avier Rousset est «un enfant du pays» né à Besançon, petit-fils du fondateur de la société de cadrans Fraporlux créée en 1958 et rachetée depuis par un groupe suisse.
Conscient de l’importance du savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art le long de l’Arc jurassien, de Genève à Schaffhouse et de Bienne à Besançon, il poursuit sa culture horlogère de l’autre côté de la frontière, dans de grandes marques suisses. Mais cela ne suffit pas à le satisfaire. A 45 ans, il décide d’entamer un nouveau cursus en micromécanique pour, dit-il, «comprendre la conception et l’ingénierie d’une montre, la façon dont fonctionne un mouvement, un échappement».
Son diplôme d’ingénieur le mène à la réalisation du projet qui lui tient à cœur depuis longtemps: créer sa propre marque de montres. C’est au cadran qu’il entend donner une résonance particulière. Cette «partie face» de la montre est son point névralgique, scène de la matérialisation du séquençage du temps. Il le perçoit comme un chef d’œuvre, une «carte de visite» de l’artiste qui le conçoit et le réalise en maitrisant patience, minutie et technicité.
- Le modèle XRby Rose Saneuil avec boîte en saphir, représentant un quetzal
Xavier Rousset entend donner une tribune aux métiers d’art tels que la gravure, le sertissage, l’émaillage. Ainsi est né le concept XRby, officiellement lancé le 1er octobre 2020. Chaque chapitre se déclinera en collaboration avec un artiste qui exprimera son savoir-faire, ses secrets de métiers et techniques artisanales souvent transmises de génération en génération.
L’œuvre réalisée sera munie d’un mouvement automatique à micro-rotor manufacturé en Suisse, disposant d’une réserve de marche de 96 heures. Autre particularité: ces montres mécaniques et de métiers d’art suivent la tendance «verte». Pas d’inventaire: un site web est à disposition des acheteurs potentiels qui peuvent découvrir le design des modèles et en passer commande. Ne seront donc produits que les modèles achetés. «Rien de superflu ne sera prélevé dans la nature, qui ne soit pas nécessaire à la fabrication des pièces», souligne le créateur.
Le premier chapitre a vu le jour en décembre 2020. C’est avec une artisane en marqueterie, diplômée de l’Ecole Boulle et basée à Paris que Xavier Rousset a ouvert le bal: XRby Rose Saneuil. Le cadran est coiffé par une boîte en saphir et c’est un quetzal aux couleurs chatoyantes qui s’y détache. Cet oiseau, sacré dans la civilisation Maya, symbole de liberté, arbore un plumage resplendissant couleur émeraude et rubis.
Pour donner au cadran ces couleurs éclatantes, Rose Saneuil a tiré parti de matières aussi diverses que le bois, la paille de seigle, le parchemin animal, le cuir d’agneau, la nacre et les élytres de scarabées aux nuances inimitables. Au total 216 éléments et 14 matières ont été scannées en 3D pour réaliser des simulations optiques.
Pour chacune des collaborations, Xavier Rousset propose une série limitée de sept montres, à un prix démarrant à 18’000 euros HT pièce. Autre précision qui a son importance: toutes les montres sont et seront estampillées «Made in Jura Mountains», l’intégralité des 198 composants provenant du Massif du Jura.
Le chapitre suivant de cette aventure a été présenté en avril: XRby Sandrine Tessier, du nom de l’une des meilleures ouvrières de France dans l’art de l’émaillage qui signe la collection «Les Cathédrales» avec un cadran représentant la Rosace sud de Notre Dame de Paris.
Le 16 décembre dernier, l’UNESCO a inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité les savoir-faire de l’Arc Jurassien, consacrant ainsi le succès de la candidature franco-suisse déposée par Berne et Besançon. L’expertise cadranière de Xavier Rousset a légitimé sa participation aux séances de travail préliminaires consacrées à répertorier ces savoir-faire. Il en est convaincu: «Les deux versants du Jura, pour être de nationalités différentes, n’en sont pas moins habités par des personnes qui ont les mêmes envies et rencontrent les mêmes difficultés. Exceller dans le milieu horloger est une ambition partagée et la consécration de ce patrimoine commun est un beau label.»