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Eberhard & Co.: «Priorité aux événements locaux»

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août 2018


Eberhard & Co.: «Priorité aux événements locaux»

Avec 400 points de vente dans le monde et 16’000 montres produites par an, la maison horlogère suisse à l’esprit italien, mécanique et automobile, incarne par excellence les tribulations d’une vaillante marque indépendante. Très ancrée sur les marchés européens, elle a pris une décision forte cette année, en ne venant plus à Baselworld après plusieurs décennies de fidélité à la foire. Le point avec son directeur Mario Peserico.

On parle beaucoup de marques ayant quitté Baselworld cette année. Vous êtes l’une de celles-ci, alors que vous figuriez parmi les plus anciens exposants. Qu’y gagnez-vous?

Un montant appréciable, plus d’un million de francs, que nous pouvons allouer différemment, de manière localisée et ciblée, tout au long de l’année. Nous organisons des événements locaux sur nos marchés-clé, qu’il s’agisse de rencontres individuelles avec la presse ou des détaillants. Nous avons la liberté d’organiser notre propre agenda – par exemple en organisant des séances sur le thème «online-offline» pour nos détaillants ou des formations sur les réseaux sociaux. Nous participons aussi à des foires locales, comme CoutureTime aux Etats-Unis. A titre comparatif, sur deux jours d’événement en Italie, nous avons reçu 68 journalistes italiens, contre 38 seulement l’an dernier durant toute la foire de Bâle. Or, nous n’avons pas vu d’évolution dans la manière de communiquer de Baselworld...

Mario Peserico Eberhard, Directeur
Mario Peserico Eberhard, Directeur

Baselworld est néanmoins un événement global, qui dépasse de loin les marchés européens. Seul, pouvez-vous rivaliser en termes de force de frappe à l’international, notamment auprès des Asiatiques?

C’est juste. Notre profil très «européen» nous donne un avantage de ce point de vue, par rapport à une marque qui serait très exposée à l’Asie. Nous avons ouvert la Chine en mai dernier seulement. Durant les cinq dernières années, nous n’avions pas ouvert de nouveaux marchés ni de points de vente majeurs – nous étions plutôt dans une optique de consolidation. Outre la Chine, nous visons à présent une présence à Dubai. Quant au marché russe, je crois que tout le monde a un peu perdu espoir...

Quelle est votre stratégie par rapport au e-commerce?

Nous n’allons pas ouvrir notre propre plateforme. Nous soutenons celles de nos détaillants. Si nous ouvrons un jour notre site marchand, ce sera pour des pays où nous ne sommes actuellement pas présents, comme la Corée du Sud.

Longines, qui domine votre segment de prix, a récemment annoncé un partenariat avec la plateforme géante de e-commerce chinoise Tmall. Est-ce que vous y pensez aussi?

Des acteurs comme Alibaba ou Tmall drainent à notre sens trop de contrefaçons et de marché gris... De même pour Amazon.

On voit le style vintage partout. En tant que marque historique mécanique, liée à l’automobile, avec des codes chrono assez rétro, vous surfez sur cette vague?

Je crois que c’est important d’être conscient de son histoire et de s’en inspirer. Mais attention à ne pas s’enfermer dans le passéisme. Bien que nous ayons toujours maintenu l’image historique d’une partie de nos modèles, nous avons concentré nos activités sur le développement technique et esthétique – le modèle Chrono 4 en est un exemple –, qui est une composante essentielle de l’attractivité que les montres peuvent avoir sur le consommateur d’aujourd’hui. Car le vent peut vite tourner... Nous ne sommes pas la seule marque suisse ayant une longue tradition!

La baisse du tourisme d’achat a fortement touché vos marchés-clé en Europe ces trois dernières années. Comment se profile 2018?

Aujourd’hui, le marché n’est ni blanc ni noir. Il change de direction tous les mois, voire tous les jours. Par exemple en Italie, nous avons terminé 2017 sur une pente très positive, mais 2018 a très mal démarré sur ce marché – même si nous surperformons la moyenne des exportations suisses vers l’Italie. L’Espagne souffre également. De l’autre côté, nous enregistrons des développements intéressants au Japon, en Allemagne et même aux Etats-Unis, où la situation semblait jusqu’alors un peu figée. 2018, pour nous, c’est une année test, une année charnière