remière journée du SIHH, premières visites aux horlogers. Après quelques années difficiles, durant lesquelles l’horlogerie mécanique a semblé douter d’elle-même, la voici de retour, d’une humeur plus triomphante que jamais et fermement décidée semble-t-il à montrer de quel bois elle se chauffe. En l’occurrence, montrer de quoi sont faites ses complexes entrailles.

A la différence des «connectées» qui ont des pudeurs de jeunes-filles et cachent leurs circuits intimes derrière leur verre plat comme une morne plaine, les montres traditionnelles roulent des mécaniques et, tels des bodybuilders, tiennent absolument à montrer leurs muscles, leurs rouages, mécanismes, leviers, ressorts voire chaînes, câbles et autres accessoires.

Affirmation de soi

De quoi ces néo-squelettes sont-ils le symptôme? Cette mode de l’exhibition démonstrative des entrailles horlogères ne date pas d’aujourd’hui. Depuis le début du XXIème siècle, elle a accompagné la montée en complexité de l’horlogerie mécanique et a séduit nombre de marques. Avec la «crise», on pensait que l’horlogerie allait se replier sur des propositions plus sages et moins démonstratives en se cachant derrière de somptueux cadrans. Erreur!

Face à la menace de la connectée, elle a au contraire redoublé dans sa volonté de démontrer sa différence en faisant ouvertement état de ce dont elle est constituée: soit un savant agencement de pièces exclusivement mécaniques jouant de concert pour délivrer l’information qu’on leur demande.

Sublimer l’obsolescence

Au-delà de cette intention, les néo-squelettes se différencient par leurs audaces architecturales de leurs ancêtres qui n’étaient «que» des mouvements squelettés, c’est à dire des mouvements «normaux» ajourés.

Désormais, nombre de montres sont conçues dès le départ comme devant être des squelettes dépourvus de cadrans, ce qui est fort différent. Les néo-squelettes sont des manifestes à la fois stylistiques et techniques qui entendent affirmer la maîtrise de la marque et exprimer sa modernité envers et contre tout. Une façon aussi de montrer que son obsolescence technologique n’a aucune importance et qu’elle a une «âme» parce qu’elle a des rouages.

En ce premier jour du SIHH, voici trois premiers exemples (sur lesquels nous reviendrons plus en détail):

Romain Jerome RJ x SPIDER-MAN. «Une fois de plus RJ-Romain Jerome s’est associée à l’un des plus grands groupes de divertissement pour présenter une collection unique dédiée au plus agile des super héros, Spider-Man. Cette édition limitée à 75 pièces est présentée sur le boîtier Skylab, classique grâce à sa forme ronde encadrée de quatre cornes et réhaussé des quatre griffes distinctives de la marque. Ce boîtier noir de 48 mm révèle un mouvement squelette offrant une transparence accrue. Construit sur 3 niveaux, le squelette au design contemporain a été dessiné par RJ et se caractérise par des ponts rectilignes et anglés.»

Richard Mille, La RM 53-01 Pablo Mac Donough. «Telle une araignée au milieu de sa toile, la platine centrale repose sur 2 câbles d’acier tressés d’une épaisseur de 0,27mm de diamètre. Ces câbles, qui tissent une structure tridimensionnelle à travers 10 poulies, viennent s’arrimer aux 4 tendeurs. C’est l’horloger lui-même qui procède à la mise sous tension des câbles par rotation d’une vis spline au cœur de chaque tendeur. En assurant leur tension constante, ce système de poulies garantit un équilibre parfait de l’ensemble. Le mouvement suspendu et le titane grade 5 entrant dans sa composition (ponts et double platine) accroissent la rigidité tout en assurant un très bon fonctionnement du train d’engrenage et un amorti optimal des chocs. La RM 53-01 Pablo Mac Donough est une série limitée de 30 pièces en Carbone TPT®.»

Girard-Perregaux, Neo Tourbillon With Three Bridges Skeleton. «En dévoilant pour la première fois une version squelettée de son Neo Tourbillon Sous Trois Ponts, Girard-Perregaux se livre à un nouvel exercice d’architecture horlogère. Se jouant de la pesanteur, des masses et de l’opacité, le Neo Tourbillon With Three Bridges Skeleton affirme la pertinence du design, de l’horlogerie et du style Girard-Perregaux.»