Artisanat


L’Upside Down, la toile parfaite pour PARVIS

octobre 2025


L'Upside Down, la toile parfaite pour PARVIS

Le modèle devenu légendaire de l’horloger indépendant Ludovic Ballouard va être interprété pour donner lieu à une pièce unique, très surprenante, réunissant de multiples compétences dans les métiers d’art. Le fruit, surtout, de la générosité d’un homme.

L

udovic Ballouard est un homme de cœur. Le rencontrer entraîne une discussion sincère, spontanée, franche, qui va à l’essentiel: l’humanité derrière l’horlogerie. Celle qui donne son sens à cet artisanat, cet art, qui a dépassé toute fonction utilitaire et peut se consacrer au sens profond du temps qui passe.

Le temps selon Ludovic Ballouard est porteur d’espoir: son modèle phare, Upside Down, lancé juste après la crise financière de 2008-2009, alors que tous les chiffres de la Bourse étaient à la baisse, indique l’heure par le seul chiffre à l’endroit sur le cadran. Tous les autres indices sont à l’envers, mais «un seul chiffre à l’endroit, cela suffit pour espérer!», comme l’horloger aime à dire.

Ludovic Ballouard
Ludovic Ballouard

C’est ce modèle, et sa complication à la fois ludique et puissante d’évocation, qui a naturellement été retenu dans le cadre du projet PARVIS et que l’horloger met généreusement à la disposition de l’initiative caritative, dont le fruit de la vente aux enchères par la maison Phillips en mai 2026 sera reversé à la Fondation Paint a Smile, qui colore les espaces des services, notamment pédiatriques, dans les hôpitaux.

«Nous nous connaissions déjà un peu mais c’est vraiment lors d’un déjeuner, avant même que l’on évoque l’idée de PARVIS, que j’ai découvert la personnalité originale et spontanée de Ludovic», explique Christophe Blandenier, à l’origine du projet caritatif. Nous l’avons ensuite contacté pour lui demander de participer officiellement à cette aventure et il a immédiatement accepté!» A condition, bien sûr, que son épouse Flavia, «sans qui rien ne se ferait» et «sans qui je donnerais tout à tout le monde», dixit Ludovic Ballouard, donne aussi son feu vert – ce qu’elle a fait à l’unisson!

 Le modèle Upside Down
Le modèle Upside Down

Ainsi l’aventure PARVIS peut-elle exprimer sa créativité sur un magnifique canevas, celui de l’Upside Down, un terrain de jeu incroyable et non conventionnel avec son mécanisme d’heure sautante instantanée. Iris Grondein et Léa Maniscalco, étudiantes de la HEAD-Genève, ravies de cette opportunité peu commune, ont conçu le design «INSPIRATION HOMARD» qui ornera le cadran de la montre «Métiers d’Art».

Iris Grondein et Léa Maniscalco
Iris Grondein et Léa Maniscalco

Une fois le concept posé et le design retenu, place à un dialogue étroit pour la fabrication du cadran entre Ludovic Ballouard et Christophe Blandenier, à la tête de ses ateliers spécialisés. Notre interview se transforme d’ailleurs peu à peu en séance de travail, car la production de ce cadran est loin d’être une mince affaire. Comme le précise Ludovic Ballouard:: «Jamais personne n’avait associé de l’émail Grand Feu à de la découpe laser pour les appairages dans le cadran.»

La base du cadran est en or, le fond en émail bleu, puis intervient la peinture miniature des rondelles de citron, sur une découpe laser très précise, au micron. Le design a été modifié pour placer la pince à la limite de la rondelle. Les homards sont conçus en or et gravés. II s’agit d’assembler tous ces composants en soudant les pieds sous le cadran. Point humoristique et distingué, le homard situé juste après 12h sur ce modèle de 41 mm arbore un élégant monocle lui-même muni d’une…glace saphir.

Le mouvement de l’Upside Down, qui présente une architecture singulière, a connu des améliorations esthétiques depuis son lancement en 2008, avec l’anglage et le polissage des composants. Mais les fondamentaux demeurent: PARVIS est d’abord un défi sur le cadran. Une nouvelle lunette a d’ailleurs été conçue pour laisser passer les disques des petites pinces des homards sans être ouverte en continu.

Quand est-il du prix estimé pour ce modèle? Une Upside Down «standard» est proposée 87’000 CHF, une version ornée d’une peinture miniature acrylique 130’000 CHF. Mais une pièce unique nécessitant un développement technique et artistique propre pour un seul exemplaire dépasse ce cadre. A noter, d’ailleurs, que sa boîte sera en platine.

«Plus je présente de modèles lors d’actions de ce type, plus on m’en demande, reprend Ludovic Ballouard. Offrir c’est aussi recevoir, avec une communauté qui suit tous mes travaux. Notre carnet de commandes est plein jusqu’à 2027.» Les Etats-Unis en particulier sont devenus un marché clé pour une marque qui est passée d’une produc-
tion de 36 pièces l’an dernier à 40 à 45 cette année.

«La demande connaît une croissance exponentielle. Toutes les années, on pense que c’est la dernière, mais on voit de plus en plus de gens se détourner des grandes marques. Difficile d’y revenir quand on a goûté aux indépendants. Cette année à Genève, j’ai vécu le meilleur salon de ma carrière. C’est un nouvel âge d’or de l’indépendance. On en revient à ce que faisaient les horlogers il y a 200 ou 300 ans: 
du sur-mesure.»

Un projet, surtout, mené main dans la main entre Ludovic Ballouard et Christophe Blandenier, avec l’efficacité et l’enthousiasme qui accompagne des développements «en prise directe». A taille humaine, aurait-on envie d’ajouter.

PARVIS: LE MAGAZINE

L'Upside Down, la toile parfaite pour PARVIS