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AU-DELÀ DE LA MINIATURISATION...

GREUBEL FORSEY MECHANICAL NANO

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mars 2017


AU-DELÀ DE LA MINIATURISATION...

Le nano est la prochaine frontière de l’horlogerie. Depuis quelques années déjà, des marques explorent cette piste prometteuse dans leurs centres de R&D. C’est le cas de Greubel Forsey qui, depuis dix ans au sein de son EWT Laboratory, oeuvre « dans le plus grand secret » à repousser les limites de la miniaturisation. Greubel Forsey vient de brûler la politesse à tous les autres en dévoilant au cours du dernier SIHH quelques unes de ses avancées théoriques et en faisant entrevoir une petite seconde foudroyante haute d’à peine un millimètre qui tourne follement… à l’intérieur du boîtier.

S

ur le papier, les avancées que permettrait l’approche nanométrique de l’horlogerie sont spectaculaires et augurent de profonds bouleversements. Qu’on en juge à ces avantages mis en avant par Greubel Forsey à la suite de leurs recherches fondamentales:

• Gain d’espace volumique allant jusqu’à 90% en plus de volume à disposition

• Gain en énergie avec une diminution de la consommation supérieure à 60 fois

• Simplification des mécanismes, jusqu’à trois fois moins de composants nécessaires (dans le prototype 2016)

• Inventivité renouvelée et nouvelles compositions générées.

Nano roue à propulsion fonctionnant grâce aux turbulences de l'air internes au mouvement.
Nano roue à propulsion fonctionnant grâce aux turbulences de l’air internes au mouvement.

De visu, on a déjà été autorisé à admirer à travers la loupe intégrée dans les flancs du boîtier la folle nano-aiguille foudroyante marquant les 8ème de seconde logée au cœur de la montre. Véritablement bluffant.

«Gagner à ce point en énergie et gagner en place nous ouvre des voies jusqu’à présent inédites», nous explique Stephen Forsey. «En économisant la consommation énergétique jusqu’à 60 fois, on parvient à des réserves de marche qui vont, à ce stade de nos recherches, jusqu’à 180 jours, avec un barillet de taille normale.

De plus, nous pouvons utiliser l’énergie produite par les turbulences de l’air interne, les «courants d’air» deviennent fonctionnels. Une roue à propulsion peut ainsi fonctionner avec une énergie de 20 nano-newton, soit 100’000 fois moins que l’énergie nécessaire à mouvoir un mobile d’échappement.»

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, travailler à l’échelle nanométrique (il y a un milliard de nanomètres dans un mètre) ne signifie pas du tout travailler avec les mêmes composants, en plus petits. Bien au-delà de ce qui serait une «reproduction» micrométrique, passer de l’échelle du dixième et du millième à celle du milliardième permet de repenser toute la distribution énergétique et spatiale d’un mouvement. L’espace ainsi dégagé – un espace considérable à l’échelle d’un mouvement de montre – permet d’envisager des fonctions inédites. Lesquelles, au juste? «C’est un espace qui s’ouvre, répond Stephen Forsey, et qui nous oblige à penser: que faire de ce volume? C’est une véritable Terra Incognita. Nous y avons déjà implanté un indicateur de fréquence mais après? Les perspectives créatives et fonctionnelles sont proprement inouïes.» Greubel Forsey dévoilera au cours de 2017 et 2018 l’évolution de ses recherches implémentées dans deux prototypes. Quant à la réalisation du premier garde-temps Mechanical Nano, elle est promise dans «un avenir proche».