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«L’Académie représente l’universalité du GPHG»

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octobre 2023


«L'Académie représente l'universalité du GPHG»

Depuis son arrivée à la présidence de la fondation en 2018, Raymond Loretan, ancien diplomate aguerri, s’est donné pour mission de rénover l’organisation et d’étendre son influence et son prestige. Le point sur les évolutions en cours.

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uropa Star: Parmi les changements que vous avez initiés, la création de l’Académie du GPHG en 2020 a été une petite révolution. Depuis, elle ne cesse de grandir et est passée de 650 membres en 2022 à plus de 860 en 2023. En quoi est-ce important pour le GPHG?

Raymond Loretan: Nous avons créé l’Académie pour radicalement changer de paradigme au niveau de la sélection des montres qui participent au Grand Prix et du palmarès afin d’asseoir l’impartialité de l’organisation. Le système défini en 2020 confirme, année après année, que cela fonctionne. Le changement a été profond et j’ai le sentiment qu’il est très bien accueilli par l’industrie et le grand public. Nous voulons laisser grandir et mûrir l’Académie jusqu’en 2025 avant d’envisager une prochaine étape de développement.

Fixez-vous des limites à ce développement?

Nous visons les 1’000 membres pour 2025, mais ne fixons pas de limites à terme. Aujourd’hui nous nous attachons à la croissance qualitative de l’institution, tel le collège des jeunes de moins de 26 ans créé cette année. Nous verrons comment la transformation se poursuit par la suite, lorsque les académiciens seront tous bien «rodés». Dans l’étape 2025-2030, nous envisagerons une évolution de leur mission pour devenir encore davantage des ambassadeurs du GPHG. Notre Directrice générale Carine Maillard et moi-même veillons à ce que la réflexion sur les potentiels axes de développement reste en permanence à l’ordre du jour du Conseil de Fondation.

Raymond Loretan
Raymond Loretan

L’Académie est un aréopage aux profils très différents, venus de tous les horizons et de professions diverses. Comment définiriez-vous son rôle premier?

La création de l’Académie a permis de définir, en les incarnant, les principes fondateurs du nouveau GPHG, principes sur lesquels nous voulons bâtir l’avenir. En premier lieu, la neutralité et l’impartialité du Grand Prix, essentielle à sa légitimité et à son indépendance. Chaque académicien est libre de proposer les montres de son choix en vue des présélections dans les catégories définies. Les inscriptions formelles sont ensuite confirmées par l’accord des marques, qui reste une condition préalable pour rester dans la course. L’Académie vote ensuite pour choisir la présélection (les garde-temps qui poursuivront la compétition jusqu’au palmarès). Tout se fait de manière anonyme. La décision finale sur les lauréats se répartit entre le Jury et l’Académie, selon une pondération actuellement de 70% pour les 30 membres du jury et 30% pour les académiciens. Tous les membres du jury sont académiciens, la moitié est tirée au sort et les 15 autres membres sont désignés par le GPHG en accord avec le président du Jury, auxquels s’ajoute encore le gagnant de l’Aiguille d’Or de l’année précédente. Ce processus permet d’assurer un équilibre. Le déroulement des votes se fait entièrement à bulletin secret sous contrôle notarial.

Ensuite, l’Académie représente l’universalité du GPHG, qui garantit sa pertinence. Les membres proviennent effectivement de tous les horizons, de tous les pays, unis par leur passion pour l’horlogerie. Cela se reflète aussi dans la variété et les pays d’origine des marques en compétition. Enfin, le GPHG et l’Académie matérialisent la solidarité entre les acteurs de notre industrie. Le GPHG se veut fédérateur. Participer, c’est témoigner sa solidarité et son soutien envers toute l’industrie horlogère. A terme, cela devrait parler à toutes les marques, des plus prestigieuses aux plus modestes.

«L'Académie représente l'universalité du GPHG»

L’absence de très grands noms du secteur, qui étaient présents au début du GPHG, reste marquée. Comment comptez-vous les faire revenir?

