La philosophie chinoise dit que «c’est le vide qui fait le vase». Ici, on pourrait dire que c’est l’absence qui fait la présence. Un cadran vide de toute signature, un espace intégralement libéré sur lequel tournent l’heure et la minute. Point. Circulez, il n’y a rien d’autre à voir. Et pourtant, non, on ne « circule » pas. On reste fasciné par cette pureté retrouvée. Ce n’est plus « une » montre, c’est LA montre, comme LA dessinerait un enfant: un cercle, deux aiguilles et basta. Encore faut-il savoir LA dessiner et LA fabriquer. En l’occurrence, elle l’est parfaitement, dans le moindre de ses détails, dans la subtilité de sa boîte, dans le dessin de ses cornes, dans l’élégance de ses aiguilles mais avant tout, dans la profonde subtilité de son vibrant coloris rehaussé par un verre fumé. Elle n’est pas signée, mais vous l’aurez reconnue immédiatement: c’est une H. Moser & Cie.

Ne serait-ce pas là la véritable « provocation » ourdie par Edouard Meylan? Oublions sa Swiss Icons Watch, car le véritable choix « iconique » est là, dans cette décision d’effacer tout élément non indispensable pour aller droit à l’essentiel. De viser à la pureté de l’expression horlogère qui n’a nul besoin d’être griffée pour s’exprimer de la façon la plus évidente. Et comme on le sait, faire simple n’est pas la plus simple des choses.

Mais le paradoxe de ces montres sans signature est que cette absence est précisément leur signature. C’est une affirmation qui est d’autant plus forte qu’elle procède par soustraction, par retrait. Posons-nous la question: apprécions-nous mieux un tableau après avoir vu sa signature? La signature nous rassure sur nous-mêmes et sur l’incertitude de nos goûts. Son absence nous laisse seuls face à l’objet, à la peinture ou à la montre. Et lui laisse donc tout le pouvoir de nous séduire par ses seules qualités.

Venturer Concept Blue Lagoon

Endeavour Tourbillon Concept

Endeavour Tourbillon Concept Steel

Endeavour Flying Hours