et arrivent avec des objectifs plus concrets. En tant qu’organisateurs du salon, nous devons être attentifs à ces tendances et imaginer des solutions aussi bien pour les visiteurs que pour les exposants. Un salon doit être plus qu’un lieu d’exposition.

«Les salons professionnels, comme le nôtre, sont clairement dans une autre dynamique que ceux dont les produits présentés sont destinés au grand public.»

Quelles actions mettez-vous en place en ce sens?

Pour aider les exposants à se mettre en avant, le salon met son site internet à leur disposition pour communiquer leurs «news» tout au long de l’année. Ces informations sont relayées sur le réseau Linkedin du salon permettant aux visiteurs professionnels de mieux préparer leur visite. Le nombre d’abonnés à notre page Linkedin enregistre d’ailleurs une croissance soutenue. A notre façon, nous créons une vitrine qui permet de remplacer certaines rencontres fortuites par de l’information.

«Le salon accueille chaque année 20’000 visiteurs professionnels venus des 5 continents et plus de 800 exposants.»

En complément du quotidien du salon, nous créons cette année une newsletter qui sera diffusée à l’ensemble de notre réseau trois fois par an. Ce sont autant d’opportunités de communication que nous mettons à la disposition de nos exposants. Nous ne pouvons que leur recommander de nourrir ce flux d’information avec leurs projets, leurs innovations, leur actualité. Parler d’eux, se faire mieux connaître et lancer le bouche à oreille. Si le mode de visite a évolué, la rencontre phy- sique reste néanmoins essentielle. Avec 20’000 visiteurs professionnels venus des 5 continents et plus de 800 exposants chaque année, ce réseau a une réelle valeur, aussi bien pour les rencontres pendant le salon qu’entre deux éditions.