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TISSOT, L’AUTOMATIQUE DU PEUPLE

SWISSMATIC

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octobre 2017


TISSOT, L'AUTOMATIQUE DU PEUPLE

Le calibre Swissmatic fourni par ETA à Tissot lui permet de franchir de nouveaux seuils de prix dans l’horlogerie mécanique. Sans sacrifier la qualité. Portrait d’un mouvement stratégique.

L

es chiffres sont confirmés verbalement. Tissot fabrique plus de quatre millions de montres par an, toutes Swiss made, et parmi elles, la moitié au moins est équipée de mouvements mécaniques. Au vu des tarifs que pratique la marque locloise depuis toujours, cela confirme sa vocation de démocratisation de l’horlogerie suisse. Elle s’apprête à se renforcer avec l’introduction d’un mouvement déjà utilisé par Swatch, fabriqué en Suisse, très économique et automatique, le Swissmatic.

Il permet à la marque d’offrir une sacrément bonne affaire. En effet, une montre de la gamme EveryTime équipée d’un calibre Swissmatic, d’un boîtier acier 316L, glace et fond saphir et bracelet en cuir, sera facturée juste sous les 400 francs. Dans un second temps, ce mouvement sera inclus dans d’autres gammes, certainement sportives.

Intelligence industrielle

Malgré ces ambitions, le Swissmatic ne lésine pas sur la prestation. Automatique, avec date, affichant une précision comprise entre -7 et +7 secondes par jour et jusqu’à 3 jours de marche, il fait bien mieux que ses concurrents directs produits par les japonais Miyota (filiale de Citizen) et Seiko. On retrouve là une habitude de Tissot, qui propose déjà à petit prix le mouvement Powermatic 80, un automatique à 80 heures de marche.

Ces propositions reposent sur l’appartenance de Tissot au puissant système de fabrication industrielle qu’est le Swatch Group. «C’est une chance pour Tissot d’appartenir au Swatch Group. Cela nous donne un accès spécial à ETA et à l’outil de modernisation industrielle qui a été mis en place pour la Swatch», déclare François Thiébaud, directeur général des montres Tissot. En effet, le Swissmatic est une légère évolution du mouvement qui a tant fait parler de lui quand a été présentée la Swatch Sistem51, l’ETA C10.111.

Conception industrielle

Comme lui, il est assemblé dans une usine ETA de Boncourt, dans le Jura, en salle demi-blanche, sur une ligne de production entièrement automatisée. Comme lui, il est soudé et riveté, et ne comporte qu’une seule vis. Comme lui, son organe réglant ne comporte pas de régulateur mais est ajusté à coups de laser, qui modifient le comportement du balancier pour atteindre des résultats chronométriques standards. Comme lui, il est principalement fait d’ARCAP, un laiton hautement usinable, et de plastique.

Ancre et roue d’ancre, ponts, Tissot utilise déjà plusieurs calibres ETA dotés de pièces mobiles critiques en matières synthétiques. Cette quête, l’institution locloise l’avait initiée dès les années 1970 avec le lancement de montres tout en plastique, alors matériau du futur, nommées Idea 2001 et Astrolon.

Mais le Swissmatic diffère de son homologue. Sa masse oscillante est en métal, soleillée et gravée. Plus lourde, elle peut se permettre d’être plus petite. Le disque de date n’est pas en plastique et son barillet est semi-ouvert. Enfin, ses surfaces planes seront sobrement noires, à l’inverse des jeux de couleur typiques de Swatch. «L’apparence du mouvement sera traditionnelle. Y mettre de la couleur, ce n’est pas notre ADN», explique François Thiébaud. Son aspect est tel qu’il sera impossible de confondre le dos d’une Tissot et d’une Sistem51.

Puissance industrielle

Cette adoption est d’importance, pour Tissot et pour l’industrie horlogère. Pour la marque locloise, elle permet d’ouvrir un nouveau front sur le marché de la montre mécanique à bas prix, sans rogner sur les prestations, tout en affichant une origine Swiss made. Le prix élevé de ce label est largement lié au coût de la main d’œuvre, facteur amorti ici par l’automatisation.

Pour l’industrie horlogère en général, l’arrivée de ce mouvement dans une marque qui n’est pas connotée jetable comme Swatch prouve que les méthodes d’industrialisation nouvelles du Swatch Group sont un succès. Et qu’elles montent en puissance. Car la ligne d’assemblage mise en place à Boncourt est désormais capable de satisfaire deux acteurs gourmands, dont les besoins se chiffrent en centaines de milliers d’unités par an.

Avec ces volumes et à ces prix, le produit fini ne peut souffrir de défaut. C’est une chose que d’équiper des Swatch avec un calibre mécanique, aussi malin et avancé soit-il: une Swatch Sistem51 ne s’ouvre pas et donc, ne se répare pas, comme l’a prouvé Europa Star dans son article, «Désosser la Sistem51». Elle s’échange. C’en est une autre de le loger dans une marque qui revendique la longévité. Une Tissot est construite de manière classique. Elle doit donner accès à ses organes internes sans difficulté, ni cicatrice. «Les montres avec un Swissmatic reflètent le savoir- faire suisse. Elles seront toujours réparables», confirme François Thiébaud.

Volumes industriels

D’autre part, la preuve est faite, s’il en était encore besoin, que l’horlogerie suisse n’est pas que traditionnelle. Que les méthodes de fabrication de calibres à quartz sont transposables au mouvement mécanique. Qu’il existe une alternative au réglage à la main. Bref, que la vision que la montre suisse a d’elle-même, ancrée dans la perpétuation, le paysage de montagne et l’emploi qualifié relève de la carte postale. Même le bastion de qualité et d’image qu’est le mouvement mécanique est entré dans ce que le Swatch Group qualifie d’ «industrie 4.0».

Une montre de la gamme EveryTime équipée d’un calibre Swissmatic, d’un boîtier acier 316L, glace et fond saphir et bracelet en cuir, sera facturée juste sous les 400 francs.

A la clé, une perspective nouvelle pour la montre, mais déjà omniprésente dans d’autres industries, comme l’automobile. «La voiture que j’ai achetée l’année dernière était 30% moins chère que celle, équivalente, que j’ai achetée il y a 10 ans. Elle est plus performante et mieux équipée. L’industrie automobile utilise des plate-formes communes, modulaires. Cela augmente la qualité, la performance, l’autonomie et cela baisse les prix, comme chez Tissot», conclut François Thiébaud. En parallèle, la marque prévoit une campagne de lancement internationale d’envergure, à la hauteur de ses ambitions pour ce mouvement. Car la clé de voûte de l’édifice Tissot reste le volume, le volume, et toujours le volume.

Qu’y-t-il à l’intérieur de la Tissot Swissmatic?

Pour tout découvrir de ses entrailles, nous l’avons ouverte et démontée. A voir ici!