Le moyen le plus simple est de créer une institution crédible, pertinente, fidèle à ses valeurs. Cela n’empêche pas le dialogue avec tous. Mais rendre cette institution incontournable montrera qu’une participation au GPHG est une évidence pour témoigner sa solidarité et la communauté de valeurs propre à cette branche. Le but est de convaincre par la qualité du produit GPHG.

Le rôle du GPHG ne se cantonne pas uniquement à la compétition elle-même. D’autres axes sont importants dans votre mission. Pouvez-vous nous en dire plus?

Bien sûr, la compétition est le moment phare, mais le GPHG a aussi vocation à éduquer. C’est un formidable véhicule de motivation et de promotion, en particulier pour les jeunes générations. Cela incite à découvrir, à entrer dans cette industrie, comme horlogers, collectionneurs ou créateurs. Cette mission commence à se concrétiser chaque année davantage. Nos expositions à travers le monde sont accompagnées d’experts qui guident les visites et expliquent les métiers, les savoir-faire et les techniques. Et nous approfondissons encore cela à Genève lors de l’exposition au Musée Rath avec des ateliers horlogers, des visites guidées, des conférences et une offre éducative pour les écoles à destination du jeune public de 10 à 16 ans. Enfin, nous souhaitons intégrer de plus en plus la notion de durabilité de l’horlogerie. Pour le moment, elle s’inscrit dans la catégorie Innovation, pour laquelle nous demandons aux académiciens et au jury d’inclure cette dimension dans leurs décisions.

Vous êtes principalement financé par les inscriptions des marques participantes et par des sponsors, que vous souhaitez trouver hors du secteur horloger. Comment cela se présente-t-il?

Concrètement, les inscriptions représentent la plus large partie de notre budget. Le soutien de la République et Canton de Genève, ainsi que la Ville de Genève, sont aussi importants pour nous, notamment pour la formation mais aussi pour notre reconnaissance d’intérêt public. Nous sommes toutefois toujours à la recherche de sponsors grands ou moyens. Les entreprises hors de l’industrie restent assez frileuses pour sponsoriser une industrie perçue comme «riche». Mais c’est un travail de conviction qui est essentiel pour garantir notre indépendance. L’occasion ici de rendre hommage et remercier notre fidèle partenaire principal FGP Swiss & Alps.

Outre à Genève, les montres présélectionnées sont exposées à Macao, Hong Kong, Kuala Lumpur et New York, ainsi qu’à la Dubai Watch Week et Zurich pour les lauréats. Ce tour porte-t-il ses fruits pour le rayonnement du GPHG?

C’est difficilement quantifiable, mais l’engouement est palpable. Nous le voyons dans l’intérêt et le soutien des marques, de plus en plus nombreuses, qui souhaitent participer. Mais nous le ressentons surtout dans l’intérêt croissant que nous témoigne le public, partout où passe le GPHG. Il en va de même pour le nombre de journalistes que nous rencontrons. C’est très encourageant. Maintenant, il nous faut stabiliser l’offre jusqu’en 2025. Nous verrons bien ensuite comment continuer le développement.

Ce tour du monde des montres présélectionnées pour le GPHG doit être un vrai casse-tête au niveau logistique et sécurité. Comment vous organisez-vous?

Le GPHG s’occupe du transport et de la sécurité. Sur place, nous avons des partenaires locaux qui prennent en charge la logistique et l’organisation des événements. Ce sont les mieux placés et les plus compétents dans les pays respectifs. Ce qui est notable, c’est l’augmentation des demandes que nous recevons pour organiser ces manifestations. C’est un excellent signe de l’accroissement du rayonnement de l’industrie.

LES MONTRES EN PRÉSÉLECTION

La 23e cérémonie de remise des prix du GPHG se tiendra le 9 novembre 2023 au Théâtre du Léman à Genève.

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