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L’attraction spatiale de l’horlogerie

DE VISU AUX GENEVA WATCH DAYS

septembre 2020


L'attraction spatiale de l'horlogerie

On sait depuis que l’homme a essayé de mesurer le temps que ses lois procèdent du cosmos, nous viennent droit du ciel. Quoi donc de plus normal pour tout horloger que de se tourner vers l’espace et d’y puiser, au-delà des mesures qu’il impose, inspiration, profondeur, poésie et questions philosophiques. Une série de montres récemment dévoilées à Genève démontre que cette attraction spatiale n’a pas fini d’inspirer nos horlogers.

A

voir le nombre de pièces exceptionnelles présentées aux Geneva Watch Days ayant un rapport direct ou indirect avec l’espace, on a l’impression que le confinement a stimulé l’appétit astronomique des horlogers. Qu’ils puisent leur inspiration dans la science-fiction, proposent des mesures spatio-temporelles exprimées en kilomètres/heure, s’abîment dans la contemplation de la voute étoilée ou construisent de petits cosmos de poignet, le «spatial», sous toutes ses formes, reste une inspiration majeure pour ceux qui cherchent à repousser encore les frontières de la mécanique.

SCIENCE-FICTION

La Space Revolution de Louis Moinet

L'attraction spatiale de l'horlogerie

On savait Jean-Marie Schaller, patron de Louis Moinet - cet horloger astronome qu’on avait un peu oublié - fou d’espace, d’étoiles, d’astronautes, de météorites martiennes voire de fragments de T-Rex ou autres dinosaures fossilisés. Mais avec sa Space Revolution, il fait un pas de plus et démontre que son obsession spatio-temporelle peut le mener à créer des pièces horlogères à nulle autre pareilles.

Ainsi en va-t-il de ce double tourbillon volant en rotation constante, dont les cages sont en forme de satellites. Ils sont régulièrement survolés par deux vaisseaux spatiaux sortis tout droit d’un film de science-fiction qui se croisent et se superposent 18 fois par heure. L’astronef supérieur fait une révolution horaire en 5 minutes et l’astronef inférieur une révolution anti-horaire en 10 minutes.

L'attraction spatiale de l'horlogerie

L'attraction spatiale de l'horlogerie

Ces deux vaisseaux spatiaux pèsent chacun à peine 0.8 grammes, sont réalisés en titane puis mis en couleur avec une pose de «céramique hybride». Intercalé entre le cylindre et la glace saphir en forme de dôme, qui permet de contempler le ballet de côté, un rehaut flottant accentue la sensation de vide dans lequel orbitent satellites et vaisseaux spatiaux. Deux oscillateurs à mécanisme différentiel, six roulements à bille en céramique, soit au total 470 composants sont enchâssés dans un boîtier en or poli et satiné de 41 mm.

ESPACE-TEMPS

L’UR-100 d’Urwerk

L'attraction spatiale de l'horlogerie

On reste dans l’espace avec l’UR-100, «quatrième épisode de la saga intergalactique de la collection 100», comme l’explique Martin Frei, co-fondateur d’Urwerk, designer maison et grand fan de science-fiction.

Les adeptes du genre reconnaîtront l’inspiration venant tout droit de C-3PO, le droïde de Star Wars dont elle reprend jusqu’à l’or jaune au pâle éclat de sa carcasse. Ce fin boîtier à huit pans de longueurs irrégulières, partiellement cranté, est surmonté d’une bulle de saphir plane en son centre. L’heure s’affiche sur des satellites en rotation et les minutes sur un rail fixe arqué sur 120°.

Mais ce qui distingue tout particulièrement l’UR-100 est «le compteur kilométrique» qui figure sur ses flancs. Les kilomètres en question sont ceux, à 9h, qui indiquent les 555.55 kilomètres de rotation sur elle-même parcourus par la Terre en 20 minutes au niveau de l’équateur, et à 3h la vitesse de révolution de la Terre autour du soleil, soit 35’740 kilomètres toutes les 20 minutes.

L'attraction spatiale de l'horlogerie

L'attraction spatiale de l'horlogerie

Cet espace-temps spatial est pointé par l’aiguille rouge qui, après avoir indiqué le temps, disparaît pour se transformer en indicateur kilométrique. Une «complication» tout à fait inédite, à la fois poétique et philosophique - elle nous rappelle que même immobiles nous filons à toute vitesse dans l’espace - qui nous offre une tout autre façon de dire le temps, non plus en heure et minute mais en kilomètres sur nous-mêmes et autour du soleil.

CONTEMPLATION

La DB28XP Starry Sky de De Bethune

L'attraction spatiale de l'horlogerie

Pour les dix ans de sa DB28XP, De Bethune ne donne pas dans la science-fiction ni dans la mesure de l’espace-temps mais nous convoque à la contemplation d’un magnifique spectacle. Son cadran est un firmament bleu piqué d’étoiles. Réalisé pour la première fois en Microlight bleu, sa surface est rythmée par une multitude de microsillons qui jouent librement avec la lumière. Sur ce titane bleui sont chassées de petites goupilles d’or gris qui figurent autant d’étoiles comme en suspension sur cette voûte céleste (le client peut demander la constellation qu’il désire voir, selon une carte céleste précise à la date, heure et lieu de son choix).

L'attraction spatiale de l'horlogerie

L'attraction spatiale de l'horlogerie

Classique, ronde, extra-plate, avec sa couronne à 12h inspirée des montres de poche, la Starry Sky se love autour du poignet avec ses berceaux mobiles entièrement repensés. Un tour des heures argenté, une minuterie en chiffres arabes, des aiguilles en or rose dessinées spécifiquement pour cette montre en font un objet totalement épuré, à la fois absolument contemporain et proprement intemporel.

GLOBES

La Cosmos Infinity Edition de Girard-Perregaux

L'attraction spatiale de l'horlogerie

Le temps civil compte 24 heures; le temps sidéral, soit la mesure exacte du temps céleste, mesure 23 heures et 56 minutes. Pour rendre pleinement justice, avec la plus grande exactitude possible, à cette différence minime mais réelle (l’année bissextile est destinée à corriger l’accumulation de cette petite différence sur 4 ans), Girard-Perregaux a doté sa Cosmos Infinity de deux globes différents placés côte à côte au-dessus d’un tourbillon en titane grade 5 traité PVD noir.

A 3h, un globe terrestre qui tourne sur 360° en 24h indique le jour et la nuit de l’heure affichée. A 9h, un second globe qui tourne également sur 360° mais en 23 heures et 56 minutes affiche les constellations du zodiaque.

L'attraction spatiale de l'horlogerie

L'attraction spatiale de l'horlogerie

Les deux globes sont en onyx poli et décoré main par micropeinture d’or rose. Les éléments visibles du cadran sont également en onyx noir poli miroir - la matière qui domine toute la collection 2020 de Girard-Perregaux - et le mouvement est monté dans un boîtier en titane de 47 mm de diamètre.

Dépourvue de couronne de remontage pour d’évidentes raisons d’équilibre et de symétrie, elle est équipée d’un système de remontage et de réglage au dos, constitué de trois bélières gravées et remplies de céramique luminescente qui indiquent leur fonction respective.