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Les vagues successives du néo-vintage

TENDANCES

octobre 2018


Les vagues successives du néo-vintage

L’horlogerie est un perpétuel recommencement et ce ne sont pas les seules aiguilles qui toujours repassent par le même endroit. Les styles et les tendances font aussi sans cesse leur « tour du cadran », viennent, s’en vont et reviennent. Baselworld a confirmé pleinement cet éternel retour. La tendance du vintage ne date pas d’hier, si l’on peut dire.

Prenez l’exemple d’Oris, la marque « citoyenne », comme elle aime à définir son «horlogerie sérieuse vendue à un prix qui fait sens». Oris vient de sortir ou de ressortir ou même de re-ressortir sa montre de pilote Big Crown Pointer Date. L’histoire de la Big Crown d’Oris remonte à 1938, date de sa première sortie. Elle a ensuite été un peu oubliée et elle est ressortie au début des années 1980 «pour bien signifier la mission d’Oris en champion des valeurs éternelles de la montre mécanique», déclarait la marque à l’époque. Elle a de nouveau été un peu oubliée et enfin, elle ressort à nouveau aujourd’hui, dans sa version Pointer Date, en acier voire en bronze (une très belle édition, ceci dit, avec un cadran vert pastel qui s’accorde parfaitement à la texture et à la couleur du bronze). Vintage une fois, vintage deux fois.

Les vagues successives du néo-vintage

Un feeling vintage

Si l’on met en avant cet exemple, c’est qu’à Baselworld, toutes les marques ou presque proposaient leur propre néo-vintage. Une véritable épidémie galopante qui confirme avec force le pouvoir d’attraction et d’influence qu’exerce le passé - souvent mythifié - sur tous ou presque.

Tudor a bâti - avec réussite - toute sa stratégie de renaissance sur le vintage et semble bien décidée à poursuivre dans cette voie. Mais après les montres sportives issues des années 40 et 50, Tudor propose aujourd’hui une montre de ville, élégante et classique, nommée Tudor 1926. Ce n’est pas à proprement parler une vintage qui reprendrait un modèle précis, mais un hommage composite à «l’héritage» de la marque. Ainsi, le cadran bombé donne-t-il déjà une touche vintage, mais qui plus est, il est décoré de fins motifs gaufrés «typiques des premiers temps de la production de Tudor», nous est-il expliqué. Afin de mieux souligner cet aspect vintage, la mention «historique» Rotor Self-Winding y a été apposée. Enfin, le bracelet métallique bicolore donne la touche finale. Au total, ce n’est pas à proprement dire une montre directement vintage mais une démonstration de l’utilisation de codes anciens, mélangeant les époques, pour aboutir à une montre certes contemporaine mais qui dégage un sentiment, un feeling vintage.

Les vagues successives du néo-vintage

Entre recréation et réinterprétation

Chez Seiko, on donne le choix au consommateur: veut-il une recréation parfaitement conforme à l’original ou préfère-t-il une réinterprétation? La grande marque japonaise a une longue histoire avec les montres de plongée. Deux modèles en particulier ont marqué son histoire, la Prospex de 1968 et celle de 1978. Afin de ne décevoir personne, Seiko offre le choix à son public en rééditant à l’identique et l’une et l’autre.

La Seiko Automatic Diver de 1968
La Seiko Automatic Diver de 1968

La reproduction en édition limitée dans la collection Prospex de Seiko
La reproduction en édition limitée dans la collection Prospex de Seiko

La première montre de plongée professionnelle quartz de Seiko en 1978
La première montre de plongée professionnelle quartz de Seiko en 1978

La recréation de la même montre
La recréation de la même montre

Mais la marque ne se contente pas de recréer ces deux modèles emblématiques, elle entend aussi les « célébrer » en les réinterprétant. Leur design « fait écho » au design original, mais le reconfigure à la sauce contemporaine. La nouvelle montre de plongée inspirée de la Prospex de 1968 arbore ainsi une lunette plus étroite en céramique de zircon, est taillée dans un acier recouvert d’un traitement particulièrement résistant, et arbore, en édition limitée de 1968 exemplaires, une couleur vert profond présentée comme un hommage à l’île de Yakushima, un « spot » de plongée renommé et un World Natural Heritage Site connu pour la luxuriance de ses forêts.

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Edition commémorative de la Prospex 1968. Une réinterprétation contemporaine

Opération identique menée avec la Prospex de 1978, elle aussi réinterprétée et proposée en édition limitée de 1978 exemplaires, comme il se doit. La grande différence, outre quelques détails de son design, est l’utilisation de Cermet sur l’extérieur de sa boîte. Ce matériau composite de céramique et de métal est huit fois plus dur que l’acier, est destiné à offrir une plus grande protection contre les chocs mais aussi permet à Seiko de proposer un fini particulier, couleur or violacé, « inspiré par la lumière magique des couchers de soleil sur l’océan », explique poétiquement la marque.

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Réinterprétation contemporaine du modèle Prospex 1978, édition limitée de 1978 exemplaires.

« Créer une icône »

Fondée en 1886, Mathey-Tissot, qui produit aujourd’hui environ 50’000 montres par an, s’est récemment souvenue que son patrimoine de plus de 130 ans renfermait des « trésors » qu’il était sans doute judicieux de ressortir pour mieux s’en inspirer. Constatant que sur e-Bay et autres plateformes de vente en ligne certains de ses modèles se négociaient fort bien et que l’air du temps était au retour des années 70 - une riche période pour la marque - elle a fait appel au designer Eric Giroud pour créer ou recréer une « icône » contemporaine. Dans les tiroirs de la marque, dormait ainsi une montre spéciale Elvis Presley qui servait de « All-Access aux intimes du King ».

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L’Elvis Presley originale de Mathey-Tissot

S’inspirant de cette redécouverte mais ne se contentant pas de simplement la redessiner, le très fin Eric Giroud a cherché à exprimer la « quintessence » du style Mathey-Tissot des seventies en recherchant avant tout l’élégance des formes au travers de leur simplicité.

Il en résulte une montre d’une grande sobriété, une trois aiguilles et date au boîtier en forme de doux et fin galet subtilement sablé mat, au toucher particulièrement agréable, protégé par une glace légèrement bombée, une couronne s’inscrivant dans une carrure qui se prolonge par d’élégantes cornes.

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Mathey-Tissot 1886

Les vagues successives du néo-vintage

Série limitée à 1886 pièces, la nouvelle « icône » de Mathey-Tissot se présente avec couleurs de cadran noir, vert fumé, rouge fumé, gris fumé bleu fumé et marron fumé, qui ajoutent encore une touche nostalgique à ces modèles motorisés en automatique - 1’500.- CHF hors taxe - ou quartz - 500.- CHF hors taxe. Des prix très assurément compétitifs pour cette montre néo-vintage assumée et parfaitement dessinée.

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