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Elie Bernheim, de la montre à la plume

PORTRAIT

juillet 2020


Elie Bernheim, de la montre à la plume

«Une vie à côté de l’horlogerie»: nous commençons cette série sur les facettes et passions méconnues de personnalités de l’industrie avec Elie Bernheim. Le directeur de Raymond Weil a publié son premier roman, Table pour trois à New York aux éditions Slatkine, rédigé lors d’un séjour prolongé dans la métropole américaine. Une intrigue qui mêle gastronomie, musique et amour, rédigée sous forme de journal intime croisé (chronologique, bien sûr).

C’

est une facette inattendue de leur patron qu’ont découvert les employés de la marque horlogère familiale genevoise Raymond Weil, en apprenant au printemps la parution d’un roman signé de la main d’Elie Bernheim. «En horlogerie comme dans n’importe quelle industrie, on a tendance à mettre les gens dans des cases, confie le tout récent quadragénaire. Je crois faire partie d’une génération qui a envie de tenter plusieurs activités simultanément et qui ne se limite pas à un seul rôle.»

Table pour trois à New York, un roman de 290 pages rédigé sous forme de croisement de journaux intimes, a été publié au printemps par la maison d’édition Slatkine. Elie Bernheim l’a rédigé lors d’une année passée dans la métropole américaine entre 2017 et 2018 – le marché américain constituant de longue date le débouché principal de Raymond Weil, devant le Royaume-Uni.

«Je crois faire partie d’une génération qui a envie de tenter plusieurs activités simultanément et qui ne se limite pas à un seul rôle.»

Le premier roman d'Elie Bernheim est rédigé sous la forme de carnets intimes qui livrent progressivement leurs secrets...
Le premier roman d’Elie Bernheim est rédigé sous la forme de carnets intimes qui livrent progressivement leurs secrets...

Un roman polyphonique

«J’ai joint l’utile à l’agréable», souligne l’horloger-romancier, qui n’a pas attendu le confinement du coronavirus pour donner du sens à son temps libre: «Entre tous les trajets en avion au-dessus de l’Atlantique et le rude hiver newyorkais, après avoir fini quelques films et quelques romans, j’avais envie de tenter une expérience nouvelle. Je griffonnais depuis tout petit mais sans aucune ambition jusque-là.»

Ce qui débute par un brouillon se transforme en récit cohérent: en six mois, le néophyte pose sa trame pour donner naissance à un roman polyphonique, qui se déroule entre Paris et New York. De retour à Genève, il transmet sa copie de manière anonyme aux éditions Slatkine. «J’ai hésité à l’envoyer, car c’était peut-être juste un coup de folie passagère! J’ai utilisé un pseudonyme, autant par peur d’un retour négatif que pour éviter que mon profil d’entrepreneur n’influence le jugement de l’éditeur.»

Elie Bernheim a mis beaucoup de lui-même dans ce «page-turner» qui se déroule entre Paris et New York.

Sans connaître l’identité de l’auteur, la maison dirigée par Yvan Slatkine se montre enthousiaste sur ce «page-turner» genevois qui se déroule au Nouveau Monde. Avec peut-être encore en tête le succès phénoménal rencontré dans cette même veine par un autre Genevois, Joël Dicker, aux éditions de Fallois. La percée de ce dernier aurait-elle d’ailleurs convaincu Elie Berheim d’oser se lancer? S’il dit vouer une «admiration sans bornes» à Joël Dicker, une influence plus importante serait plutôt à chercher du côté de Marc Lévy, au style à la fois léger et efficace.

Deux vocations sans limites

Elie Bernheim a surtout mis beaucoup de lui-même dans ses écrits: «Ce n’est pas une autobiographie, pas non plus une autofiction, mais bien un roman. En revanche, j’évoque des thèmes et des sujets qui me tiennent à cœur» souligne-t-il. De fait, ceux qui le connaissent relèveront plusieurs traits caractéristiques: le protagoniste principal de Table pour trois à New York, Gabriel Stern, a le même âge que l’auteur (il fête ses 40 ans, tout comme lui), c’est un chef talentueux (Elie Bernheim est passionné de gastronomie et a lancé plusieurs restaurants à Genève) et son épouse est une trompettiste accomplie (la musique est le thème d’inspiration privilégié de l’horlogerie de Raymond Weil et le directeur est lui-même violoncelliste).

Les méandres de l’amour familial, la judéité, le travail de deuil et la capacité de rédemption sont des composantes importantes du roman, qui bat à la mesure d’une métropole trépidante. On n’en dévoilera pas plus sur l’intrigue…

Les horlogers interrogent le concept du temps, les écrivains celui du sens. Elie Bernheim navigue entre deux vocations à l’imaginaire infini.

Un roman qui a également eu la particularité de sortir en pleine pandémie, une crise qui a mis l’horlogerie – et le monde – à l’arrêt, tout en poussant beaucoup, avec l’épreuve du confinement, à revisiter la notion du temps et du sens qu’ils donnent à leur existence. Ce travail de «réinvention» passe notamment par la littérature. Les horlogers interrogent le concept du temps, les écrivains celui du sens. Avec la publication de son premier roman, Elie Bernheim navigue entre deux vocations à l’imaginaire infini.

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